Mohammed VI et Bourita se font taper sur les doigts par le Parlement européen
Par Kamel M. – Les milliards dépensés par le Makhzen dans le lobbying au Parlement européen n’auront servi à rien. Son aventurisme à Ceuta lui a coûté un appui de taille qui, jusque-là, lui permettait d’imposer ses lubies au reste du monde, notamment dans le dossier sahraoui. Ce jeudi, 397 eurodéputés ont voté pour une résolution anti-marocaine contre une minorité inconsistante de 85 élus qui ont levé la main pour s’y opposer vainement. 196 se sont abstenus.
La résolution du Parlement européen, qui concerne la violation de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire dans l’enclave espagnole, considère que la crise entre le Maroc et l’UE n’est pas liée à la question migratoire, mais au conflit sahraoui, puisque le ministre marocain des Affaires étrangères «a reconnu que l’entrée massive de milliers de personnes, dont des enfants, découlait directement du fait que le chef du Front Polisario avait été accueilli en Espagne» et que «les autorités marocaines ont indiqué comme raison réelle la position jugée ambiguë de l’Espagne sur le Sahara Occidental».
Pour les auteurs du texte voté à la majorité aujourd’hui, cette agression marocaine «a donné lieu à des tensions diplomatiques sans précédent entre le Maroc, d’une part, et l’Espagne et l’Union européenne, d’autre part». Quels que soient les motifs qui ont présidé à l’apparition de la situation qui a prévalu à Ceuta, «c’est un incident injustifiable», assène la Résolution, qui accuse clairement le Makhzen d’avoir laissé passer quelque 9 000 personnes qui ont pénétré, par terre ou par mer, dans la ville autonome espagnole de Ceuta, «après que la police marocaine a assoupli temporairement les contrôles aux frontières, ouvert les barrières et négligé de prendre des mesures pour arrêter les entrées illégales».
Le Parlement européen, qui souligne que la crise «a été déclenchée par le Maroc en raison d’une crise politique et diplomatique après que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, atteint par le coronavirus, a été admis dans un hôpital espagnol pour raisons humanitaires» et que «le 2 juin 2021, il est arrivé en Algérie», rappelle que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union «ont réaffirmé leur soutien sans réserve à l’Espagne et souligné que les frontières espagnoles faisaient partie des frontières extérieures de l’Union» et «rejette l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, notamment des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un Etat membre de l’Union».
Enfin, le Parlement européen «réaffirme la position consolidée de l’Union sur le Sahara Occidental, fondée sur le plein respect du droit international, des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et du processus politique conduit par les Nations unies pour parvenir à une solution négociée juste, durable, pacifique et acceptable par les deux parties», n’accordant ainsi aucune importance au plan d’autonomie présenté par Rabat et défendu bec et ongles par Paris.
K. M.
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