Scandale d’espionnage : l’israélien NSO Group jette la patate chaude au Maroc
Par Mohamed K. – «Il y a certains cas qui ont été révélés, qui nous mettaient dans l’embarras et nous avons commencé par passer en revue les faits. Cela fait partie du processus que nous mettons en place avec nos clients. Puis, nous allons avoir une discussion poussée avec notre client [le Maroc, ndlr] pour tenter de comprendre la raison pour laquelle il a utilisé le système», a affirmé Haim Gelfand, responsable de la conformité de la firme israélienne NSO Group à la chaîne israélienne i24.
«Nous mettons en place des processus minutieux avant de décider à qui nous allons vendre nos systèmes», a-t-il ajouté, en précisant que «parmi ces modalités, nous devons comprendre les procédures en vigueur dans chaque pays pour pouvoir utiliser le système et si nous sentons que nous n’avons pas la latitude nécessaire en termes de vue d’ensemble des décisions pour utiliser le système, alors nous ne le vendons pas au client.»
«Nous continuons à essayer de déterminer tous les faits et cela remonte à plusieurs années», a souligné Haim Gelfand, selon lequel «il faut du temps pour tout passer en revue». «Le fait qu’un militant ou un journaliste ait été la cible d’un système comme celui-ci est automatiquement considéré comme un détournement», a-t-il fait savoir, avant d’atténuer son propos, en tentant, sans doute, d’éviter à son client marocain de subir les contrecoups de cette affaire, d’autant que le Makhzen est suspecté d’avoir espionné, y compris le président français, Emmanuel Macron, lui-même. C’est, d’ailleurs, dans le but de se dédouaner par rapport aux 1 000 journalistes et politiciens français dont les téléphones ont été infectés que ce responsable de la firme israélienne a dû se justifier.
«Il n’y a pas d’impunité totale pour les journalistes et les militants, ils peuvent parfois être impliqués dans des affaires, que ce soit ou non en lien avec leur activité qui pourrait être une des raisons pour lesquelles ils [les régimes politiques acquéreurs du logiciel d’espionnage Pegasus auprès de l’israélien NSO Group, ndlr] sont autorisés à utiliser le système. C’est toujours très difficile de déterminer les faits et de comprendre s’il y a eu un détournement ou pas», a-t-il justifié, en effet, dans une sorte de tentative de réparer les pots cassés et de minimiser l’impact du scandale révélé au grand jour par Forbidden Stories, le consortium de journalistes, dont la rédactrice en chef, Sandrine Rigaud, a déclaré, sur la chaîne de télévision France 5, ce mercredi, que des responsables de la firme israélienne s’étaient rendus à Riyad pour signer le contrat d’achat du système incriminé par les autorités saoudiennes.
Cela prouve, selon elle, que des relations existent depuis longtemps entre l’Arabie Saoudite et Israël, d’autant que la vente d’un tel logiciel de télécommunications hautement stratégique n’a pas pu se faire sans l’aval de l’ancien Premier ministre Benyamin Netanyahou. C’est, en toute vraisemblance, grâce à ce logiciel que les services secrets de Mohammed Ben Salmane traquaient le journaliste Jamal Khashoggi, sauvagement assassiné à l’intérieur du consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul, en Turquie. Le crime demeure impuni à ce jour.
M. K.
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