La Tunisie rouvre sa frontière et attend les Algériens avec des mesures simples
Par Houari A. – Les autorités tunisiennes rouvrent les frontières de la Tunisie dès ce 1er juin. Les conditions d’accès au territoire tunisien paraissent de loin moins complexes que celles imposées par l’Algérie et qui ont donné lieu à une vague de contestations chez la communauté émigrée et parmi les Algériens bloqués à l’étranger depuis de longs mois. «A partir du 1er juin, la Tunisie allège ses restrictions sanitaires pour les voyageurs vaccinés ou immunisés contre le Covid-19», indique une note des services sanitaires tunisiens habilités.
«Les voyageurs vaccinés ayant reçu deux doses et les personnes immunisées, c’est-à-dire ayant été contaminées par le Covid-19 depuis plus de six semaines et toujours protégées par les anticorps, pourront pénétrer sur le sol tunisien. Ils seront exemptés de quarantaine et n’auront pas l’obligation de présenter un test PCR à l’embarquement, à condition de présenter un certificat de vaccination ou d’immunité présenté par les autorités sanitaires», apprend-on.
Les mesures appliquées aux autres voyageurs de plus de douze ans consistent en la simple présentation d’un test PCR négatif de moins de 72 heures et un engagement personnel non contraignant à effectuer une semaine complète de confinement dans le lieu de leur choix. Des tests antigéniques aléatoires pourront également être réalisés par les autorités à l’arrivée en Tunisie, ce qui, en soi, est une bonne initiative tant ce type de contrôle sanitaire individuel est nettement moins désagréable que les prélèvements nasopharyngés répétitifs qui ne sont pas sans risque.
Pour le moment, la frontière est fermée côté algérien, les autorités algériennes craignant que les concitoyens n’ayant pas pu rentrer au pays par voie aérienne contournent cet écueil en s’envolant pour la Tunisie pour, ensuite, se rendre en Algérie par route. Les responsables politiques et les scientifiques semblent avoir peur d’être dépassés par les événements et ne pas pouvoir maîtriser la situation au cas où les citoyens débarqueraient en grand nombre, surtout que les capacités d’accueil dans les établissements sanitaires algériens et la qualité des soins sont limitées. Le gouvernement ne peut dire le contraire puisqu’il a lui-même admis être incapable de soigner un humoriste pour le transfert duquel en France il a remué ciel et terre.
Une ouverture des frontières dans le sens des départs vers la Tunisie à l’orée de la saison estivale et dans ce contexte de pression et de tension psychologique déverserait des millions d’Algériens sur le territoire de la Tunisie voisine qui n’attend que ça pour ressusciter un secteur du tourisme à l’agonie depuis la survenance de la crise sanitaire mondiale. Un reportage de Russia Today, réalisé dans le nord-ouest du pays, en février dernier, dévoilait au grand jour la grande détresse des nombreux Tunisiens dont l’activité a été réduite à néant faute de touristes algériens.
Des conséquences économiques et sociales lourdes
«Depuis la fermeture des frontières au mois de mars de l’année dernière, notre activité a énormément baissé. On travaillait beaucoup avec nos voisins algériens, du coup, aujourd’hui, on ne travaille quasiment plus. Il arrive parfois que je ne vende aucune pièce pendant toute une semaine. Il ne nous reste aujourd’hui plus que la patience», se plaignait un artisan tunisien qui lançait ainsi un véritable appel au secours. «A la frontière avec l’Algérie, Tabarka et Aïn Drahem semblent comme figées. Cette région de villégiature, prisée pour son calme et son tourisme écologique, sombre jour après jour dans la détresse économique», commentait le journaliste de la chaîne russe, qui constatait qu’«hôteliers, artisans et commerçants ferment à tour de rôle face à l’absence de touristes due à la crise sanitaire du Covid-19 et plus particulièrement à l’absence des voisins algériens qui représentent plus de 50% des touristes de la région».
Le Nord-Ouest compte une dizaine de grands hôtels qui font vivre une grande partie de la région. Depuis la révolution de 2011 puis la crise du Covid-19, quatre grands complexes ont fermé leurs portes, rapportait la chaîne russe, en faisant parler des travailleurs qui «regrettent la fermeture des frontières avec l’Algérie». «Nous sommes au chômage technique depuis septembre, et bien avant même. On n’avait travaillé que les mois de juillet et août depuis le début de la crise au mois de mars», s’est plaint une employée victime de cette situation. «Avec la fermeture des frontières avec l’Algérie, les conséquences se sont alourdies car les Algériens passent toujours par notre région, pas seulement pour les vacances, mais aussi pour faire leurs achats et profiter de nos marchés», avait-elle souligné. «Du coup, les hôtels fonctionnent, les magasins fonctionnent, et même les petits commerçants, les épiciers et les vendeurs de légumes profitent de cette clientèle algérienne», avait déploré cette dame qui avait insisté sur le fait que «depuis cette fermeture, les conséquences sont lourdes pour tout le monde».
Interrogé, le commissaire régional au tourisme n’en pensait pas moins. «Selon les statistiques, les touristes algériens d’avant-Covid-19 représentaient environ 2 800 000 personnes, parmi eux 1 200 000 transitaient par la frontière avec Tabarka. Nous avons constaté, en 2020, une influence négative sur l’économie de la région, notamment depuis que notre voisin algérien a fermé ses frontières», avait-il poursuivi. «Les touristes algériens avaient un grand rôle sur l’économie de notre région. Nous avons remarqué que beaucoup d’artisans et de petits commerces avaient un contact direct avec ces voyageurs qui avaient l’habitude de s’arrêter fréquemment dans leurs stands. Ils souffrent aujourd’hui de cette fermeture», avait-il regretté.
H. A.
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