Combien coûte la mal-gouvernance ?
Une contribution de Mourad Benachenhou – «Les décideurs devraient comprendre l’importance et les implications de la perception de la corruption comme un phénomène plus vaste dans lequel les acteurs privés ont une grande part de responsabilité, et nombre d’actes contraires à l’éthique qui peuvent être assimilés à la corruption ne sont pas nécessairement illicites ou ne se sont pas produits dans le secteur public. Par exemple, de nombreuses entreprises privées nationales et étrangères puissantes exercent une influence indue de façon à amener l’Etat à prendre des politiques, des lois et des règlements à leur avantage. En général, les problèmes fondamentaux de la gouvernance économique se situent à un niveau totalement différent – l’incapacité des instances dirigeantes à la fois dans les secteurs public et privé à agir efficacement et à améliorer l’exécution des programmes et à optimiser les résultats.» (Rapport sur la gouvernance en Afrique, 2016, p. 1)(*).
La citation en exergue de cette contribution, tirée du rapport établi par la Commission économique pour l’Afrique, n’a pas reçu l’écho qu’elle méritait tant dans les déclarations des responsables politiques que dans les médias.
Un rapport-réquisitoire objectif, profond, franc et sans ambiguïté
Et pourtant, ce rapport, rédigé par une équipe d’experts africains et soumis à l’approbation des autorités politiques concernées, constitue, par le caractère détaillé de ses analyses, fondées sur des données chiffrées et des évaluations qualitatives, un document essentiel et une source précieuse de recommandations et de conseils aux dirigeants des pays africains dont, évidemment, l’Algérie, et alors que celle-ci tente de se guérir du lourd héritage de la mal-gouvernance qui a caractérisé le règne sans partage de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, démissionné, mais non encore frappé de déchéance, bien que reconnu officiellement comme «chef de bande» des hauts responsables politiques actuellement sous le coup de la justice.
La brutale franchise de ce rapport, de caractère officiel, surprend, car il a été élaboré par une institution internationale et a été soumis, sans doute, à des diplomates dont l’objectif est de défendre, envers et contre tous, et en dépit des faits concrets qui prouveraient le contraire, l’image de marque de leurs pays comme du continent où il est placé.
Pourtant, on ne retire, à la lecture approfondie du texte, aucun sentiment de «déjà lu», aucune perception d’un quelconque indice «d’autocensure» de la part des rédacteurs. Est-ce le signe que finalement les dirigeants politiques du continent auraient trouvé, selon le vocabulaire religieux «leur épiphanie» et découvert leur «chemin de Damas», menant au pardon divin ? Ou est-ce une manifestation supplémentaire du cynisme des «puissants» qui aiment, de temps à autre, jouer à ceux qui n’ont pas peur de reconnaître leurs torts, non, hélas ! pour se corriger, mais pour rehausser leur image auprès de l’opinion publique, tout en continuant à jouir du privilège de l’impunité qui accompagne leur position au sommet de la «chaîne alimentaire», tels les carnassiers de la brousse ?
Faute de changements profonds et globaux dans le comportement des tenants du pouvoir, on ne peut qu’émettre des doutes sur l’impact que ce rapport a eu, a ou aura, sur le style de gouvernance actuellement pratiqué dans l’écrasante majorité des pays du continent, y compris dans notre pays.
Faut-il considérer ce document comme un simple exercice intellectuel sérieux, certes, mais également futile car il ne déclenche pas automatiquement le mouvement de réformes profondes auxquelles il appelle ?
On ne peut pas plaider son inutilité, car il va au fond du mal qui frappe les pays du continent et constitue un pas vers la prise de conscience de l’urgence de ces réformes qui rompent avec les pratiques passées et ouvrent la voie à un horizon où l’espoir remplace la désespérance et l’exacerbation de la misère, sources d’instabilité et nourricière de toutes sortes d’extrémismes qui trouvent leur terreau fertile dans les frustrations d’une vie dans un tunnel sans lumière à son bout !
Donc, ce document demeure une œuvre utile à lire, à étudier et à commenter, d’autant plus qu’il met le doigt sur la double plaie dont souffre le continent, à savoir la mal-gouvernance et la corruption et montre la communauté de leur nature, qui prouve que les remèdes qui pansent et guérissent l’une font également disparaître l’autre.
