La missive préélectorale du monarque Macron à ses sujets
Une contribution de Khider Mesloub – « Chères Françaises, chers Français, mes chers compatriotes,
Par la grâce présidentielle attachée à mes fonctions sacrées par la Constitution, en cette période préélectorale conduite par des candidats animés d’un esprit fanatiquement sectaire susceptible de diviser notre nation, notamment sur la question de l’immigration devenue, au grand désespoir de notre séculaire nation multiculturelle (européenne s’entend car les immigrés extra-européens, en particulier d’obédience musulmane, ne peuvent prétendre appartenir à notre substrat civilisationnel), unique débat électoral instrumentalisé par mes adversaires et, bien évidemment, absolument pas par mes services de l’Elysée, j’ai pris la résolution de m’adresser directement à mes citoyens afin de les rassurer sur ma détermination à conserver le cap de ma politique pour laquelle les seigneurs de la finance m’avaient intronisé à la tête du pouvoir suprême de la France.
Je tiens à dissiper quelques malentendus répandus sur ma noble personne connue pour son humanité et humilité. Certes, longtemps j’eus à occuper les fonctions de gestionnaire de la finance dans une prestigieuse banque internationale, la dénommée Banque Rothschild. Cependant, je remplis ma mission d’enrichissement de mes plus fortunés clients de la royauté financière avec loyauté. Pour preuve : en guise de récompense pour mes services rendus et mon dévouement sans faille aux banquiers, les barons de la finance me gratifièrent du portefeuille de ministre de l’Economie dans le quinquennat de François Hollande.
Ensuite, du fait de mes compétences de grand argentier à Bercy, les barons de la finance m’ouvrirent fastueusement la voie royale de la présidence. Avec le soutien de la royauté financière, je pus briguer l’investiture de la magistrature suprême. Mes efforts électoraux furent couronnés de succès. Dans le duel électoral qui m’opposa à la candidate du Front national, Marine Le Pen, ma candidature s’imposa à la tête de l’Elysée par la grâce des suffrages des électeurs dévotement mobilisés pour me ceindre la tiare présidentielle.
Aussitôt intronisé au sommet de la couronne présidentielle républicaine, je prêtai serment au capitalisme mondial en jurant le sacraliser, quoi qu’il en coûtât en sacrifices sociaux, par l’observance impénitente des sacro-saintes règles de la finance mondiale. Je décrétai concourir fidèlement à la prospérité des revenus de l’aristocratie financière. Préserver militairement ses intérêts. Lui témoigner sans défaillance toute ma confiance, matérialisée ces derniers mois par l’enrichissement des capitalistes des industries pharmaceutiques et des laboratoires d’analyse virale, les fameux tests PCR.
Avec la régente de ma vie, la reine du détournement de mineurs, j’intégrai mes fonctions de monarque de la République financière française dans le Palais de l’Elysée. Aussitôt, dans le cadre de ma politique des réformes dictées par mes protecteurs financiers, je promulguai quelques édits en faveur des barons de la finance afin de leur permettre d’accroître leur patrimoine, d’assurer la longévité de leur lignée capitalistique. Pour augmenter leur richesse, je les exonérai de l’impôt sur la fortune, cet impôt injuste, inique, défendue par les roturiers du travail salarié et les gueux de l’assistanat social qui coûtent cher au budget de notre Etat, rançonné par les multiples doléances sociales adressées par la multitude indigente poussant comme des champignons sauvages sur notre territoire hexagonal.
A cet égard, justement, à propos de mes sujets du royaume de la misère de France, aujourd’hui, j’ai pris la résolution de les impliquer à l’effort du relèvement de notre pays par une politique de taxation tous azimuts sur les produits de consommation courante, par l’augmentation des tarifs des matières énergétiques. Par la réduction drastique des dépenses publiques réservées à ces populations surnuméraires. Par l’allongement du départ à la retraite, la baisse du montant de la pension de retraite. L’abaissement de tous les budgets sociaux alloués à ces populations assistées. Par l’introduction de mesures restrictives en matière d’octroi des droits au chômage, accompagnées d’une surveillance accrue des chômeurs, ces fainéants incorrigibles et irrécupérables, véritable plaie de notre riche pays en plein boom économique, où le travail s’obtient sans avoir besoin de traverser le trottoir, encore moins faire le trottoir devant Pôle Emploi, autrement dit stationné devant l’agence des chômeurs, succursale de la débauche et non de l’embauche, car elle maintient les demandeurs d’emploi dans l’inactivité professionnelle faute d’offres d’emplois.
