Distribution d’aides aux musulmans dans une synagogue : colère au Maroc
Par Kamel M. – Les images montrant une distribution d’aides alimentaires à des Marocains dans une synagogue ont suscité un vent de révolte au Maroc. Dans une vidéo tournée par les initiateurs de confession juive de cette démarche controversée, on voit des femmes se faisant remettre un couffin contenant des denrées alimentaires distribué par des Marocains de confession juive reconnaissables à leur kippa, à l’intérieur d’une synagogue, sous surveillance policière. Preuve que l’action a été organisée avec la bénédiction des autorités marocaines.
«La dignité des Marocains a été traînée dans la boue en exploitant leur pauvreté par ce qui est appelé le couffin du Ramadhan», s’insurge-t-on chez nos voisins de l’Ouest qui pensent que «l’humiliation, l’avilissement, l’instrumentalisation et l’opportunisme ont atteint des degrés jamais égalés». Pour eux, cette mise en scène cache trois objectifs inavoués : «Détourner les regards du droit des Marocains à jouir pleinement des richesses de leur pays, cacher les desseins électoralistes et exploiter ces images avilissantes pour officialiser la normalisation avec Israël.»
La pauvreté atteint des proportions alarmantes au Maroc, notamment depuis la survenance de la crise sanitaire mondiale qui a frappé de plein fouet le secteur vital du tourisme. Une crise sociale qui s’est aggravée par le verrouillage des frontières par l’Algérie et l’Espagne. Un verrouillage qui a privé les Marocains de l’est et du nord du pays de rentrées de la contrebande jusque-là tolérée par les autorités algériennes et espagnoles pour permettre à ces populations pauvres, abandonnées par le pouvoir central de Rabat, de vivre dignement.
Des manifestations ont lieu dans plusieurs régions du Maroc, mais elles ne bénéficient d’aucune couverture médiatique, ni par les médias marocains ni par les télévisions françaises pourtant promptes à braquer les projecteurs sur les marches en Algérie. Depuis le début du mois sacré du Ramadhan, ce sont les fidèles qui ont décidé d’occuper la rue pour réclamer l’ouverture des mosquées pour y accomplir les prières collectives nocturnes. Toute cette agitation intervient au moment où le régime monarchique de Rabat tente de se rattraper en promettant des mesures sociales à même d’atténuer le poids de la misère que le Makhzen arrive de moins en moins à camoufler, en exhibant une folie des grandeurs sous la forme de «grands projets» de façade qui ne revêtent aucune espèce d’utilité pour l’écrasante majorité des Marocains.
Le trône de Mohammed VI vacille et une explosion sociale d’envergure pointe à l’horizon, assurent des observateurs avisés, qui rappellent que les manifestations persistantes des enseignants, même si elles ne jouissent pas d’autant de «publicité» que le Hirak algérien, s’amplifient et brisent le mur de la peur, poussant de plus en plus de Marocains à affronter la machine répressive de la dictature protégée par les puissances étrangères qui partagent le Maroc avec la famille régnante prédatrice et sa clientèle.
K. M.
Comment (35)