Un black-out quasi total en France de l’interview du Point avec Tebboune
Par Abdelkader S. – Est-ce pour rattraper le black-out quasi total en France de l’interview que le président Tebboune lui a accordée que l’hebdomadaire Le Point a chargé son correspondant à Alger de faire une revue de la presse algérienne et marocaine qui en ont repris de larges extraits ? Cela semble être le cas si l’on en juge par le choix des médias – algériens notamment – triés sur le volet pour se faire une auto-publicité. Trois chaînes de télévision arabophones, un site proche du Quai d’Orsay, cité systématiquement par la presse française – comme dans le cas présent – même quand il reprend une simple dépêche de l’APS et dont l’auteur de l’article sous-entend – maladroitement – qu’il a été le premier auquel il a transmis le témoin.
«L’effervescence dont parle Le Point est, en fait, le résultat d’une action savamment menée par la direction du magazine qui, sachant que l’interview ne serait pas accessible sur Internet, les articles étant réservés aux abonnés, a assuré à l’entretien une large diffusion gratuite sur les réseaux sociaux, avant même sa publication le lendemain sur la version papier», font remarquer des sources informées. «Si réactions il y a eu, en réalité, c’est en Algérie et au Maroc, où les réponses du président Tebboune ont été accueillies globalement positivement par les islamistes, notamment, dont un des chefs de file, Abderrazak Mokri, s’en est dit satisfait», poursuivent nos sources qui ajoutent que, du côté marocain, «le Makhzen n’a pas tardé à caler une série d’articles au rabais sous l’interview dans le référencement de Google, de sorte à agir comme une antithèse et à annihiler toutes les déclarations acérées de Tebboune sur le voisin de l’Ouest».
D’autres sources ont affirmé à Algeriepatriotique qu’il faudra s’attendre à un pamphlet contre l’Algérie dans les tout prochains jours dans les colonnes du même média car le régime de Rabat ne laissera pas passer cet écart d’un magazine payé pour décréter le Sahara Occidental territoire marocain. Par ailleurs, d’aucuns s’interrogent sur le choix des journalistes qui ont interviewé le chef de l’Etat, connus pour leur tropisme français. Quoi qu’il en soit, le président de la République se sera servi de cette tribune pour dire leurs quatre vérités au régime monarchique de Rabat, auquel il a expliqué qu’il ne faisait pas le poids devant l’Algérie malgré ses gesticulations, et à la France dont il a critiqué d’une manière claire la présence militaire au Sahel et la création du G5 pour saboter les efforts des pays de la région réunis à Tamanrasset.
«Sur le plan professionnel, le travail du Point est médiocre, en ce sens que le message qui était censé être adressé aux Français à la veille de la visite de Jean Castex à Alger, comme annoncé récemment par Jean-Yves Le Drian, a été considéré comme un non-événement en France, ce qui en réduit la portée», expliquent nos sources, qui subodorent une «manœuvre visant plutôt à exacerber les désaccords entre l’Algérie et le Maroc et à pousser Alger et Rabat vers une escalade qui camouflerait les camouflets de la diplomatie marocaine sous la conduite d’un Nasser Bourita, sur la sellette, et d’un régime monarchique jusque-là adulé, mais qui va subir de plein fouet les contrecoups de son insolence à l’égard de l’Espagne et de l’Allemagne».
Le Point n’aura pas réussi à détourner l’attention, mais il aura réussi à chauffer les opinions algérienne et marocaine à bloc.
A. S.
Comment (30)