Israël : les réfugiés africains victimes de racisme, d’internement et de déportation
Contribution de Mesloub Khider – «Le racisme est un acte des gens qui manquent de souche.» (Taher Mahamat.) Le sionisme, putride idéologie née en pleine période du colonialisme et de l’impérialisme triomphant, perpétue encore de nos jours les mêmes nauséabonds préjugés suprémacistes et exactions racistes inhérents à la mentalité esclavagiste des siècles antérieurs. Depuis soixante-dix ans, le sionisme (Israël est le nom juridique attribué à une entreprise d’expropriation des Palestiniens de leurs terres, nom avalisé par la majorité des pays pour dissimuler la connotation colonialiste du terme sionisme) colonise la Palestine au nom de la mythologique nation juive ensevelie dans l’antiquité et ressuscitée par la grâce divine sioniste.
L’Etat hébreu, non seulement a procédé par la force militaire à l’expulsion des autochtones palestiniens lors son offensive colonialiste lancée en 1948 (précédée par une occupation sous-jacente «immigrationniste» amorcée au début du XXe siècle) mais il continue à appliquer une politique «excommuniatrice» et exterminatrice à l’autre partie autochtone palestinienne maintenue prisonnière à l’intérieur des frontières érigées par l’Etat sioniste.
Actuellement, on assiste de nouveau à des expulsions de familles palestiniennes de leurs maisons, notamment à Jérusalem-Est. Cette politique de nettoyage ethnique s’inscrit dans le prolongement de la politique d’expulsion menée également contre les réfugiés africains ces dernières années.
Dans le contexte de l’adoption par le Parlement d’Israël de la loi fondamentale définissant le pays comme «l’Etat-nation du peuple juif», loi votée le 19 juillet 2018, l’entité sioniste décida de procéder au nettoyage ethnique par l’expulsion des migrants africains afin de se conformer à la nouvelle loi fondée sur la pureté raciale. Pour rappel, cette loi controversée définit concrètement le caractère juif de l’Etat hébreu aux dépens de la minorité arabe, institutionnalisant ainsi l’inégalité entre citoyens «israéliens». C’est l’instauration officielle d’un régime d’apartheid.
C’est à cette époque, dans ce climat d’épuration démographique ethnique, le 3 janvier 2018, que l’Etat hébreu annonça son programme d’incitation au départ volontaire et d’expulsion des migrants africains. «Ce programme sera appliqué à partir d’aujourd’hui, avait déclaré l’indéboulonnable Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui se félicita du projet destiné à faire partir les migrants. L’Etat sioniste, spécialiste des expulsions massives, élève ayant dépassé son maître nazi, ordonna l’expulsion de 40 000 Africains, dont 5 000 enfants nés en Israël.
Le gouvernement accorda aux réfugiés un délai de trois mois pour quitter Israël. A défaut, les réfugiés africains seraient emprisonnés pour une durée indéterminée, conformément à la loi relative à l’immigration adoptée en juin 2012 permettant aux autorités israéliennes d’interner les réfugiés et leurs enfants indéfiniment. Les premières interpellations commencèrent au début de l’année. Ce fut le début de la chasse aux migrants africains.
Ces dernières années, acculés par les guerres, et surtout par la misère et la faim, des dizaines de milliers d’Africains se réfugièrent en Israël, la plupart entrés illégalement via le Sinaï égyptien à compter de 2007.
Leur long périple fut souvent parsemé de violences infligées notamment par la police égyptienne. En effet, au cours de la traversée du Sinaï, certains subirent des tortures par leurs passeurs, ces négriers des temps modernes. Pis encore : quelques femmes furent victimes de viol.
Selon les chiffres officiels du pouvoir colonial sioniste, le nombre de réfugiés installés en Israël s’élèverait à 60 000. Force est de constater que, depuis leur établissement en Israël, ces réfugiés sont en butte à la ségrégation et à la terreur raciste.
