Elisabetta Belloni : cette dame de fer qui dirige les services de renseignement italiens
De Rome, Mourad Rouighi – Sitôt promu à la présidence du Conseil au début de l’année, Mario Draghi a, avec grand scrupule, procédé à nombre de nominations stratégiques dans les domaines les plus divers, déterminant ainsi sa volonté de marquer de son empreinte le nouveau cours de l’Exécutif italien.
Parmi ces choix, le plus révolutionnaire a été, selon moult commentateurs, de nommer pour la première fois une femme à la tête de la coordination des services de renseignements italiens, tant internes qu’extérieurs.
Elisabetta Belloni, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a été choisie, nous a-t-on assuré, par le président du Conseil pour sa grande compétence, convaincu qu’il pouvait, pour la circonstance, compter sur un large consensus au sein des partis politiques, d’opposition comme de majorité, tant son aura et sa rigueur sont reconnues de tous.
D’un charme certain, cette diplomate chevronnée hérite ainsi d’un strapontin qui la propulse sur le devant de la scène, même si elle a toujours préféré «les reflets des coulisses».
Son long parcours aidant, elle aura à cœur de réussir sa mission, en renouant avec les axes traditionnels de la politique sécuritaire italienne.
Romaine, elle fait valoir un diplôme avec mention en sciences politiques à l’université Luiss et, en 1985, elle commence une brillante carrière diplomatique, occupant des postes dans des ambassades italiennes, dans les représentations permanentes à Vienne et Bratislava et dans les directions générales du ministère des Affaires étrangères.
De 2004 à 2008, elle dirige la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, gérant le rapatriement des touristes italiens durant la phase du tsunami dans le sud-est asiatique et supervisant les efforts des cas d’enlèvements de ressortissants italiens en Irak et en Afghanistan.
Jusqu’en 2013, elle est directrice générale de la coopération au développement, puis promue directrice générale des ressources et de l’innovation.
Depuis juin 2015, elle occupe le poste-clé de chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Paolo Gentiloni, et, en avril 2016, elle devient secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères, la première femme à occuper ce poste.
Très à l’aise sur le dossier libyen, elle voue un grand respect pour notre pays, qu’elle a visité de nombreuses fois. Une source à Rome nous soulignera maintes fois son admiration pour l’histoire récente du peuple algérien et son admiration toute particulière pour la lutte courageuse des femmes durant la période du fanatisme terroriste des années 90.
Travaillant en parfaite harmonie avec le ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, elle aura à gérer plusieurs dossiers en Méditerranée et dans le Sahel et la récente nomination de Ramtane Lamamra au poste de chef de la diplomatie nationale la prédispose, elle qui en apprécie la stature internationale et la capacité de trouver des solutions, à favoriser l’axe Rome-Alger sur tous les plans et à tous les niveaux, à commencer par les contours du contexte régional.
Et bien que la conjoncture internationale soit des plus turbulentes, comme le prouvent les récentes menaces de Daech, au lendemain du sommet de G20 de s’en prendre directement à la capitale italienne, Elisabetta Belloni a prouvé par le passé qu’elle savait maintenir le cap et affronter toutes sortes de défis.
M. R.
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