Séparer la mal-gouvernance de la corruption perpétue l’une et l’autre
Or, conventionnellement, les Etats adoptent la démarche qui consiste à séparer les deux calamités et à confier à des institutions spécifiques la lutte contre la corruption comme si elle était causée, non par les défauts du système de gouvernance, mais par la déviance et «l’esprit criminel» de certains tenants du pouvoir, ne reflétant en rien les déficiences du système de gouvernance.
Le document prouve que cette vision par laquelle les maîtres du pays «plaident l’innocence» et agitent le glaive de la «justice indépendante» fait partie des «ruses du pouvoir» où la responsabilité des actes nocifs aux intérêts nationaux est mise sur «quelques brebis galeuses», sans que cela dicte de profonds changements dans les pratiques de la gouvernance.
C’est en fait une réaction de fuite devant les responsabilités que de considérer que mal-gouvernance et corruption appartiennent à deux mondes différents, deux genres séparés qui doivent, donc, être abordés et corrigés séparément et indépendamment l’un de l’autre. Cette conception, assise sur des procédures et des pratiques indépendantes les unes des autres, donne l’illusion de solution, mais perpétue en fait la situation de déchéance des affaires du pays.
Le fil directeur du rapport gouvernance-corruption : deux faces d’une même pièce
Le fil directeur de ce document est donc la liaison entre mal-gouvernance et corruption : l’une ne va pas sans l’autre, et ces deux maladies qui freinent le développement économique et l’élévation tant du niveau de vie que des capacités d’innovation et de production nationale sont tellement inter-mêlées que le combat contre l’une signifie la disparition de l’autre.
Sans mal-gouvernance, la corruption devient un phénomène marginal, ressortissant de la criminalité individuelle, et donc du fait divers sans impact autre que sur les personnes directement impliquées. Sans corruption, les ressources nationales, qu’elles soient humaines ou naturelles, sont exploitées au mieux de leur potentiel, et l’accroissement du niveau de revenu que cette efficience et cette efficacité entraîne donne à chacun le revenu lui permettant de vivre dignement, et sans avoir à soutirer de ses fonctions des indus avantages au détriment de la collectivité qu’il sert, qu’elle soit publique ou privée.
Déclarations cyniques d’opportunistes politiques sans convictions, ni foi
La bonne gouvernance ne se réduit pas au respect des règles morales ; elle va au-delà de simples déclarations de principe ou de codes d’honneur, et du respect de l’éthique de base qui est dictée par le devoir professionnel propre à chaque activité sociale. Ce n’est pas une série de slogans dont on parsème les programmes politiques, les plans d’action gouvernementaux, les discours d’occasion. Les déclarations ronflantes auxquelles se prêtent les tenants du pouvoir de temps à autre et ils prononcent la «chahada» de la bonne gouvernance, et la «Fatiha» de la repentance égrainant les principes et les réformes visant à mettre en pratique la transparence dans leur mode de gestion, ne sont que de la poudre aux yeux ; elles ne signifient nullement la volonté de rédemption ouvrant la voie à un nouveau système de gouvernement où les intérêts de la collectivité nationale sont mis au centre des préoccupations, et où les intérêts particuliers de puissants et des riches ne reçoivent que la part qui correspond à leur vraie contribution aux progrès de cette collectivité .
Pour en finir avec l’hydre à deux têtes : mal-gouvernance et corruption
Il est utile, à ce niveau de raisonnement, de citer abondamment ce qu’ont écrit les rédacteurs de ce rapport sur ce qui doit être entendu par bonne gouvernance, essentiellement tournant autour de la gestion des ressources du pays, c’est-à-dire tout ce qui ressortit du domaine de l’économie :
«Concrètement, on entend par bonne gouvernance économique des institutions gouvernementales ayant la capacité de : gérer les ressources avec efficacité ; formuler, mettre en œuvre et faire respecter des réglementations et des politiques rationnelles ; assurer un suivi et rendre des comptes ; garantir le respect des règles et des normes des échanges économiques et veiller à ce que l’activité économique ne soit pas entravée par la corruption et autres activités qui ne sont pas compatibles avec la confiance du public. De bonnes stratégies de croissance ont toujours été précédées ou accompagnées de la création d’institutions politiques et économiques, qui sont des mécanismes essentiels à une bonne gouvernance. Des institutions opérationnelles et efficaces, ainsi que des politiques clairement définies s’efforçant d’améliorer la productivité sont le moyen d’accélérer la croissance économique et la transformation structurelle» p. 13)
Cette définition, de caractère général, et qu’il est difficile de contester, montre l’ampleur de ce que devrait constituer la tâche de concevoir un programme crédible et holistique de bonne gouvernance permettant de briser le cercle vicieux de la danse malfaisante du couple «mal gouvernance et corruption».
