Ce que l’Algérie «cherche» en Tunisie selon un site tunisien édité à Londres
Par Nabil D. – «L’Algérie ne cherche pas à afficher publiquement une quelconque loyauté. Elle cherche plutôt à empêcher la Tunisie d’être entraînée dans la guerre par procuration des Etats du Golfe qui a considérablement exacerbé le conflit dans la région. Alger veut avoir la garantie que, quoi qu’il en ressorte du coup d’Etat de Saïed, les Emirats arabes unis ne pourront pas influencer la Tunisie en faveur de sa politique étrangère», lit-on dans une analyse d’Inside Arabia, un site anglophone édité à Londres et proche de la mouvance islamiste.
«Alors que les Emirats arabes unis étendent leur influence sur des questions régionales d’une importance exceptionnelle pour l’Algérie – Maroc, Libye et Tunisie –, il y a des rumeurs dans le discours public algérien selon lesquelles les Emirats arabes unis commencent à encercler l’Algérie», estime l’auteur de la tribune, qui ajoute que «le sentiment général est que toute complaisance de la part d’Alger conduira Abou Dhabi à exacerber une situation intérieure volatile en Algérie même». «Avec la portée d’Abou Dhabi couvrant désormais presque tous les Etats d’Afrique du Nord, on a le sentiment que si le coup d’Etat de Saïed réussit, l’Algérie sera la prochaine», note le site, selon lequel «Alger reste en état d’alerte sur la situation tunisienne et ses retombées potentielles, et seul le temps révélera si de telles craintes sont fondées».
«L’Algérie a souvent exprimé publiquement son mécontentement et son inquiétude face aux règlements de comptes entre les Etats du Golfe sur le territoire nord-africain. Si l’Algérie n’a jamais été favorable aux révolutions du printemps arabe, elle s’est néanmoins adaptée à la dynamique changeante. Elle a notamment ajusté ses relations extérieures et respecté les nouvelles institutions démocratiques émergentes en Tunisie. Et elle a maintenu des liens avec les parties en conflit en Libye pendant la transition démocratique initiale et son effondrement ultérieur dans la guerre civile», relève le site. «Cependant, poursuit-il, Alger n’apprécie pas l’ingérence du Qatar et des Emirats arabes unis dans ce qu’il considère comme son propre terrain de prédilection.»
«Le Qatar, relève Inside Arabia, a soutenu des alliés dans la région avec lesquels Alger n’est pas à l’aise. Pendant ce temps, les Emirats arabes unis ont cherché à transformer les Etats d’Afrique du Nord en mandataires pour régler leurs comptes avec le Qatar et les alliés de Doha, ainsi qu’à étendre leur propre influence maritime et leur influence internationale.» «Les deux agendas sont perçus comme des menaces à Alger», soutient-il, en estimant que «du point de vue d’Alger, la prise de pouvoir de Saïed menace de faire de la Tunisie un huitième émirat des Emirats arabes unis à exercer par Abou Dhabi afin de garantir des gains de politique étrangère en Afrique du Nord aux dépens de l’Algérie».
N. D.
Comment (10)