L’ivresse du pouvoir
Par Nouredine Benferhat – Le pouvoir est force et ruse. C’est le désir fantasmatique qui va par la violence, réduire le réel au fantasme et lui faire payer le prix de son altérité.
Le pouvoir totalitaire est l’essence fantasmatique du pouvoir. Il est désir d’exercer le pouvoir et d’absorber le monde dans l’identité de son désir. C’est la folie de se vouloir centre unique et rayonnant du champ du collectif. C’est l’ambition personnelle et le plaisir qu’on trouve à l’exercer, c’est-à-dire la gloire et l’ivresse des sommets. C’est le processus d’aliénation que déclenchent les émotions et les passions.
Même non recherchée au départ, l’expérience du pouvoir montre qu’elle est expérience de ce désir fantasmatique qui déclenche inévitablement sa logique, à moins d’une force d’âme extrêmement rare qui suppose la compréhension de ce processus. Sans cela, le pouvoir corrompt, et ce, quels qu’en soient la base de légitimation et les motifs personnels initiaux.
Le pouvoir légitime ne se mesure pas au fondement dont il se réclame et à la perfection des institutions qui constituent ce fondement, tant il est vrai que cette légitimité tend toujours à être résorbée par le fonctionnement concret du pouvoir.
Ce n’est pas parce qu’un pouvoir est légitime que toutes les décisions le sont et qu’il en devient infaillible.
Le critère de légitimité d’un pouvoir, c’est celui de la «contestabilité» de ce pouvoir, qui l’invite à «l’obéissance irrespectueuse» qui admet le fait du pouvoir, mais qui, irrespectueusement, en discute les actes.
N. B.
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