Les Marocains appellent au boycott de la datte algérienne suite à l’affaire d’Al-Arja
Par Kamel M. – Une campagne pour le boycott des dattes algériennes fait rage sur les réseaux sociaux au Maroc. C’est Sputnik qui a relevé cet acharnement d’internautes marocains qui fait suite à la récente affaire de l’expulsion des paysans de la palmeraie algérienne d’Al-Arja. «La crispation grandissante entre le Maroc et l’Algérie se ressent aussi sur la Toile», a constaté le média russe francophone selon lequel il s’agit d’une «forme de contestation inédite». «Ces jours-ci, écrit-il, des appels au boycott des dattes algériennes pendant le Ramadhan pleuvent sur les réseaux sociaux.»
Le mouvement a démarré avec une simple publication anonyme sur Twitter le 30 mars dernier et s’est amplifié avec le début du mois sacré de Ramadhan, indique Sputnik qui reprend quelques-uns des messages postés sur les réseaux sociaux, des messages qui se comptent par «plusieurs centaines, chaque jour», sont «partagés à profusion» et «sont accompagnés d’illustrations de champs de palmiers dattiers marocains ou de photos de boîtes de dattes algériennes barrées d’une croix rouge», précise l’agence de presse russe. «Le flux est tel que ces [appels au boycott] se sont hissés parmi les tendances nationales sur les plateformes virtuelles dans le pays», ajoute-t-il.
«Le boycott des dattes algériennes est un devoir national pour tous les Marocains, les vrais, il faut que l’on encourage notre production locale», «chaque Marocain doit être solidaire avec ses frères meurtris de Figuig en boycottant à son tour les dattes algériennes, dans chaque ville, chaque village, à travers le royaume chérifien. Et que nos généreux marchands le sachent, notre devise est désormais : le Maroc d’abord, les cultivateurs marocains d’abord !» ont écrit des internautes marocains pendant que d’autres allèguent que les dattes algériennes seraient «radioactives» (sic).
Des Marocains affirment que les dattes algériennes «ne trouvent plus d’acteurs» et que nos voisins de l’Ouest ont désormais jeté leur dévolu sur la datte tunisienne. «A coup de [messages] incendiaires, les dattes algériennes se transforment, tout à coup, en symbole symptomatique de la franche hostilité entre les deux frères ennemis», note Sputnik.
A cette campagne anti-algérienne, des internautes algériens ont répliqué en mettant au défi les Marocains de «boycotter le carburant algérien» et «les produits de large consommation importés frauduleusement d’Algérie par les habitants des régions frontalières». Le 13 février dernier, des dizaines de Marocains ont tenté de traverser la frontière pour demander l’asile en Algérie. Ces derniers ont été empêchés par l’armée marocaine de se rendre en Algérie en grand nombre où ils comptaient s’installer pour fuir la misère qui les accable au Maroc.
Des milliers de Marocains vivent en Algérie de façon clandestine où ils travaillent dans le bâtiment, notamment. La présence de ces immigrés illégaux est néanmoins tolérée par les autorités qui ne procèdent à des extraditions que dans des cas exceptionnels.
Des Marocains ont, pour rappel, admis que les paysans expulsés d’Al-Arja «payent l’arrogance du Makhzen et de ses outils de propagande», en invitant les autorités marocaines à éviter de provoquer l’Algérie car les conséquences pour le Maroc seraient désastreuses.
K. M.
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