Ce que signifie le message adressé par le roi du Maroc à la famille de Bouteflika
Par Kamel M. – Nous apprenons de sources informées que le roi du Maroc a adressé un message de condoléances à la famille de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, décédé ce vendredi soir. Que signifie ce geste ? Les relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc étant rompues, Mohammed VI et son gouvernement ne pouvaient donc s’adresser à leurs homologues algériens. «La démarche de Rabat est loin d’être innocente et encore moins sincère», relèvent nos sources.
«Par cette manœuvre fourbe, le régime marocain vise à contourner les institutions officielles et personnaliser un message pourtant émanant de la plus haute autorité à Rabat, à savoir le monarque en personne», font remarquer ces sources qui précisent que «le message aurait été ordinaire s’il avait été émis par une personnalité dont il serait connu qu’elle fût proche du défunt, comme un ancien diplomate qui aurait eu à côtoyer Bouteflika lorsqu’il dirigeait le ministère des Affaires étrangères, par exemple, ou un vieil ami de la famille qu’il aurait connu durant son enfance».
L’initiative du Makhzen est d’autant plus douteuse que ce dernier a laissé entendre que le message du roi du Maroc était adressé au président Abdelmadjid Tebboune. Ce qu’une source autorisée, sollicitée par Algeriepatriotique, a démenti de façon catégorique. «Le président Bouteflika n’a ni rouvert les frontières fermées par son prédécesseur, Liamine Zeroual, ni n’est resté les bras croisés face aux provocations interminables du régime marocain», soulignent nos sources, selon lesquelles «les Marocains ont longtemps essayé de chatouiller les fibres sentimentales en axant sur le fait que Bouteflika soit né dans la ville marocaine frontalière d’Oujda où se trouve sa maison familiale, bien qu’à l’abandon». «Mais cette tartuferie a été vaine et le choix porté par le défunt président à Ramtane Lamamra puis à Abdelkader Messahel – bêtes noires de Salah-Eddine Mezouar et son ex-adjoint et néanmoins successeur Nasser Bourita – durant son règne sont la preuve qu’il n’avait pas du tout succombé au chant des sirènes», expliquent nos sources.
«Usant d’une main de fer dans un gant de velours, Abdelaziz Bouteflika a usé de la même ruse et de la même roublardise que les voisins de l’Ouest auxquels il tendait une fleur d’une main tout en affutant ses armes de l’autre», relèvent nos sources, qui ajoutent que le défunt chef de l’Etat «connaissait trop la mentalité et la traîtrise des tenants du pouvoir au Maroc pour se laisser attendrir par les discours mielleux de Mohammed VI qu’il a étreint à Rabat même au lendemain de son avènement au pouvoir, à l’occasion du décès de Hassan II». «Les Marocains avaient vu dans la sollicitude du nouveau président algérien un revirement dans la politique étrangère de l’Algérie, notamment dans le dossier sahraoui», font remarquer nos sources. «La poignée de main échangée avec le Premier ministre israélien Ehud Barak avait achevé de faire croire à un virage à 180 degrés que le successeur civil du général Zeroual allait faire prendre à l’Algérie», poursuivent nos sources.
«Le régime marocain n’a jamais cessé d’espérer un changement de cap à Alger, comptant sur des signaux qui lui en parvenaient mais qui n’étaient, en vérité, que la monnaie de la pièce marocaine que le finaud Bouteflika rendait au Makhzen qui s’est ainsi pris à son propre jeu sans avoir glané le moindre acquis dans ses relations en dents de scie avec le voisin de l’Est», insistent nos sources, en concluant que «la sympathie dont Mohammed VI a assuré la famille de Bouteflika ne peut être perçue, dès lors, que comme un énième coup de Jarnac qui sera aussi stérile et aussi oiseux que tous les précédents et tous ceux qui suivront car il y en aura bien d’autres».
K. M.
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