Au début de l’année 2018, résolu à mettre à exécution son plan de déportation massif, l’Etat hébreu entama son entreprise d’expulsion par l’internement de 3 000 réfugiés africains dans des camps concentrés en plein désert du Néguev, véritables forteresses entourées de barbelés. Internés dans des camps bâtis en plein désert, les réfugiés africains furent soumis un à douloureux dilemme : l’expulsion ou la prison. Ils furent condamnés à deux alternatives tout aussi suicidaires l’une comme l’autre : consentir à leur internement à durée indéterminée ou accepter leur expulsion dans leur pays d’origine meurtri par la guerre et accablé par la misère. On connaissait la sinistre option : «La valise ou le cercueil.» Israël invente la mort ou le trépas. La mort à petit feu dans le camp d’internement ou le trépas accéléré dans le pays d’origine.
Au final, pour résoudre le sort des 40 000 réfugiés africains menacés d’expulsion, après quelques mois de manifestations d’opposants au plan de déportation, un accord fut conclu avec le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Cet accord, imposé par l’Etat israélien à quelques pays occidentaux, acta le transfèrement des migrants africains vers les pays développés. Sur les 40 000 réfugiés présents en Israël, plusieurs pays occidentaux (Canada, Allemagne, l’Italie, etc.) s’engagèrent à accueillir la moitié des réfugiés. De même, pour démontrer la force du lobby sioniste sur les instances gouvernementales de nombreux pays, l’Etat hébreu parvint à contraindre le Rwanda et l’Ouganda de réceptionner, comme du bétail, les réfugiés africains expulsés d’Israël, pourtant majoritairement originaires d’Erythrée et du Soudan.
Le restant des migrants demeurés en Israël devaient être temporairement régularisés. Or, sur environ 16 000 demandes examinées, seulement 10 Erythréens et 1 Soudanais obtinrent le statut de réfugié en Israël. De fait, avec un taux d’acceptation des demandes d’asile approchant zéro, la chance de régularisation est nulle en Israël.
En vérité, la législation de l’Etat hébreu en matière de régularisation des immigrés est très restrictive. Notamment pour les travailleurs étrangers. Selon la «loi sur les travailleurs étrangers», ces derniers disposent d’un visa renouvelable chaque année pendant cinq ans, mais avec interdiction de fonder une famille en Israël.
Le quotidien Haaretz a révélé que l’Autorité de la population et de l’immigration, une instance du ministère de l’Intérieur israélien, a institué l’interdiction des relations amoureuses entre travailleurs et travailleuses étrangères, pour décourager toute installation pérenne en Israël. Au cas où des travailleurs étrangers disposant seulement d’un visa de travail sont suspectés de vivre en couple ou de s’être mariés, ils sont menacés de révocation de leur visa si l’un des deux partenaires ne quitte pas le pays.
Comme l’a déclaré Kav LaOved, une organisation de défense des droits des travailleurs et travailleuses précaires, «cette politique est l’ultime déshumanisation des travailleurs migrants. […] L’autorité leur demande de choisir entre leur moyen de subsistance et leur vie de famille. C’est une demande amorale et illégale».
Nul doute, à l’instar de nombreux pays capitalistes développés, Israël a besoin d’une main-d’œuvre bon marché, corvéable et exploitable à merci pour travailler notamment dans le bâtiment et la restauration.
Pour empêcher tout ancrage à long terme, avant d’obtenir le visa de travail, les postulants doivent s’engager à ne pas fonder une famille en Israël. Si une travailleuse tombe enceinte, elle peut, certes, rester en Israël jusqu’à la naissance de l’enfant mais, après l’accouchement, pour pouvoir renouveler son visa de travail israélien, elle doit l’envoyer dans son pays d’origine. Autrement dit, indirectement le bébé est expulsé, séparé de sa mère. Qui a dit que le sionisme n’est pas l’idéologie raciste de la triste époque colonialiste, le sionisme n’est pas allé à la bonne école du nazisme ? C’est une démocratie. Un Etat de droit.
Par ailleurs, les Africains réchappés à l’internement, parqués dans plusieurs villes israéliennes, subissent le racisme d’Etat et l’exploitation forcenée des patrons sionistes. Sans papiers, dépourvus du permis de travail, les migrants africains sont contraints d’occuper des emplois de survie dans les secteurs informels de la restauration, du bâtiment, du nettoyage, de la garderie d’enfants, etc.
