Révélations d’un rapport des services secrets slovènes sur l’agent Zitout
Par Wacim K. et Houari A. – Des informations très précises circulent sur les réseaux du darknet concernant un rapport interne des renseignements slovènes qui a laissé passer entre les mailles du filet des indications claires sur les activités d’un Algérien résidant à Londres, lequel aurait travaillé à l’ambassade d’Algérie en Libye dans les années 1990. Il aurait entamé, dès son arrivée à Tripoli, une carrière parallèle : celle d’agent multiple.
Selon les innombrables publications sur le darknet, l’homme aurait travaillé pour de nombreuses agences de renseignement, «notamment libyennes, françaises et saoudiennes» et «poursuivi son travail d’agent après avoir été reconnu comme réfugié politique à Londres». Le rapport slovène attire l’attention sur le fait que «ce réfugié algérien établi dans la capitale britannique collabore jusqu’à présent avec les services de renseignement de nombreux pays, y compris les renseignements algériens». Le document confidentiel précise que «cette personne fournit régulièrement des rapports gratuits à certains pays et maintient jusqu’à présent des contacts directs avec les services de renseignement saoudiens, algériens, français et russes».
Le rapport ne mentionne pas le nom de l’agent algérien, mais le recoupement des données ne laisse aucun doute sur son identité : il s’agit clairement du tristement célèbre Larbi Zitout.
Pour rappel, la police britannique enquête sur un réseau de blanchiment d’argent et d’activités liées à une entreprise terroriste dirigé par Larbi Zitout. Selon des sources concordantes, d’autres membres de cette nébuleuse proche du FIS, le parti extrémiste dissous, et de ses bras armés, le GIA et le FIDA – fondé par Mourad Dhina – sont dans le collimateur de la police britannique.
L’ouverture d’une enquête à Londres s’inscrit dans le prolongement de l’affaire de l’acolyte de Larbi Zitout installé en Suisse, Fateh alias Ghani Mehdi. Le 3 mai dernier, le ministère public de la Confédération helvétique s’est, en effet, saisi du dossier de cet escroc suite à une plainte déposée à son encontre par le journaliste algérien exilé en Grande-Bretagne Saïd Bensedira. Ce dernier avait affirmé avoir reçu une convocation dans ce sens de la Police judiciaire fédérale.
Le plaignant avait, par ailleurs, précisé que la plainte était au préjudice de Mahdi Fateh résidant à Sion, en Suisse, Fateh étant le véritable nom de Ghani Mahdi. Un subterfuge, expliquait Bensedira, dont se servent les responsables de Rachad pour échapper au fisc et à toute poursuite en cas de découverte de leur trafic. Larbi Zitout, de son vrai nom Mohamed, détenteur de quinze sociétés, use du même stratagème pour tromper l’administration fiscale britannique.
En mars dernier, le lanceur d’alerte algérien installé à Montréal Rafaa avait divulgué de graves secrets que lui a révélés un ancien proche de Larbi Zitout sur la gestion de l’argent qui circule en centaines de milliers d’euros chez cette organisation. «Des gens qui étaient très proches de Zitout et qui s’en sont démarqués ont pris attache avec moi et m’ont envoyé des enregistrements, des documents, des relevés bancaires et des échanges de courriers électroniques qui révèlent l’étendue du trafic», avait-il révélé. Il s’agit d’un détournement des cotisations via PayPal qui transitent par plusieurs pays – Canada, Grande-Bretagne, Suisse, France et Koweït – avant d’atterrir en Algérie. Seule une partie de cet argent est redistribuée, avait-il fait savoir. Les comptes PayPal de Rachad ont été bloqués, ont indiqué des sources informées.
W. K./H. A.
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