Antar Daoud : «Des lobbies travaillent contre une entente entre Alger et Paris»
Par Kamel M. – L’ambassadeur d’Algérie en France a affirmé qu’«il y a des lobbies qui travaillent contre une entente cordiale entre l’Algérie et la France». «C’est une action qui consiste à contrecarrer tout effort de développement entre les deux pays», a-t-il expliqué dans un entretien à Canal Algérie. «Les relations entre les présidents algérien et français sont excellentes», a assuré Mohamed-Antar Daoud, en ajoutant qu’«aujourd’hui, l’Algérie et la France entament une nouvelle période». «Nous sommes certains d’un côté comme de l’autre, a-t-il dit, que des lendemains meilleurs nous attendent, que nous avons besoin de travailler ensemble, que nous avons besoin de nous comprendre.»
«J’ai toujours dit que la France et l’Algérie étaient non pas divisées mais unies par la Méditerranée, et il s’agit de faire de cette Méditerranée un lac de paix, un lac de stabilité, un lac de coopération entre l’Algérie et la France», a souligné l’ambassadeur, en précisant qu’«en fait, l’Algérie et la France sont deux pays dont les relations sont excellentes» et qu’«il nous appartient de les développer et de faire en sorte qu’elles soient à la dimension des relations qu’entretiennent nos deux chefs d’Etat».
«L’Algérie reste un pays incontournable aussi bien au Maghreb qu’en Afrique, elle a un poids politique qui est connu et reconnu», a poursuivi Mohamed-Antar Daoud. «L’Algérie, a-t-il enchaîné, a des principes en politique étrangère. Ces principes sont le droit à l’autodétermination des peuples, la non-interférence dans les affaires intérieures des autres Etats et le respect des frontières héritées au moment de l’indépendance.»
«Par conséquent, de par ses principes, l’Algérie dérange énormément», a poursuivi l’ambassadeur d’Algérie à Paris, en insistant sur le fait qu’elle «n’a jamais dévié de ses positions» et qu’«elle est restée fidèle à ses principes contenus dans la Déclaration du 1er Novembre 1954». «Nous avons nos principes et nous les réaffirmons devant toutes les instances internationales, nous ne le disons pas uniquement à la France qui est un pays ami», a-t-il renchéri.
L’ambassadeur d’Algérie en France a, par ailleurs, fait savoir qu’«il y a plus de quatre cents entreprises françaises en Algérie» et «une diaspora algérienne en France avec laquelle il faudra désormais compter car elle n’est plus celle qui est arrivée au début du siècle dernier».
Interrogé sur le travail de mémoire commandé par Tebboune et Macron, Mohamed-Antar Daoud a rappelé que l’Algérie a des «difficultés» à «prendre possession des archives promises» par le président français. «Il y a certaines résistances, parce qu’on ne peut pas avancer dans la rédaction d’un rapport si nous ne sommes pas en possession de toutes les archives, y compris des archives de souveraineté», a-t-il expliqué. Et d’insister : «A partir du moment où on décide de tourner une page, il faut qu’elle le soit pour de bon, il faut que le travail de mémoire se fasse avec toute l’honnêteté possible, avec la reconnaissance des faits». «Nous attendons une reconnaissance par l’Etat français de l’assassinat de Larbi Ben M’hidi», a encore dit l’ambassadeur selon lequel, «pour un pays, reconnaître ses torts le grandit».
«Nous devons développer nos relations avec la France sans faire fi de notre passé mémoriel, comme l’a affirmé le président Tebboune», a soutenu l’ambassadeur, pour lequel «il est inadmissible qu’un pays possédant près de quatre millions, sinon plus, de ressortissants en France ne puisse pas devenir une véritable force avec laquelle il faudra compter». «Même chez les Franco-Algériens, je suis sûr que la première goutte de sang est d’abord algérienne», a-t-il fait remarquer.
Mohamed-Antar Daoud a, enfin, annoncé un certain nombre de mesures à même de faciliter la vie aux Algériens en France, comme le transfert de l’agence Air Algérie de l’avenue de l’Opéra vers l’avenue d’Argentine où se trouve le siège qui abritait le consulat d’Algérie, ainsi que l’ouverture d’un bureau consulaire qui sera chargé du transfert des dépouilles et d’un un bureau d’assurances algérien pour la garantie obsèques, sous forme de guichet unique.
K. M.
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