L’appel maladroit de Youcef Belmehdi aux imams algériens détachés en France
De Paris, Houari A. – L’appel du ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmehdi, aux imams détachés pour «contrer la campagne féroce qui cible l’Algérie» passe mal en France. Non que les autorités françaises y aient réagi, mais parce que les fidèles algériens refusent que la mosquée devienne un lieu de politique et crée ainsi des dissensions et des conflits entre musulmans vivant en bonne intelligence dans ce pays européen. «Nous peinons déjà à contrer l’islamophobie rampante dans ce pays, bien que nous soyons tous concernés, quelle que soit notre nationalité, et cet appel achèvera de diviser nos rangs face à la guerre sans merci qui est menée aux musulmans par les milieux d’extrême-droite et une certaine classe politique», réagit un Algérien pratiquant qui accomplit sa prière régulièrement à la Grande Mosquée de Paris.
Une source religieuse a, de son côté, expliqué qu’un imam algérien ne peut pas parler d’Algérie devant un parterre de fidèles issus d’autres pays musulmans. «Parfois, près de 80% des pratiquants sont issus du Maroc dans certaines régions de France, alors que l’imam est algérien, comment voulez-vous que ce dernier teinte son prêche de politique, qui plus est dirigée vers le pays voisin au risque de provoquer des heurts à l’intérieur même du lieu de culte ?» interroge, dubitatif, notre interlocuteur. «La communauté musulmane ici en France est éloignée de la politique, elle vit ses propres problèmes qui sont d’ailleurs nombreux et elle est déjà assez éprouvée comme ça par toutes les avanies qu’elle subit tous les jours, sans compter les problèmes d’ordres financier et économique aggravés par la crise sanitaire qui a frappé les musulmans de plein fouet», renchérit un citoyen algérien.
«Nous défendons l’Algérie et répondons à ceux qui lui portent atteinte à chaque fois que l’occasion nous est donnée, mais nous ne pouvons pas créer une dichotomie au sein de la communauté musulmane car cela la fragilisera davantage», ajoute un pratiquant qui soutient l’idée que «les problèmes politiques doivent être traités hors de la mosquée qui transcende les nationalités, les races et les obédiences». «L’appel du ministre n’aura pas d’écho ici en France et cela ne veut pas dire que les Algériens qui vivent dans l’Hexagone n’aiment pas leur pays, ni ne le défendent pas, mais le fait est que ces questions créent des divisions, y compris parmi les Algériens», soutient un concitoyen qui appelle à «l’union des musulmans en France pour affronter l’hydre extrémiste qui veut faire parvenir Marine Le Pen et Eric Zemmour au pouvoir en 2022».
H. A.
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