Le refus de De Mistura par le Makhzen et sa peur bleue envers l’Algérien Lamamra
Par Kamel M. – Le Maroc rejette officiellement Staffan De Mistura en tant qu’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental. Un article orienté, publié le 25 mai dernier, sur un site du Makhzen, avait prétendu que l’ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra «pourrait influencer De Mistura pour préparer déjà l’opinion marocaine au refus de cette candidature». L’article, diffusé il y a quelques semaines, plantait officieusement le décor avec une trame au niveau intellectuel de fable. Cette fable révélait l’embarras du Maroc à rejeter un médiateur impartial de réputation mondiale qui a prouvé sa compétence en Irak et en Syrie, entre autres.
«En vérité, cette décision injustifiée et injustifiable traduit la volonté du Maroc de ne plus participer à un processus, ni onusien ni africain, de paix au Sahara Occidental», font remarquer des sources proches du dossier, selon lesquelles le Maroc «se démasque». «Le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Union africaine doivent assumer leurs responsabilités et mettre fin à la prise en otage par le Maroc et des territoires sahraouis occupés et des prérogatives de l’ONU et de l’UA», s’indignent ces sources.
Le régime marocain avait préparé le terrain à ce refus du diplomate italo-suédois en l’accusant ouvertement de parti pris pro-algérien. «On doit se souvenir que la fonction d’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Syrie avait failli être une question d’héritage. Au ministre algérien des Affaires étrangères Lakhdar Ibrahimi a succédé Staffan De Mistura, lequel devait laisser son poste à Ramtane Lamamra, autre ancien chef de la diplomatie algérienne. Et, dans une succession, les relations personnelles sont bien ajustées aux sympathies», lisait-on dans les médias marocains, qui pistaient les deux hommes [Lamamra et De Mistura] dont les chemins «se sont croisés de manière publique, à divers moments, pour diverses raisons, en divers lieux notamment, entre autres, à l’Institut international de Stockholm pour la recherche sur la paix (SIPRI) dont les positions et celles du pays d’accueil, à l’endroit du Maroc, sont notoires».
«Ramtane Lamamra étant bien un administrateur influent de ce suédois institut !» s’exclamait-on à Rabat, tel un lièvre effarouché. Après avoir atermoyé, en affirmant ne pas soulever d’«objections», Mohammed VI a tenté de gagner du temps «dans l’espoir d’engranger d’autres victoires sur ce dossier», indiquent des sources médiatiques. L’accord sans réserve donné par le Polisario a achevé de dissuader le régime marocain de soutenir le choix du secrétaire général de l’ONU, d’autant que le Maroc croit être adoubé par la majorité des membres de la Ligue arabe – hormis l’Algérie, la Syrie et le Liban – qui vient de le gratifier de sa caution pour sa politique étrangère faite de lubies d’enfant gâté.
K. M.
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