Les enjeux internationaux du retour de Lamamra aux Affaires étrangères
Par Nabil D. – Le président de la Commission de l’Union africaine s’est félicité de la nomination de Ramtane Lamamra, Haut Représentant de l’Union africaine pour faire taire les armes, comme ministre des Affaires étrangères suite à la formation du nouveau gouvernement, lit-on dans un communiqué officiel rendu public par l’institution panafricaine. Moussa Faki Mahamat a tenu à souhaiter «pleins succès» au successeur de Sabri Boukadoum, tout en l’assurant du «soutien total» de la Commission de l’Union africaine et de sa «disponibilité à œuvrer avec lui pour la réalisation des Aspirations de l’Agenda 2063».
Ainsi, la désignation de Ramtane Lamamra au poste de ministre des Affaires étrangères en Algérie est perçue comme une victoire pour toute l’Afrique. Son retour aux affaires dans son pays a soulagé le président de l’UA qui y voit un atout majeur dans le parachèvement des grands projets africains visant à sortir le continent du sous-développement à long terme, grâce aux efforts auxquels le diplomate algérien chevronné concourra avec une grande efficacité.
Ce soutien que l’Union africaine vient d’apporter au nouveau ministre des Affaires étrangères suscitera, à n’en point douter, des frictions au Maroc qui considère le retour de Lamamra comme un échec amer pour le Makhzen qui voit ainsi ses projets contrariés par la présence au sein du gouvernement algérien d’un chef de la diplomatie au carnet d’adresses rempli et qui jouit du respect de ses pairs, aussi bien au niveau des Etats qu’au sein des instances et organismes internationaux.
Ce n’est pas pour rien que Ramtane Lamamra a été nommé par le gouvernement suédois au sein du Conseil d’administration de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm en avril 2020. Le choix du diplomate algérien a provoqué une urticaire chez les Marocains qui ont essayé, vainement, de le discréditer à travers leurs médias inféodés à la DGED de Yassine Mansouri et à la DGST d’Abdellatif Hammouchi. A vrai dire, la campagne contre Ramtane Lamamra avait commencé bien avant, lorsque les agents marocains infiltrés au sein du mouvement de contestation populaire en Algérie avaient manipulé l’opinion publique algérienne en lui faisant scander des slogans hostiles à celui que Rabat considère comme sa bête noire.
Le retour de Ramtane Lamamra intervient dans un contexte de fortes tensions entre l’Algérie et le Maroc. Les nombreuses mises en garde du président Tebboune ont été appuyées par celles du chef de l’état-major de l’armée qui, lors de sa supervision d’un exercice militaire d’envergure à munitions réelles, effectué près des frontières avec le Maroc, et à partir de Moscou où il s’est rendu récemment, a clairement pointé du doigt le régime monarchique belliqueux de Rabat et ses deux principaux soutiens, les Etats-Unis et la France, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, en direction desquels il a lancé un véritable tir de sommation.
Ramtane Lamamra a donc été appelé en renfort pour consolider le front face aux menaces réelles qui guettent le pays à partir du Maroc dont un Hercule C-130 vient de se poser sur le tarmac d’un aéroport militaire israélien avec, à son bord, un avion de chasse de type F-16. L’aéronef de l’armée de l’air marocaine doit participer à une manœuvre à laquelle vont participer les armées des pays arabes qui viennent de normaliser avec l’entité sioniste. Comme l’Africa Lion 2021 dont l’objectif était de s’entraîner sur les systèmes de défense anti-aériens de l’armée algérienne, l’exercice dirigé par Israël visera l’Iran.
N. D.
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