Le plan d’action du gouvernement entre-t-il dans une démarche globale de bonne gouvernance ?
Il s’agit ni plus ni moins que de concevoir et de mener des réformes touchant à toutes les institutions de gouvernement du pays, allant au fond de toutes les lois et les pratiques qui définissent les actes des agents économiques, qu’ils soient publics ou privés, et surtout d’intégrer toutes ces actions dans une vision globale qui sert de fil conducteur aux dirigeants du pays, qui alors gagnent la crédibilité qu’apporte la cohérence dans les actions gouvernementales et, du même coup, rehaussent leur légitimité populaire, et se facilitent donc la pénible et lourde tâche de gouverner le pays.
On est loin des recettes de «cuisine», des «initiatives «emporte-pièces», des gesticulations ponctuelles, et de toutes ces pratiques qui laissent croire que l’on est sur le bon chemin, alors que d’elles se dégage auprès du grand public le sentiment que l’on tourne en rond, et que les dirigeants ne savent pas trop où ils mènent le pays, et font plus dans la gestion du quotidien que dans la projection, à travers leurs décisions, vers un futur dont ils portent en leur tête un schéma suffisamment clair pour que le peuple le sente et reprenne courage, car il percevrait, derrière chaque action du gouvernement, le sentiment que peu à peu le pays sort de la gestion au jour le jour et de la réaction aux circonstances plutôt que de la pro-action, et que les dirigeants contrôlent la destinée du pays et savent où ils le mènent, et le prouvent par une démarche globale.
A lire le gros plan d’action du gouvernement, on ne peut qu’être déçu par le fait qu’il comporte des propositions qui sont pour le moins étranges et en contradiction avec la volonté exprimée maintes fois de couper avec les pratiques du passé, et laissent pointer que la démarche globale est de passer l’éponge sur l’économie de la prédation qui a caractérisé le «programme présidentiel», et légaliser l’usufruit de cette prédation par ceux qui ont tiré avantage du système de corruption généralisé qui a régné pendant deux décennies, et dont on est loin de sortir. Il n’y a qu’à contempler le caractère quelque peu chaotique du marché national, où la spéculation la plus effrénée règne pour deux produits contrôlés par un seul opérateur, auquel a été généreusement concédé leur quasi-monopole, et où l’inflation de plus en plus incontrôlable ronge la valeur du dinar et réduit quasiment au jour le jour le pouvoir d’achat de la population, tout en accentuant les disparités sociales que manifeste l’apparition de «milliardaires en devises» plaçant leurs capitaux illicitement exportés, dans des «reprises d’entreprises en faillite étrangères», et dans l’immobilier de luxe des capitales prestigieuses du monde, comme dans la spéculation sur les marchés boursiers internationaux des matières premières.
Face à cette situation économique et au-delà de cette outrageante tentative de «blanchir officiellement» les actes de prédation dont a souffert le pays pendant deux décennies dont tous les leviers semblent échapper au contrôle central, le plan d’action est loin de pousser à l’optimisme, car il lui manque la cohérence de vision et il apparaît plus comme un exercice politique dont le seul objectif est de faire croire que les représentants du peuple participent réellement à l’élaboration d’un programme imposant une feuille de route à «l’exécutif» alors qu’il s’agit seulement de lui donner un blanc-seing pour qu’il en fasse à sa guise, sous le couvert de n’obéir qu’à la voix du peuple. Il y a tromperie sur la marchandise dans ce plan d’action, qui est plus une liste «d’épicerie» ne reflétant aucun changement dans la pratique de la gouvernance, autre que par le vocabulaire.
