Liens avec Israël : Mokri dézingue Mohammed VI et chouchoute Erdogan
Par Nabil D. – Le chef de file du parti islamiste MSP s’est fait l’avocat du régime d’Erdogan en essayant de trouver un argument aux relations étroites qu’il entretient avec l’entité sioniste. Invité à donner son avis sur cette collusion entre Ankara et Tel-Aviv, Abderrazak Mokri a trouvé la parade en s’arc-boutant sur deux arguments, en réalité tirés par les cheveux et pleins de mauvaise foi.
Le patron du MSP a commencé par préparer le terrain à ce qui allait suivre, car sachant qu’il lui serait difficile de faire avaler la pilule aux Algériens sur cette question sensible. «La cause palestinienne est une question fondamentale et une ligne rouge», a-t-il dit, en affirmant qu’il était «disposé» à faire, y compris de ses parents et de ses proches des «ennemis» par fidélité à la Palestine et que, «si demain» son propre frère prenait fait et cause pour la normalisation, il en ferait également son «adversaire».
«Oui, mais les relations économiques entre la Turquie et Israël dépassent allègrement sept milliards de dollars par an», rétorque, d’un air sceptique, le journaliste qui l’interviewait. Abderrazak Mokri tente alors une esquive en faisant porter au Maroc un fardeau dont il allège la Turquie. «A ce sujet, je ne veux défendre qui que ce soit, les relations avec Israël sont à condamner même si celles-ci impliquent la Turquie. Mais il y a une grande différence entre celui qui hérite d’une trahison depuis soixante-dix ans – comme en Turquie où l’ambassade d’Israël existe depuis soixante-dix ans –, et qui œuvre à s’en défaire graduellement, et celui qui hérite de l’honneur du mouvement national de son pays et qui est utilisé pour normaliser graduellement. Il y a une immense différence», a-t-il argué, visiblement gêné. «Si la normalisation est rejetée de façon absolue, il faut [quand même] être juste», a-t-il renchéri, en joignant à sa justification bancale un argument coranique.
Réagissant à un article d’Algeriepatriotique qui relevait son retournement spectaculaire contre son idole, le président turc Recep Teyyip Erdogan, suite à la tentative de coup d’Etat de juillet 2016, le chef du MSP avait assuré qu’il demeurait «fidèle» à son gourou, soulignant que ses critiques, aussi vives soient-elles, n’enlevaient en rien à l’adoration qu’il vouait à l’autocrate turc, ni à l’allégeance qui le lie, lui et son parti, à l’AKP, principal représentant des Frères musulmans depuis la chute de cette confrérie en Egypte.
Sur sa page Facebook, Mokri écrivait : «Notre admiration pour l’expérience d’Erdogan est sans limites et notre dévouement pour lui restera inflexible, chose dont nous sommes fiers. Les reproches que nous avons formulés à son encontre au sujet de sa réaction disproportionnée contre les partisans du mouvement Hizmet, suite au sinistre coup d’Etat raté (…), ne sont que l’expression de notre souci et de notre crainte pour cette expérience.» S’en prenant à ses détracteurs, il affirmait : «N’en déplaise à ceux qui abhorrent Erdogan et son parti, pour les mêmes motifs que ceux ayant poussé les putschistes à tenter de le renverser et qui ont jubilé aux critiques fraternelles et conseils sincères que j’avais adressés à cet homme historique et exceptionnel, leur but n’est pas atteint !» «Erdogan a le droit de briser les reins au groupe de putschistes de sorte à anéantir ses effets négatifs sur lui, sur son projet et sur la Turquie en général», plaidait-il.
N. D.
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