Mohammed VI veut aller plus loin dans la normalisation avec Israël
Le roi du Maroc, Mohamed VI, a adressé, vendredi, une lettre au président de l’entité sioniste, Isaac Herzog, dans laquelle il exprime son souhait d’aller plus loin dans la normalisation des relations, et ce, en dépit du rejet exprimé plus d’une fois par la rue marocaine.
«Je me réjouis des mesures prises pour la reprise des contacts entre nos deux pays. Je suis convaincu que nous allons pérenniser cet élan afin de promouvoir les perspectives de paix pour tous les peuples de la région», a écrit Mohammed VI en réponse à une missive signée par le président de l’entité sioniste et remise par son ministre des Affaires étrangères, au cours de sa récente visite à Rabat.
Le Maroc et l’entité sioniste ont annoncé, entre autres, l’ouverture de représentations diplomatiques et l’échange de visites officielles dont probablement celle du monarque lui-même. Dans sa lettre, le roi du Maroc a dit espérer que le «renouvellement des liens entre les pays encouragera la paix régionale».
Mohammed VI, qui assure la présidence du comité El-Qods, organisme chargé de veiller sur les lieux saints de l’islam dans la vieille cité, n’a, cependant, pas réagi lorsque les Palestiniens subissaient la répression des forces israéliennes dans la ville d’El-Qods au printemps dernier.
La normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste a été décidée dans le cadre d’un deal garantissant au Maroc la reconnaissance par l’ex-président américain, Donald Trump, de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Le rapprochement entre le Maroc et l’entité sioniste a été pourtant massivement rejeté par la rue marocaine. Plusieurs manifestations dénonçant la normalisation ont été organisées dans différentes villes du royaume, certaines d’entre elles ayant été brutalement réprimées.
Au mois de mars dernier, «le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation» a été créé par des associations marocaines activant dans différents domaines. Un mois plus tôt, le Groupe d’action national pour la Palestine au Maroc avait appelé à renouveler la mobilisation continue des Marocains pour organiser des rassemblements populaires d’envergure contre l’accord de normalisation, qui menace la stabilité de toute la région, dénonçant «la politique du chantage et de diabolisation menée par le régime contre les Marocains libres qui rejettent toute relation avec l’entité sioniste».
Le président de l’Observatoire marocain contre la normalisation, Ahmed Wihmane, quant à lui, a qualifié de «désastre» la normalisation des relations entre le régime marocain et l’entité sioniste. Plus récemment, le secrétaire général de l’Observatoire marocain contre la normalisation, Aziz Hanawi, s’est interrogé dans une tribune postée sur Facebook si le Maroc ne faisait pas office d’antenne diplomatique israélienne en Afrique, et ce suite à la publication d’un article de la MAP qui a qualifié l’attribution de la qualité d’observateur à Israël auprès de l’Union africaine (UA) d’«échec pour la diplomatie algérienne».
«Le retour d’Israël à l’UA comme observateur est-il pour autant une victoire diplomatique pour le Maroc ?» s’est encore demandé le secrétaire général de l’Observatoire marocain contre la normalisation en s’adressant à l’auteur de l’article.
Estimant que «cet article officiel» publié sur le site de la MAP était un autre scandale qui vient s’ajouter à la série des scandales du royaume marocain, Hanawi a cité, entre autres scandales, celui de Bourita lors de son passage à «Aipac» (Comité américano-israélien des affaires publiques), le scandale de l’ambassadeur du Maroc aux Nations unies, Omar Hilale, et ses positions «pro-sionistes» ainsi que son soutien à «l’autodétermination de la Kabylie», outre les scandales de Bayoud, le responsable du bureau de liaison du Maroc à Tel-Aviv.
«Le Maroc dont le souverain préside le comité El Qods est-il tombé aux mains d’une bande de responsables qui activent comme s’ils représentaient le gouvernement de Tel-Aviv et non de celui de Rabat?» s’est-il également interrogé.
R. I.
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