Le fil directeur n’y est pas, et ce plan ne correspond nullement à ce qui doit être attendu au vu non seulement de la crise multidimensionnelle que traverse le pays, mais également du caractère menaçant de la situation régionale, qui va de plus en plus visiblement vers une évolution dramatique au vu des menaces de déstabilisation brandies sans vergogne et sans retenue par la dynastie régnante aux frontières ouest de notre pays et qui, pour se sortir de ses propres turpitudes, a choisi une politique d’agression, se confortant de l’assistance d’une colonie de peuplement à justifications théologiques dont les effets belliqueux destructeurs sur le peuple palestinien et les pays voisins ne sont plus à décrire ou à découvrir ou même à dénoncer.
Peut-on évaluer les pertes causées par la mal-gouvernance ?
Au-delà de ces considérations, il est indispensable de montrer, de manière concrète, que le couple mal-gouvernance/corruption ne va pas sans peser lourdement sur l’économie du pays, et a un coût qui grève les finances nationales, réduit l’impact des dépenses publiques sur le bien-être général et freine la croissance du pays, tout en le rendant encore plus tributaire de l’extérieur.
Le nationalisme commence par une gestion saine des ressources du pays dont l’objectif est de consolider son «front intérieur», d’accroître sa présence économique dans le monde et d’élargir sa marge de manœuvre internationale, en évitant de se mettre sous la coupe des créanciers extérieurs et des institutions économiques et financières internationales ; il ne suffit d’agiter le drapeau national ou de se référer aux «principe de Novembre», mais de prendre conscience des problèmes et du poids financier et économique de la paire maudite mal-gouvernance/corruption et d’adopter la démarcher globale permettant leur élimination.
Il est vrai que, dans le passé, des chiffres sortis de nulle part ont été avancés pour évaluer le coût de la mal-gouvernance, et que le scepticisme quant à la fiabilité de ces chiffres ne peut être que compréhensible, à moins que ceux qui les avancent utilisent une méthodologie et une démarche intellectuellement sensée et rationnellement acceptable, sans exagération et sans objectif d’ameuter l’opinion publique à des fins strictement politiques.
Le docteur Abderrahmi Bessaha a, dans une contribution publiée sur le site internet d’Algérie360, (https://www.algerie360.com/analyse-relance-economique-comment-reformer-linvestissement-public/amp/), proposé une démarche respectant les deux critères cités plus haut. Il est parti d’une étude faite par le FMI sur un certain nombre de pays et, utilisant les résultats de cette recherche, a appliqué ses découvertes au cas algérien, proposant donc une évaluation des coûts de la mal-gouvernance réaliste et donnant une idée acceptable de l’ampleur de ces coûts. Pour éviter de parasiter son analyse et la livrer au lecteur telle qu’il l’a rédigée, on citera, sans commentaire, tellement les chiffres qu’il avance sont parlants, la partie de sa contribution qui les révèle, y compris les critères d’évaluation sur lesquels il s’appuie :
«L’investissement public dans les infrastructures de base crée plus d’emploi.
Prenant appui sur les données de 101 pays du monde (y compris celles de l’Algérie) représentant 95% du PIB mondial (83,218 milliards de dollars), une étude récente du FMI a examiné en détail le lien entre l’investissement public et la création d’emplois dans les infrastructures de base. Ses principales conclusions sont très importantes :
1- un investissement public de 1% du PIB mondial conduit à la création d’environ 7 millions d’emplois directs. Le multiplicateur d’emploi pourrait être encore plus important dans les secteurs verts et de la recherche et du développement ;
2- un investissement public de 1 million de dollars devrait en moyenne créer 18 emplois, soit un coût unitaire de 55,000 dollars ;
3- éclaté par type de pays (avancés, émergents et en développement) et secteurs d’activité, 1 million de dollars d’investissement public entraîne la création :
i- dans le secteur énergie : de 8,6 emplois, 16,2 emplois et 26,6 emplois ;
ii- dans le secteur des routes, de 6,2 emplois, 16,4 emplois et 22 emplois, respectivement ;
iii- pour le secteur sociaux (éducation et santé), les créations d’emplois sont de 4,4, 15,5 et 24,9 emplois, respectivement ; et
iv- pour le secteur de l’eau et de l’assainissement, les créations d’emploi sont de 5,6, 24,6 et 37,8 emplois, respectivement.
