Le MAK squatte la Diada catalane dans sa quête éperdue d’une planche de salut
Par Houari A. – Le MAK a étalé son étendard à Barcelone, ce samedi 11 septembre, jour de la fête nationale catalane. En voulant ainsi s’exhiber parmi des dizaines de milliers de Barcelonais brandissant leur drapeau propre, le mouvement de Ferhat Mehenni n’a fait que confirmer sa représentativité quasi nulle, seules deux personnes étaient envoyées sur place pour participer à une manifestation à laquelle cette organisation, désormais classée terroriste, n’était assurément pas conviée.
Acculé, menacé d’extradition, Ferhat Mehenni joue ses dernières cartes. Des observateurs ont, cependant, estimé que le fondateur du MAK n’est pas un enjeu majeur pour les autorités algériennes à partir du moment où ce mouvement est en train d’être démantelé en Algérie et que seule une poignée de militants fidèles à l’ancien chanteur continuent d’activer. L’arrestation de la «présidente» du Congrès mondial amazigh (CMA) a déstabilisé les animateurs de cette mouvance racialiste aussi bien en France, au Canada qu’au Maroc où elle jouit d’un soutien calculé des services secrets marocains.
Un observateur avisé a rappelé qu’en 2008 une polémique avait eu lieu autour du lieu de la tenue du 5e congrès de cette organisation transfrontalière, révélant ainsi des enjeux politiques majeurs. Prévu à Tizi Ouzou, le congrès a été déplacé à Meknès, ville gouvernée par Hassan Aourid, précise cette source, qui explique que ce dernier «représente un homme politique controversé qui allie tant une proximité avec le roi que des liens avec la revendication berbère». «D’autres personnalités proches du pouvoir marocain s’expriment au nom du comité d’organisation du CMA à Meknès, parmi lesquels Fouad El-Omari, frère d’Ilyas El-Omari, membre du mouvement politique de Fouad El-Himma, le plus proche conseiller de Mohammed VI», ajoute cette source.
«L’accueil plus que chaleureux offert à la tenue du rendez-vous du CMA sur les terres marocaines exprime pour certains une makhzénisation du mouvement, c’est-à-dire une prise en main de la revendication par l’Etat marocain», souligne encore cette source, selon laquelle les opposants, représentés par l’association Tamaynut, le Parti démocrate marocain, des militants du sud-est et de Souss, s’étaient alliés aux membres du MAK et avaient projeté un rassemblement à Tizi Ouzou comme prévu initialement». «Un double congrès s’était donc tenu du 30 octobre au 2 novembre 2008, l’un à Meknès, l’autre à Tizi Ouzou», rappelle cette source.
Le MAK, pratiquement réduit à néant, se cherche de nouvelles alliances hors Maroc depuis que les preuves sur le financement de cette organisation par Rabat s’amoncellent et que la vassalité de son président au régime monarchique de Mohammed VI ne souffre plus aucune ambiguïté. La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc décidée par l’Algérie aggrave le cas de Ferhat Mehenni qui, tout en perdant ses bases en Kabylie, se retrouve isolé et peu à peu abandonné par ses mentors qui lui assurent financements et propagande. La déclaration du premier secrétaire du FFS, ce samedi, sur cette mouvance dont il a affirmé que son parti n’a eu de cesse de mettre en garde sur sa dangerosité annihile l’unique argument sur lequel elle fonde son existence : une supposée oppression d’une minorité kabyle en Algérie.
Brandir un drapeau à Barcelone ne suffira assurément pas au MAK pour renaître de ses cendres qui fument à vue d’œil.
H. A.
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