Enfin, pour préserver la planète, j’invite les intoxiqués de la consommation et fanatiques de l’automobile à s’acquitter de diverses taxes écologiques pour sauvegarder les finances de l’Etat, trop malmenées ces derniers mois par les multiples subventions accordées aux patrons d’entreprises et aux seigneurs de la finance, dans cette période de crise sanitaire, et aux industriels de l’armement, ces ossatures de notre économie nationale patriotique, qui arment les pays démocratiques comme l’Arabie Saoudite, l’Egypte, le Maroc et de nombreux pays africains pour livrer la guerre aux Yéménites en ce qui concerne la monarchie saoudienne.
Cependant, avec l’aggravation de la crise provoquée par ce satané coronavirus, j’espère ne pas devoir revivre les mêmes frondes populaires menées par les Gilets jaunes. A l’époque, au lendemain de mon élection, comme certains de mes misérables ingrats sujets, ces Gilets jaunes osèrent se révolter contre mes judicieuses et juteuses mesures. Ces gueux tirent leur nom de baptême de leur ridicule tunique jaune entreposée ordinairement dans la boîte à gants de la voiture. En effet, en guise de bouclier, pour affronter mes indispensables réformes dictées par mes maîtres du grand capital international, ces gueux contemporains se sont affublés d’un Gilet jaune fluorescent, manière, probablement, de donner un peu d’éclat à leur sinistre vie, à leur piètre accoutrement ordinairement porté sur leur corps décharné mais au cerveau toujours déchaîné contre ma politique.
Depuis lors, ces frondeurs du XXIe siècle se sont ligués contre mon intemporel régime jugé par trop despotique. A l’acmé de leurs jacqueries menées par des brigands casseurs, ils osèrent même ériger des citadelles autour des ronds-points pour bloquer l’économie. Ils jurèrent d’envahir Paris pour prendre d’assaut mon Palais : l’Elysée. Fort heureusement, ces foules haineuses furent neutralisées par mes chevaliers des temps modernes, mes uniques fidèles soutiens, derniers remparts de notre République dans cette période de désaffection politique, de délégitimation des gouvernants et de troubles sociaux récurrents, les fameux CRS, équipés d’armures à la manière des Robocop pour assurer militairement l’ordre public, autrement dit élyséen.
Bien que j’eusse accordé quelques libéralités à ces Gilets jaunes (ne leur avais-je pas alloué 10 milliards de subsides défalqués directement du budget destiné initialement à mes amis entrepreneurs et financiers), ils continuèrent, néanmoins, longtemps à maintenir leur pression par des revendications inconsidérées et irresponsables. Ces Gilets jaunes me poursuivent encore aujourd’hui de leur haine tenace. Certains exigent mon abdication. D’autres réclament ma décapitation. D’aucuns, parmi ces haillonneux atteints de la jaunisse de la contestation chronique, proclament avoir faim. Leur frigidaire serait, semble-t-il, déjà vide le 15 du mois. Qu’ils aillent s’approvisionner aux Resto du cœur ou au Secours populaire ! Ils peuvent même se procurer de la brioche au magasin LIDL pour un prix modique. Ainsi, ils pourraient se sustenter jusqu’à la fin du mois de brioches fabriquées… en France (euh… j’ai des doutes car, avec la désindustrialisation de notre pays, la majorité des produits consommés en France sont importés).
Aujourd’hui, dans cette période de crise économique et sanitaire, de grande agitation politique, d’effervescence sociale, j’ai pris la résolution de rédiger à l’intention de mes fidèles sujets cette missive préélectorale. J’espère qu’elle sensibilisera l’ensemble de mes administrés disposés à m’accorder un second mandat présidentiel.
Comment ne pas éprouver la fierté d’être Français ? Je sais, bien sûr, que certains d’entre nous sont aujourd’hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail, parce que notre pays n’offre pas les mêmes chances de réussir, selon le lieu ou la famille d’où l’on vient. Tous voudraient un pays plus prospère et une société plus juste. (1)
Eh bien, mes chers compatriotes, en guise de solution radicale susceptible de délivrer notre pays de la crise multidimensionnelle, je vous propose de voter pour ma candidature. Car je suis l’unique candidat en mesure de rétablir les finances publiques amplement siphonnées par mes amis les puissants au cours de ma mandidature (c’est un néologisme de mon cru formé avec les termes mandat et dictature symbolisant apparemment ma présidence, selon de nombreux observateurs critiques m’accusant d’instaurer une dictature sanitaire).
Enfin, comme dit l’adage polémologique romain : Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare la guerre.) Quoi de plus revitalisant pour notre santé économique, en particulier l’industrie de l’armement, notre dernier unique fleuron productif, qu’une Bonne guerre !
