Quatre mandats d’arrêt contre Belkecir pour corruption et haute trahison
Par Kamel M. – Le juge d’instruction près le Tribunal militaire de Blida a émis quatre mandats d’arrêt internationaux contre l’ancien commandant de la Gendarmerie nationale, Ghali Belkecir, dans trois affaires de corruption et une de haute trahison. L’information est rapportée par un quotidien arabophone algérien qui précise que plusieurs officiers ont été arrêtés dans le cadre de ces affaires.
Ces mandats d’arrêt internationaux coïncident avec les quatre autres que vient d’émettre le tribunal de Chéraga à l’encontre du chef de file du mouvement terroriste Rachad, Larbi Zitout, de l’ancien capitaine de la Direction générale de la prévention et de la sécurité (DGPS, ancêtre du DRS), Hichem Aboud, et de deux cyber-activistes réfugiés à Paris et à Alicante, dans une affaire liée à une entreprise terroriste.
En septembre 2020, le site Maghreb Intelligence révélait que Ghali Belkecir était entré en contact avec les services secrets turcs pour négocier son asile politique contre des données détaillées sur l’armée algérienne. Le site affirmait que l’ancien patron de la Gendarmerie nationale avait été approché par un homme d’affaires suisse qui l’a mis en contact avec des collaborateurs de Hakan Fidan, le patron du MIT, l’organisation nationale turque du renseignement.
Avant de quitter le territoire national, cet ex-officier véreux avait lancé une vague d’emprisonnements d’une ampleur jamais égalée en Algérie depuis l’indépendance, dans une guerre entre deux clans qui, quelques mois avant la déchéance de Bouteflika, saignaient le pays main dans la main. Il jouera un rôle central et finira par se rendre compte de l’opportunité que sa position lui offrait pour amasser une fortune en un temps record, transformant l’état-major de la gendarmerie en un lieu de brigandage et de déprédation, en s’éloignant complètement des nobles missions échues à cette institution qui tire sa force de sa double casquette militaire et judiciaire.
Ghali Belkecir, dont l’épouse, alors juge à Tipasa, était une des pièces maîtresses dans le modus operandi qu’il avait mis en place pour extorquer de l’argent aux hommes d’affaires qui gravitaient autour du cercle présidentiel et qui accaparaient l’essentiel des marchés publics grâce à leur connivence avec le frère cadet de l’ancien Président, a trouvé le filon en leur faisant du chantage. Ce qui lui a permis d’acquérir de nombreux biens à l’étranger, dont un appartement haut standing dans le très cossu XVIe arrondissement de Paris, le plus cher de la capitale, d’une valeur d’un million et demi d’euros, et enregistré au nom de ses filles.
Les aveux de l’ancien secrétaire particulier de Gaïd-Salah, Gharmit Benouira, dès son arrestation en Turquie et son rapatriement, ont permis le démantèlement d’une partie du vaste réseau mafieux dirigé par Ghali Belkecir dont nous avons appris, en janvier dernier, qu’il a payé des hommes de main pour «exécuter» un Algérien établi en France qui détient des dossiers compromettants le concernant et qui, donc, «en sait trop» sur lui.
K. M.
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