Révélation : le FIS a dépêché un élément à Tunis pour lancer des actes terroristes
Par Houari A. – Un ancien membre de l’organisation de Rached Ghannouchi au début des années 1990 a révélé que l’ex-FIS avait dépêché un de ses responsables en Tunisie pour conseiller le chef de file des islamistes qui projetait de mener des actions armées contre le régime de Ben Ali, à l’époque. Cet ancien élément de l’organisation secrète d’Ennahdha, répondant au nom de Karim Abdeslam, a fourni de renseignements sur l’incendie criminel qui a ravagé le siège du Parti socialiste destourien à Bab Souika, à Tunis, le 17 février 1991, commandité par des responsables de la mouvance intégriste qui n’ont jamais été inquiétés par la justice tunisienne à ce jour.
S’exprimant sur la chaîne Sky News, cet ancien activiste a affirmé que l’attentat terroriste en question n’était pas un acte isolé, mais une action «planifiée de façon directe par les dirigeants d’Ennahdha». «Quand bien même ces derniers démentiraient leur implication, le fait est qu’ils avaient créé les conditions pour qu’un tel acte soit commis», a-t-il répondu à une question sur les responsables politiques affidés de ce mouvement qui ont nié tout en bloc. «Les Tunisiens sont en droit de connaître ce qu’il s’est passé durant cette période, car c’est une responsabilité collective, face à ces politiques qui parlent de crédibilité et qui doivent reconnaître des faits qu’ils ont commis par le passé», a-t-il ajouté.
Interrogé sur le rôle joué par Rached Ghannouchi dans les actions violentes, l’ex-membre de cette mouvance a répondu que le président du Parlement récemment déchu par le président Kaïs Saïed «faisait partie des décideurs d’Ennahdha lors du dernier congrès qu’ils avaient tenu avant de s’exiler». «L’ensemble de la direction du mouvement – présidence, comité exécutif et conseil consultatif – avait pris la décision d’entrer en confrontation avec le pouvoir», a-t-il poursuivi. «Des plans avaient été mis en place quelques mois après le congrès pour définir les personnalités et les lieux à cibler [par des actes terroristes]», a déclaré le témoin, selon lequel un élément du FIS avait été envoyé d’Algérie pour conseiller Rached Ghannouchi dans l’opération de mobilisation et de propagande qui devait précéder le passage à l’acte.
A la question «pourquoi avez-vous attendu trente ans pour révéler ces secrets et dénoncer le mouvement Ennahdha ?» l’intervenant a répondu que «c’est moins une question de dénonciation qu’une responsabilité historique envers le peuple tunisien». «Il s’agit de deux processus : le premier a consisté à vivre avec ce crime abject et à passer du remords à l’effort de faire cesser ce mal pour éviter qu’il se propage davantage, ceci sur le plan individuel ; sur le plan général, il n’est plus question que les mêmes personnes qui ont conduit le pays vers des affrontements sanglants pour le seul but d’arriver au pouvoir récidivent avec les mêmes mécanismes et les mêmes symboles», a-t-il souligné. Et de conclure : «C’est une responsabilité morale.»
Rached Ghannouchi n’a jamais nié sa collusion avec le FIS, mais il a semblé changer de cap lorsqu’il avait été invité en Algérie après les premières élections tunisiennes au lendemain de la chute du régime de Ben Ali en 2011. Toutefois, le patron d’Ennahdha ne s’est jamais confessé sur son passé terroriste et ses probables accointances avec les groupes islamistes armés algériens durant la décennie noire.
H. A.
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