Kaïs Saïed s’octroie les pleins pouvoirs : vers une guerre civile en Tunisie ?
Par Nabil D. – Le Président tunisien a annoncé le gel des activités du Parlement et s’est octroyé les pleins pouvoirs, lors d’une réunion tenue avec la hiérarchie militaire, ce dimanche en début de soirée. Kaïs Saïed a mis en garde des cercles qui cherchent à provoquer une guerre civile en Tunisie, sans les nommer, mais il fait clairement allusion aux islamistes d’Ennahdha et à leur chef de file, Rached Ghannouchi, qui dénonce un «coup de force». Il a laissé entendre, comme s’il exprimait un regret, que si la Constitution le permettait, il aurait carrément dissous l’Assemblée.
L’immunité parlementaire de tous les élus a été levée dans la perspective de procès qui seront engagés à l’encontre d’un certain nombre d’entre eux. Le chef du gouvernement a été démissionné et sera remplacé par un Premier ministre qui sera comptable de ses actions au président de la République et non plus au Parlement.
«La Tunisie vit les pires moments de son histoire», a affirmé le chef de l’Etat tunisien, qui avait lancé un premier avertissement, il y a quelques semaines, à l’endroit de responsables à qui il avait reproché, dans des termes acerbes, de bloquer les institutions et d’entraver le travail de la présidence de la République.
La pandémie du Covid-19 fait des ravages dans ce pays exsangue, depuis le renversement du régime de Ben Ali en janvier 2011. Plusieurs pays sont venus en aide au gouvernement tunisien qui fait face à une situation désastreuse, sur tous les plans, aggravée par la crise sanitaire.
Quelle sera la réaction du président du Parlement et de son parti majoritaire ? La Tunisie est entrée dans une crise politique profonde qui risque de déboucher sur des actes de violence. L’armée, qui a pris le parti de soutenir Kaïs Saïed, va-t-elle entrer en action pour juguler toute tentative de soulèvement des islamistes ?
Le Président tunisien a, en quelque sorte, déclaré l’état d’exception, «jusqu’à ce que la paix civile soit rétablie», a-t-il dit.
Affaire à suivre.
N. D.
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