Une note confidentielle révèle le nombre de mosquées salafistes en France
Par Abdelkader S. – Une note secrète de la police française relève l’existence de soixante-dix mosquées dirigées par les salafistes à travers le pays. Le Journal du Dimanche (JDD), qui rapporte l’information sur la base de documents qu’il a pu consulter, souligne que «l’islamisme demeure la menace principale aux yeux des services de renseignement, même s’ils constatent une poussée de l’ultra-droite».
Ce qui inquiète le plus les services de sécurité français, c’est la non-identification en amont des auteurs des attentats qui «sont très souvent inconnus d’eux». Preuve en est l’assassinat d’une femme agent administratif au commissariat de Rambouillet, dans la banlieue parisienne, ce jeudi, par un extrémiste d’origine tunisienne. «Même s’il prend la forme d’actions d’individus isolés et auto-radicalisés, le danger islamiste reste la menace principale», écrit le JDD, qui explique que «les services de renseignement en sont convaincus». «Adeptes des réseaux sociaux plus que de la téléphonie, fréquentant peu les mosquées, ils échappent à la détection», note le journal, qui rappelle que «trente-cinq attentats ont été déjoués depuis 2017, dont deux seulement en 2021 grâce à l’exploitation de traces numériques».
Une loi a été votée récemment en France, censée parer à la menace terroriste en résolvant le problème à la racine. Le but du texte contesté par la communauté musulmane – hormis le recteur de la Grande Mosquée de Paris qui l’a applaudi des deux mains – et même par des responsables cultuels catholiques, renforcer la laïcité et les lois de la République et mettre ces dernières au-dessus des croyances et des considérations religieuses. Cependant, une majorité d’observateurs de la scène politique française sont convaincus que l’approche légale du gouvernement français n’aura aucun effet sur la montée de l’islamisme dans le pays. «Ce n’est pas une loi qui arrêtera la radicalisation et l’extrémisme violent», réagissent-ils.
Des quartiers entiers dans les banlieues de la majorité des villes françaises sont gangrénés par le salafisme et l’islam politique. Récemment, une polémique a émaillé la construction d’une mosquée à Strasbourg, dans le nord-est de la France, financée en partie par la collectivité locale, pour le compte d’une association inféodée au régime islamiste d’Ankara qui en aura la charge. Les mosquées pointées par la note secrète des Renseignements généraux français concernent ce que l’ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qualifie d’«islam des caves». Un islam «clandestin» propagé par des prosélytes proches des Frères musulmans ou d’obédience wahhabite, lesquels se substituent petit à petit à l’islam modéré prôné par les centres islamiques traditionnels auxquels les musulmans de troisième et de quatrième générations tournent le dos, leur préférant des prédicateurs radicaux et ouvertement hostiles à la société française.
Durant ce Ramadhan, l’annonce de la rupture du jeûne à travers de haut-parleur dans certaines cités de la banlieue française a provoqué la colère de Français qui y voient, outre une «nuisance sonore», un «envahissement de l’espace public par des salafistes qui piétinent les lois de la République sans que les autorités réagissent pour y mettre fin». Une situation qui semble échapper au gouvernement français et qui, selon de nombreux analystes, pave la voie à l’égérie de l’extrême-droite française, la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, que tous les sondages donnent comme candidate favorite à la présidentielle de 2022.
L’islam politique a été introduit en France au début des années 1990 par le président François Mitterrand et le Parti socialiste qu’il incarnait, au lendemain de l’arrêt salvateur du processus électoral en Algérie. Le pouvoir français, à l’époque, dirigé par l’ancien ministre de l’Intérieur durant la colonisation, misait sur le parti extrémiste du FIS pour semer le chaos dans le pays et instaurer une économie de bazar qui aurait permis à la France de reconquérir «son» territoire perdu trente ans auparavant.
A. S.
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