L’Etat d’Israël, pour décourager les migrants africains de s’installer définitivement, entretient un épouvantable climat d’insécurité et de terreur, notamment par la persécution de toutes les personnes aidant les réfugiés. Ces personnes s’exposent non seulement à des exactions de la part de leurs concitoyens israéliens, mais aussi à de fortes amendes et des peines d’emprisonnement. Particulièrement les Israéliens employant des Africains. L’objectif de l’Etat sioniste est de dégrader dramatiquement les conditions de vie des réfugiés, déjà misérablement précaires, pour les acculer à quitter le pays. Par ailleurs, pour renforcer cette politique de terreur, ces dernières années, tout un arsenal de lois anti-immigrés a été adopté par le gouvernement israélien.
Un véritable climat d’hystérie et de haine anti-Africains sévit en Israël, entretenu par les politiciens sionistes. Le racisme s’exprime librement, y compris au sommet des instances étatiques. Maints officiels désignent les Africains sous le nom d’«infiltrés». D’autres les traitent de criminels. Un député israélien a même employé le terme «cancer» pour qualifier la présence d’Africains en Israël. Le ministre de l’Intérieur en 2012 s’est fendu d’un commentaire raciste en proclamant qu’Israël «appartient à l’homme blanc».
De leur côté, les autorités religieuses juives n’épargnent pas également leurs efforts spirituels sionistes pour attiser la haine contre les Africains. Ainsi, en 2010, des centaines de rabbins publièrent une déclaration incitant les juifs à refuser de vendre des maisons ou de louer des appartements aux travailleurs immigrés.
Ces incitations à la haine se traduisent souvent par des violences et des crimes racistes à l’encontre des migrants, en particulier de sa frange socialement fragile, les Africains.
C’est ainsi qu’en mai 2012 les habitants de couleur résidant dans les quartiers sud de Tel-Aviv furent victimes de ratonnades, de pogroms perpétrés par des émeutiers racistes juifs déchaînés. Au cours de ces expéditions racistes, des magasins furent pillés, des bombes incendiaires jetés dans une cour d’école.
Ces dernières années, partout en Occident, régulièrement s’élèvent des voix pour fustiger la politique anti-immigrés de certains pays, incriminer quelques Etats de maltraiter les migrants, notamment l’Algérie, accusée de maltraitances à l’encontre des migrants subsahariens. Or, paradoxalement, ces mêmes ONG, organisations «humanitaires» gauchistes, ne dénoncent jamais la politique xénophobe d’Israël, ni les exactions infligées aux populations immigrées établies en Israël.
A cet égard, le racisme n’épargne pas les 150 000 juifs éthiopiens établis en Israël dans les années 1980-90. En effet, quoique de nationalité israélienne, ces Afro-juifs sont en butte à des discriminations en matière d’emploi, de logement, d’éducation, de transport. Leur sort s’apparente à celui des Afro-américains des Etats-Unis de l’époque du racisme institutionnel en vigueur jusqu’aux années 1960.
A l’instar des Afro-américains massivement discriminés, ces Falachas occupent les emplois précaires et mal rémunérés. Au reste, bien qu’ils ne constituent que 2% de la population israélienne, les jeunes falashas représentent plus de 30% des mineurs incarcérés. Autre similitude avec la société raciste étasunienne, les jeunes juifs d’origine éthiopienne sont constamment victimes de délits de faciès et de violences policières.
Plus scandaleux, en 2013, le gouvernement israélien reconnut avoir injecté aux femmes éthiopiennes, donc juives falachas, du Depo-Provera, un contraceptif puissant. Cela s’est traduit par une chute vertigineuse du taux de natalité dans cette communauté des Falachas. Hitler doit être fier de ses élèves. Les sionistes ont dépassé leur maître en matière de politique eugéniste et exterminatrice.
De manière générale, depuis soixante-dix ans, au mépris des valeurs humaines et du droit international, l’Etat sioniste applique une politique de spoliation, d’oppression, de déportation et d’assassinat contre les Palestiniens de nationalité israélienne ou non. Aujourd’hui, l’Etat sioniste fait subir aux immigrés africains la même politique raciste.
Assurément, la politique raciste de l’Etat sioniste contre les Palestiniens et les immigrés africains interpelle toutes les nobles consciences pétries d’humanité, les peuples opprimés révoltés contre les injustices et les discriminations raciales.
Contre la colonisation de la Palestine et la politique discriminatoire criminelle visant les Palestiniens et les migrants la riposte doit être à la hauteur du défi lancé à l’ensemble des anticolonialistes.
M. K.
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