Les médias marocains endiablent ou quand Belani fait trembler le Makhzen
Par Kamel M. – Comme il fallait s’y attendre, le Makhzen a actionné sa machine de propagande contre le conseiller du ministre des Affaires étrangères, Amar Belani, chargé de la question sahraouie. En confiant cette mission à l’ancien ambassadeur à Bruxelles, Ramtane Lamamra a voulu faire comprendre au régime de Rabat que, désormais, c’est à un suivi permanent que ce dossier sera soumis pour en finir avec quarante ans de fuite en avant de la communauté internationale. C’est que le Maroc a reçu deux coups en même temps : le retour de Belani aux affaires et la nomination d’un envoyé spécial russe au Sahara Occidental.
«L’Algérie se couvre de ridicule», titrent les médias marocains qui ont reçu l’ordre de tirer à boulets rouges sur le conseiller de Lamamra qui semble donner des nuits blanches à Bourita et Mansouri. Amar Belani reçoit une volée de bois vert pour avoir exposé dans la presse algérienne, dans un article signé par lui, les grands axes de la nouvelle politique étrangère algérienne sous la conduite du chevronné Ramtane Lamamra. Dans ledit article, pourtant, aucun passage n’égratigne le Maroc qui n’est d’ailleurs aucunement cité. Pourquoi cette réaction de la vierge effarouchée ? «Le régime de Rabat reçoit coup sur coup et s’accroche à n’importe quelle illusion pour se mentir à lui-même en cherchant à transformer sa déconfiture diplomatique en victoire», explique une source diplomatique.
«Le Makhzen a reçu une double gifle douloureuse à laquelle il ne s’attendait pas», fait savoir notre source, selon laquelle «ni la rupture des relations ni la résiliation du contrat du gazoduc qui relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc n’ont été inscrits par les analystes, les conseillers de Mohammed VI, sa diplomatie et ses services de renseignements dans leurs rapports soumis au roi». «Le régime de Rabat panique et la dernière déconvenue vécue par le Premier ministre islamiste, Saâd-Eddine El-Othmani, malmené en pleine campagne électorale, accentue cette peur d’une implosion sociale au Maroc qui a perdu et l’Espagne et l’Algérie en même temps, ces deux pays ayant fermé leurs frontières devant les millions de Marocains qui tirent le diable par la queue et trompent la misère grâce à la contrebande jusque-là tolérée par Madrid et Alger pour ne pas laisser mourir de faim des familles entières abandonnées par le pouvoir central», explique notre source.
«De plus, poursuit-elle, le régime marocain sait qu’il n’est pas au bout de ses peines et que les semaines et les mois à venir s’annoncent houleux.» «L’hiver arrive et les Marocains vont devoir faire face sinon à une pénurie de gaz, du moins à une envolée exponentielle des prix qui privera la majorité de cette source d’énergie indispensable», prédit encore notre source, pour laquelle «la traque des éléments des mouvements Rachad et MAK, en Algérie et à l’étranger, réduira de façon substantielle la capacité de nuisance des services secrets marocains qui croyaient avoir réussi leur plan de déstabilisation, si bien qu’ils ont estimé qu’il était temps que le représentant du Maroc à New York affiche ouvertement le soutien de Rabat à l’indépendance de la Kabylie dans un forum aussi important que les Nations unies».
C’est pour ces raisons et d’autres que les tenants du pouvoir à Rabat éclatent en invectives contre Amar Belani, défenseur attitré et d’une redoutable efficacité de la cause sahraouie qui aura freiné leurs dévorantes ambitions dans la région. Ils savent que la riposte de l’Algérie sera sans pitié et qu’elle n’en est qu’à ses débuts.
K. M.
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