«Le problème des investissements publics (en Algérie, nda) ne se pose nullement en termes de volume mais très simplement en termes d’efficacité de la dépense publique en capital. Des investissements conduits avec efficacité auraient ainsi pu faire épargner environ 200 milliards de dollars en 20 ans au pays.»
Point 2 : Des performances (des investissements publics algériens, nda = en termes de croissance et d’emploi, toutefois, bien en deçà des normes internationales. En effet, notons :
1- pour ce qui est de la croissance économique, elle s’est située entre 2000 et 2019 en moyenne autour de 3%. Vu le montant d’investissement injecté dans l’économie, la croissance aurait dû se situer à environ 7% au moins. Une perte de richesse d’environ 100 milliards de dollars ;
2- pour ce qui est de l’emploi, les montants investis ont permis de créer 3,7 millions d’emplois. Des investissements publics conduits avec efficacité auraient pu se traduire par la création de 7,9 millions d’emploi. Soit un manque à gagner de 4,2 millions d’emplois. Le coût unitaire de chaque emploi créé est de 116,200 dollars en moyenne (le double de la norme internationale applicable à l’Algérie) ; et
3- pour ce qui est de la fiscalité, ces manques à gagner en termes de croissance et d’emplois ont entraîné la perte d’au moins 1-1,5 point de pourcentage du PIB en termes de recettes fiscales nouvelles.
En conclusion
Le rapport sur la Gouvernance en Afrique, publié par l’ONU, et qui fait l’objet de la première partie de cette contribution, n’a pas reçu l’écho qu’il méritait, bien qu’il propose non seulement une analyse sérieuse et profonde de la mal-gouvernance, qu’il lie, à juste titre, à la corruption mais également une nouvelle démarche globale pour assurer la rupture avec les pratiques passées et la mise en œuvre d’un processus global de réformes débouchant sur une gouvernance à la hauteur des demandes et des aspirations des peuples africains ; cette analyse concerne également l’Algérie.
Il est important, si ce n’est essentiel, de tenter de chiffrer l’impact et le coût de la mal-gouvernance dans notre pays.
Le docteur Bessaha, dans sa contribution citée longuement plus haut, propose, en même temps qu’un certain nombre de mesures, allant dans le sens des conclusions du rapport sur la gouvernance en Afrique publié par l’ONU, une méthodologie fiable pour calculer le coût de la mal-gouvernance.
C’est ce qui est le plus à mettre en relief dans sa contribution, et qui lui donne son originalité, car c’est que c’est la première fois qu’une évaluation sérieuse des pertes économiques et financières en conséquences de la mal-gouvernance sont avancées avec la crédibilité méthodologique indispensable pour les rendre fiables et non sujettes à critiques ou rejet pour recherche de sensationnalisme.
L’auteur dit tout simplement que l’Algérie a perdu l’occasion de créer 4 200 000 emplois, de générer l’équivalent de 100 milliards de dollars en Produit intérieur brut, c’est-à-dire en revenus distribués à la population et assurant une élévation sensible de son niveau de vie et de gagner un montant important des recettes fiscales, évaluées en pourcentage du PIB. De plus, le surcoût des investissements est évalué à 200 milliards de dollars, représentant près du quart des devises engrangées pendant les vingt ans de règne sans partage de l’ex-président. L’ampleur de ces pertes n’est pas à souligner tellement elle est évidente.
Si les investissements publics immenses, dont Bessaha donne le montant, avaient été mieux gérés, le visage de l’Algérie aurait été autre que celui qu’il présente maintenant.
Là aussi, le plan d’action gouvernemental manque de conviction et est en deçà de la démarche que dicte l’état actuel des choses, au débouché de deux décennies de dérives du monopole du pouvoir par un seul homme.
Si avait été adoptée une démarche de bonne gouvernance, non seulement le pillage des richesses du pays aurait été évité, mais la crise actuelle n’aurait jamais eu lieu et l’Algérie serait sortie de cet état de grand désordre que connaît l’économie et d’anarchie monétaire source de spéculation, d’enrichissement sans cause, d’un côté, et de misère sociale déstabilisante politiquement, de l’autre.
M. B.
(*) https://www.un.org/africarenewal/sites/www.un.org.africarenewal/files/Rapport_sur_la_gouvernance_en_Afrique%20IV.pdf)
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