La police britannique enquête sur les affaires scabreuses de l’escroc Zitout
Par Nabil D. – Nous avons appris de sources sûres que le chef de file du mouvement islamiste – et désormais officiellement classé comme organisation terroriste – Rachad est sous enquête en Grande-Bretagne. En effet, Scotland Yard planche sur le dossier de ce ressortissant britannique soupçonné de blanchiment d’argent et d’activités liées à une entreprise terroriste. Selon nos sources, d’autres membres de cette nébuleuse proche du FIS, le parti extrémiste dissous, et de ses bras armés, le GIA et le FIDA – fondé par Mourad Dhina – sont dans le collimateur de la police britannique.
L’ouverture d’une enquête à Londres s’inscrit dans le prolongement de l’affaire de l’acolyte de Larbi Zitout installé en Suisse, Fateh alias Ghani Mehdi. Le 3 mai dernier, le ministère public de la Confédération helvétique s’est, en effet, saisi du dossier de cet escroc suite à une plainte déposée à son encontre par le journaliste algérien exilé en Grande-Bretagne Saïd Bensedira. Ce dernier a affirmé avoir reçu une convocation dans ce sens de la Police judiciaire fédérale, en précisant qu’il se rendrait à Genève dès que possible. Saïd Bensedira avait expliqué sa démarche par la gravité des faits dont il a été informé et des pièces à conviction qui lui sont parvenues. Des faits «constitutifs d’abus de confiance, d’escroquerie en bande organisée, d’infraction sur les transferts financiers illicites et fraude fiscale».
Le plaignant avait précisé que la plainte était au préjudice de Mahdi Fateh résidant à Sion, en Suisse, Fateh étant le véritable nom de Ghani Mahdi. Un subterfuge, expliquait Bensedira, dont se servent les responsables de Rachad pour échapper au fisc et à toute poursuite en cas de découverte de leur trafic. Larbi Zitout, de son vrai nom Mohamed, détenteur de quinze sociétés, use du même stratagème pour tromper l’administration fiscale. Dans sa requête adressée à la justice helvétique, Saïd Bensedira expose les motifs liés à un détournement de fonds destinés à des Algériens. Il explique qu’en Europe, en Suisse, en France et en Angleterre, cette bande organisée a ramassé plus de 760 000 euros par le circuit PayPal au cours de l’année 2020, à l’abri des regards des institutions suisses compétentes. Selon lui, «seuls 30 000 euros ont été transférés par le circuit PayPal en Algérie, mais sans la moindre traçabilité bancaire».
En mars dernier, le lanceur d’alerte algérien installé à Montréal Rafaa avait divulgué de graves secrets que lui a révélés un ancien proche de Larbi Zitout sur la gestion de l’argent qui circule en centaines de milliers d’euros chez cette organisation. «Des gens qui étaient très proches de Zitout et qui s’en sont démarqués ont pris attache avec moi et m’ont envoyé des enregistrements, des documents, des relevés bancaires et des échanges de courriers électroniques qui révèlent l’étendue du trafic», avait-il révélé. Il s’agit d’un détournement des cotisations via PayPal qui transitent par plusieurs pays – Canada, Grande-Bretagne, Suisse, France et Koweït – avant d’atterrir en Algérie. Seule une partie de cet argent est redistribuée, avait-il fait savoir, en ajoutant que Ghani Mahdi et ses complices «traitent avec des correspondants en Algérie et personne ne sait où va cet argent», que «les responsables du réseau sont tous identifiés» et que «les preuves contre eux sont accablantes».
Les révélations font état d’une association caritative écran dénommée Tahadi, présidée par Ghani Mahdi, et dont les correspondants en Algérie se sont retournés contre lui et ont dénoncé ses frasques. «Les enregistrements vidéo existent sur les réseaux sociaux», avait assuré l’influenceur, qui expliquait que ces derniers «lui ont exigé des comptes et il refuse de répondre à leurs sollicitations». «Celui qui gérait les aspects techniques revendique 72 000 euros que Ghani Mahdi refuse de lui remettre, il détient tous les e-mails», a-t-il précisé, en indiquant que «même les comptes bancaires de l’épouse de Ghani Mahdi seront dévoilés». Rafaa avait étayé ses accusations par un échange téléphonique entre ce dernier et son technicien dans lequel on entend ce dernier mettre en demeure son interlocuteur de cesser de divulguer les informations le concernant relatives à des transactions qu’il a effectuées via PayPal pour payer les hommes d’affaires qui les ont aidés dans le cadre de Tahadi. «Ces gens-là vont risquer leur vie en Algérie», avait-il affirmé, la peur au ventre.
Les comptes PayPal de Rachad ont été bloqués, ont indiqué des sources concordantes. L’étau se resserre sur cette mouvance islamiste acculée aussi bien par la justice des pays européens où ils ont sévi trop longtemps sans jamais être inquiétés et les autorités sécuritaires algériennes qui en ont dévoilé au grand jour les velléités terroristes. Le mouvement autonomiste du MAK est, lui aussi, dans le collimateur des services de sécurité français qui ont interpellé son dirigeant Ferhat Mehenni avant de le libérer sous caution. L’enquête suit son cours.
N. D.
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