Ministre sahraoui des AE à Marianne : «La France soutient un régime féodal»
Par Kamel M. – «La France doit le comprendre. Elle doit enfin accepter de dissocier son approche de la question du Sahara Occidental de ses relations conflictuelles avec l’Algérie. Hélas, ce n’est pas le cas et, aujourd’hui encore, elle se place aux côtés de ce régime [marocain, ndlr] désuet, autocrate et féodal comme elle l’a fait depuis si longtemps en Afrique. Et elle en paye le prix. Son image est ternie», a affirmé le ministre sahraoui des Affaires étrangères au magazine Marianne.
Interrogé sur les révélations mettant en cause le Maroc dans l’affaire Pegasus, Mohamed-Salem Ould-Salek a répondu que «l’espionnage est un crime contre le gouvernement sahraoui» et que, pour le Front Polisario, il est «l’un des aspects de la guerre que le Maroc a lancée depuis 1975» contre le Sahara Occidental. «Pegasus suscite une vague d’indignation dans le monde, mais nous ne sommes pas surpris. Voilà des décennies que le Maroc piétine la légalité internationale. Pegasus, c’est l’aspect le plus soft de l’occupation que nous subissons», a-t-il insisté.
Si l’espionnage via le logiciel israélien Pegasus a touché des personnalités sahraouies, c’est parce qu’il constitue le «sujet central» pour le Maroc, pense le ministre sahraoui. «Même ceux qui soutiennent le régime alaouite dans son aventure militaire périlleuse sont espionnés», a-t-il fait remarquer, en ajoutant qu’«aujourd’hui, le Maroc doute de tout le monde, de ses voisins, de ses alliés [et même] de ses amis qui, depuis des années, bloquent au Conseil de sécurité de l’ONU la voie vers un véritable référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara Occidental».
«Après quarante-cinq ans, ni la communauté internationale ni l’Union européenne et pas plus l’Union africaine n’ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental», a assuré Mohamed-Salem Ould-Salek qui pense que Mohammed VI est «moins réaliste que son père». «Hassan II avait pris la décision de nous faire la guerre, mais il était aussi réaliste et avait accepté l’idée du référendum pour faire la paix. Malheureusement, avec son fils, nous sommes face à un régime persuadé qu’il gagnera par les armes, toutes les armes, dont, bien sûr, l’espionnage, mais aussi l’utilisation de la drogue ou la menace migratoire», a-t-il expliqué.
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a conclu que si Donald Trump a «validé» l’occupation du Sahara Occidental avant de quitter la Maison-Blanche, «ce n’est pas la position de l’administration Biden».
K. M.
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