Lakhdar Brahimi : cet autre vaincu de la Guerre de libération
Une contribution de Saadeddine Kouidri – Si vous vous contentez d’écouter seulement Abdelatif Rebah dans son récit L’Economie algérienne : le choix de 1962 du 11 septembre 2021 sur sa page Facebook ou de lire seulement l’article «Taleb, un criminel de guerre» de Mohamed Kacimi, qui remonte au 7 mai 2019 qui sont dénudés de mensonge, cela va s’en dire, vous n’aurez pas toute la vérité. Par contre, si vous écoutez à la fois l’économiste et que vous lisez l’écrivain, vous l’aurez cette vérité sur l’histoire succincte des premières décennies de l’Algérie indépendante.
Si vous comparez la victoire du Vietnam sur l’armée française à Diên Biên Phu le 8 mai 1954 ou en Algérie le 19 mars 1962 et la victoire de l’Afghanistan du 15 août 2021 sur l’armée américaine à Kaboul, vous aurez des difficultés de voir émerger les victoires des peuples que seule sawt echaâb, me direz-vous, peut mettre en exergue sur les écrans. En attendant le communisme d’où pourrait surgir la vérité-vraie, nous essayons comme tant d’autres, à l’instar de l’économiste et de l’écrivain, de nous en frayer un chemin.
La question est comment on passe d’une victoire éclatante contre l’impérialisme à une victoire mitigée ? La réponse immédiate, et la plus courte étant toujours la meilleure, serait par exemple de dire que Lakhdar Brahimi comme Taleb et consorts étaient aussi dans la Guerre de libération. Tout en précisant que ces deux anciens ministres des Affaires étrangères n’étaient pas dans la direction de la lutte de libération, n’étaient pas des révolutionnaires et pour ne pas les taxer de membres de la cinquième colonne, on dira qu’ils sont étrangers à la Révolution, mais pas seulement.
La consécration de la victoire du sujet sur son maître est imprenable dans l’idéologie. Cela ne remonte pas à des siècles mais à des milliers d’années. Il suffit de se rappeler que l’idéologie est la création de la caste sacerdotale égyptienne et que ses prêtres sont «les premiers idéologues de l’humanité» et pour percevoir sa trace humaine de l’Egypte à la Grèce, il suffit de rappeler que Pythagore comme Platon étudiaient, dit-on, auprès d’eux. L’idéologie a, certes, évolué mais le principe de la soumission des peuples à ses dirigeants reste encore vivace.
Cacher les données astronomiques (météorologiques) pour que la caste sacerdotale puisse l’utiliser à bon essaim, particulièrement à la veille les crues du Nil pour faire des prêtres et des sorciers des idoles, était la première astuce des Pharaons. La manipulation des consciences avait comme socle, d’une part, le secret et, d’autre part, l’ignorance et par la suite l’inaccessibilité au savoir pour tous, qui a comme origine, faut-il le rappeler, l’inégalité économique. Pour caricaturer, on peut dire que les Platon nous poursuivent avec leur bâton de pèlerin depuis des lustres. Nous sommes presque au même point, vu que des milliers d’enfants meurent de faim et d’autres sous les bombes en Palestine. Aujourd’hui, au lieu de cacher la vérité, comme le faisaient les Pharaons, les libéraux nous en fournissent à gogo sur leurs écrans avec 90% de mensonge, d’hypocrisie, d’illusions tout en semant le doute sur les sciences. Le dernier vaccin en est la preuve, tout en continuant à faire d’un coupable un innocent et de l’innocent un coupable pour nous brouiller davantage l’esprit. Il nous reste à démêler l’écheveau.
L’impérialisme transforme ses défaites en victoire, en utilisant l’image comme un fait réel jusqu’à supplanter la réalité par ce virtuel. Malgré les avancées technologiques, les intentions sont toujours identiques, soumettre les peuples en leur prenant leurs richesses. «C’est De Gaulle qui a donné l’indépendance à l’Algérie», disaient les vaincus et pour la défaite américaine en Afghanistan. «Ce n’est pas une défaite militaire. C’est comme pour les Français et l’Algérie en 1962», dit un des porte-voix de l’idéologie libérale, cet autre vaincu de la Révolution algérienne.
Le cinéaste Oliver Stone affirme dernièrement que «Wall Street a décidé qu’il fallait s’emparer de la Russie, de son business». Il rappelle pour ainsi dire que l’impérialisme ne lâche jamais son ennemi. En extrapolant, on dira que la France bourgeoise et ses valets ne seront jamais prêts à nous lâcher la bride et confirme la vox populi à ce sujet, qu’on n’entend, malheureusement, pas dans les réseaux sociaux.
S. K.
Ndlr : Le titre est de la rédaction. Titre originel : La voix du peuple (sawt echaâb) n’est-elle pas pour demain ?
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