Rabat accepte contraint la nomination de De Mistura comme envoyé personnel
Par Karim B. – Nous avons appris d’une source diplomatique algérienne que le régime de Rabat a accepté, malgré lui, la nomination de Staffan De Mistura comme envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Sahara Occidental. «Après avoir recalé une dizaine de candidatures et usé de subterfuges et de tergiversations, le royaume du Maroc a finalement été contraint d’accepter, sous la pression des membres du Conseil de sécurité, la candidature de Staffan De Mistura en qualité d’envoyé personnel d’Antonio Guterres.»
Les consultations sont en cours au sein du Conseil de sécurité en vue d’officialiser cette nomination qui va mettre fin au statu quo dont tirait parti l’occupant marocain, a-t-on encore appris auprès de la même source, selon laquelle «loin de la fiction du conflit régional que le Maroc essaye d’entretenir vainement et désespérément, le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU aura la charge de relancer sérieusement le processus politique à travers l’engagement de négociations directes entre les deux parties, le royaume du Maroc et le Front Polisario». Des négociations qui ne seront soumises à aucune condition préalable de la partie marocaine. «Les pourparlers devront être empreints de bonne foi, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental», indique notre source.
«En tant que pays voisin et observateur officiel du processus de paix, l’Algérie apportera tout son soutien aux efforts du secrétaire général et de son envoyé personnel pour trouver une solution définitive à ce conflit, conformément à la légalité internationale, afin que le peuple du Sahara Occidental puisse avoir la possibilité d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination», a conclu notre source autorisée.
Le Maroc avait rejeté officiellement Staffan De Mistura en tant qu’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental. Un article orienté, publié le 25 mai dernier, sur un site du Makhzen, avait prétendu que l’ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra «pourrait influencer De Mistura pour préparer déjà l’opinion marocaine au refus de cette candidature». L’article, diffusé il y a quelques semaines, plantait officieusement le décor avec une trame au niveau intellectuel de fable. Cette fable révélait l’embarras du Maroc à rejeter un médiateur impartial de réputation mondiale qui a prouvé sa compétence en Irak et en Syrie, entre autres.
«En vérité, cette décision injustifiée et injustifiable traduit la volonté du Maroc de ne plus participer à un processus, ni onusien ni africain, de paix au Sahara Occidental», avaient fait remarquer des sources proches du dossier, selon lesquelles le Maroc «se démasque». «Le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Union africaine doivent assumer leurs responsabilités et mettre fin à la prise en otage par le Maroc et des territoires sahraouis occupés et des prérogatives de l’ONU et de l’UA», s’indignaient ces sources.
Le régime marocain avait préparé le terrain à ce refus du diplomate italo-suédois en l’accusant ouvertement de parti pris pro-algérien. «On doit se souvenir que la fonction d’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Syrie avait failli être une question d’héritage. Au ministre algérien des Affaires étrangères Lakhdar Ibrahimi a succédé Staffan De Mistura, lequel devait laisser son poste à Ramtane Lamamra, autre ancien chef de la diplomatie algérienne. Et, dans une succession, les relations personnelles sont bien ajustées aux sympathies», lisait-on dans les médias marocains, qui pistaient les deux hommes [Lamamra et De Mistura] dont les chemins «se sont croisés de manière publique, à divers moments, pour diverses raisons, en divers lieux notamment, entre autres, à l’Institut international de Stockholm pour la recherche sur la paix (SIPRI) dont les positions et celles du pays d’accueil, à l’endroit du Maroc, sont notoires».
K. B.
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