Ténébreux ultimatum
Par Rabah Toubal – L’appel lancé à la veille de la visite du ministre israélien des Affaires étrangères au Maroc par le monarque alaouite au président Abdelmadjid Tebboune pour une ouverture «immédiate» de la frontière terrestre, dont la fermeture occasionne un manque à gagner au royaume de plus de trois milliards de dollars, sonne plus comme un ténébreux ultimatum que comme une affable invitation à une rencontre entre dirigeants des deux pays, pour discuter sereinement et sérieusement des problèmes et contentions existant entre eux.
Notamment depuis 1994, date de la fermeture de cette frontière par l’Algérie, à la suite des accusations mensongères, précipitées et non fondées émanant du Maroc, concernant l’attentat terroriste qui a eu lieu à Marrakech et que le Maroc a injustement attribué aux services de sécurité algériens.
Cet ennemi historique de notre pays a également dépossédé de leurs biens meubles, immeubles, fonciers et financiers et expulsé de nombreuses familles algériennes installées depuis plusieurs décennies au Maroc.
L’invitation empoisonnée de Mohammed VI indique donc clairement qu’après des campagnes diplomatiques et médiatiques féroces, agressives et ouvertement hostiles, relayées par ses alliés israélien, arabes et de l’Occident, rarement égalées, contre notre pays, en s’ingérant directement dans ses affaires internes pour porter atteinte à son unité et sa souveraineté ou à l’encontre de pays comme l’Allemagne et l’Espagne et de pays africains, asiatiques et sud-américains notamment, qui ne partagent pas la position indéfendable de l’occupant marocain sur le Sahara Occidental et après avoir espionné, grâce au programme israélien Pegasus, les dirigeants de pays ennemis et amis, il recourt aujourd’hui à la ruse, la roublardise et la fourberie, les plus grotesques et non moins dangereuses, dont le Makhzen nous a toujours habitués.
Les dirigeants civils et militaires algériens ne sont pas dupes.
Le monarque marocain, qui est apparu, à l’occasion de son discours, dans une santé très précaire, aurait été plus crédible et sérieux s’il avait commencé par présenter des excuses sincères de son pays au peuple et à l’Etat algériens pour le comportement lâche et indigne des autorités de son royaume en 1994.
Décidément, Mohammed VI a raté une occasion de se taire.
R. T.
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