Bensalah a raté l’occasion de s’inscrire dans la grande histoire de l’Algérie
Par Abdelkader S. – L’ex-chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah s’est éteint ce mercredi des suites d’une longue maladie dont les premiers effets étaient visibles déjà au lendemain de la déchéance d’Abdelaziz Bouteflika et de sa prise de fonctions temporaire sous le contrôle sévère de Gaïd Salah. L’ancien président du Conseil de la nation sera parti sans laisser quelque action glorieuse dans sa longue carrière politique fade. Il aura accompagné les quatre mandats de l’ex-président de la République, décédé quelques jours avant lui, lui assurant, sous la bannière du Rassemblement national démocratique (RND), un soutien continu aux côtés du parti du Front de libération nationale et de la formation islamiste du Mouvement de la société de la paix (MSP) de feu Mahfoud Nahnah.
Des cercles proches de l’ancien président du Sénat assurent que ce dernier jouissait d’une intégrité sans faille et qu’il ne s’est jamais sali dans les affaires qui ont éclaboussé le long règne des Bouteflika. Cependant, précisent ces sources, Abdelkader Bensalah n’était pas du genre à taper du poing sur la table pour imposer ses opinions ou dénoncer la rapine qui a conduit le pays à la situation catastrophique dans laquelle il se débat aujourd’hui. Il aura, pour ainsi dire, été complice par son silence. «Il ne suffit pas d’être propre pour aspirer à être honnête», expliquent ces sources, selon lesquelles Bensalah «aurait pu, ne serait-ce qu’au moment de sa courte présidence de l’Etat en remplacement de Bouteflika, corriger la trajectoire un tant soit peu et arrêter les graves dérives d’un certain nombre de militaires qui se sont tous retrouvés derrière les barreaux après l’avènement d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir».
«Au lieu de cela, il a laissé faire une poignée de ripoux qui ont failli provoquer une guerre civile dans le pays, en actionnant les réseaux sociaux à travers des centaines de mercenaires de la Toile qui étaient missionnés pour répandre des idées racistes sur internet et même dans certains médias officiels», s’indignent ces sources qui reprochent au défunt Abdelkader Bensalah de «n’avoir pas eu assez de courage, au crépuscule de sa vie pour, enfin, prendre des mesures audacieuses et patriotiques qui l’auraient fait entrer dans l’histoire par la grande porte». «Il n’en fut rien et la désignation de Bensalah à la tête du pays pour conduire la période intérimaire qui devait rétablir le processus démocratique dans les trois mois qui devaient suivre, comme le stipule la Loi fondamentale, n’a fait qu’accentuer la menace qui pesait sur le pays, si bien que le Hirak sera détourné de son objectif originel et récupéré par les islamistes et les séparatistes après que les manifestants sincères ont commencé à s’en retirer les uns après les autres par crainte de voir le mouvement de contestation déraper au regard de la tournure malsaine qu’il commençait à prendre», regrettent ces sources.
«Abdelkader Bensalah porte une lourde responsabilité dans le pourrissement de la situation. Des cercles patriotes et nationalistes avaient essayé de l’épauler pour corriger les erreurs tant que cela était encore possible, mais le caractère pusillanime et irrésolu du défunt a empêché un redressement de la situation au moment opportun, par l’éviction de Gaïd-Salah et l’intégration de l’opposition représentée par les partis au processus démocratique qui aurait épargné au pays la politique du tout-carcéral qui aura eu pour conséquence une quasi-paralysie de l’économie nationale et une méfiance exacerbée entre gouvernants et gouvernés», déplorent, enfin, nos sources.
A. S.
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