En effet, dans cette période de récession économique doublée d’une exacerbation des tensions internationales, c’est l’ultime mission que je me suis assigné d’accomplir pour redonner force et puissance à notre grande nation. Ne sommes-nous pas en guerre depuis bientôt deux ans contre un ennemi invisible : le coronavirus ? La logique guerrière étant désormais intégrée par l’ensemble des citoyens français, aujourd’hui nous devons déclencher une réelle guerre contre un ennemi visible. Je dois vous confesser maintenant que la guerre menée contre le débonnaire coronavirus nous a servi d’instrument psychologique d’entraînement à la prochaine inévitable guerre dirigée contre un ennemi visible. Mon premier coup de semonce vient d’être tiré contre l’Algérie.
Mes chers compatriotes gaulois, vous avez, j’espère, applaudi mes premières salves de déclarations belliqueuses lancées contre l’Algérie. Il ne s’agit nullement d’une erreur de stratégie, d’un accident de parcours historique, d’un dérapage diplomatique. Ces déflagrantes déclarations servent de répétitions générales à mon offensive guerrière en préparation contre certains pays dont je préfère taire le nom pour ne pas éveiller la suspicion. Sans conteste, elles s’inscrivent, dans cette période marquée par l’arrêt de nombreuses entreprises en raison des pénuries de matières premières ou de surproduction grevant considérablement les profits, dans la logique de fabrication d’ennemis idéologiquement confectionnés sur la base des méthodes occidentales maintenant éculées, tant nous les avons abondamment employées : Choc des civilisations, Axe du mal, Défense de nos valeurs pour justifier et légitimer nos conquêtes, favorisant ainsi nos industries de l’armement.
En tout cas, sans vouloir éventer davantage mes plans stratégiques dans ma présente missive préélectorale, mes propos délibérément agressifs à l’endroit du pouvoir algérien peuvent être assimilés à l’opération coup d’éventail, cet incident diplomatique provoqué par le prétendu coup d’éventail infligé par le Dey d’Alger à notre consul Pierre Deval le 30 avril 1827. Cet incident diplomatique nous servit de prétexte pour ouvrir les hostilités contre l’Algérie (encore que, comme je l’ai déclaré le 30 septembre dernier, la nation algérienne n’existât pas avant la colonisation française). Cet incident marqua le casus belli aboutissant, en juin 1830, à l’expédition de nos troupes françaises à Alger, opérée dans une période affectée par une grave crise interne. D’aucuns, notamment certains historiens, soutiennent que la conquête de l’Algérie servit à mon prédécesseur, le roi Charles X, de diversion aux tensions politiques intérieures, marquées notamment par la fronde des députés et l’agitation des Parisiens.
Quoi de plus revitalisant pour la pérennisation de mon pouvoir qu’une bonne guerre ! N’est-ce pas qu’une bonne expédition punitive menée contre le système politico-militaire algérien assurerait nos affaires, en cette période de renchérissement des prix des matières énergétiques ! En tout cas, cela réchaufferait gracieusement notre économie !
Au lendemain du déclenchement de la conquête d’Alger, cela n’évita pas, pourtant, à mon défunt confrère, Charles X, d’être balayé par à une révolution, appelée les Trois Glorieuses.
Une chose est sûre : mes imminentes guerres permettraient assurément à notre pays de rétablir son rang parmi les plus grandes puissances, de restaurer le prestige de la France. De rétablir l’ordre au sein de notre pays exposé à de récurrents troubles sociaux, d’apaiser les relations entre nos citoyens actuellement divisés, d’instaurer l’union sacrée parmi le peuple français.
Ou ces projets de guerre précipiteraient-ils ma chute ? Pourrais-je subir le même sort que le roi Charles X, voire pire, celui du roi Louis XVI, décapité en janvier 1793, comme certains radicaux Gilets jaunes l’appellent de leur vœu encore aujourd’hui ?
Sachez, mes chers compatriotes, que mes intentions électorales sont de (la) bonne guerre ! Je compte sur votre butin de guerre, oh pardon, bulletin de vote, pour triompher. L’émotion martiale me fait fourcher la plume, dévier les frappes sur les touches de mon clavier d’ordinateur.
A vos fusils, oh pardon encore une fois, à vos cartes électorales. Soyez nombreux pour participer à nos campagnes militaires, oh pardon, campagnes électorales ! Faites crépiter vos mitrailleuses, oh pardon, vos applaudissements pour me rassurer sur votre détermination à assurer notre victoire !»
K. M.
1- Authentique extrait de la lettre aux Français rédigée par Macron lors du grand débat national lancé en janvier 2019. Par ailleurs, il est savoureux de relever que monarque, titre fréquemment attribué au président actuel de la France du fait de la personnalisation de son pouvoir, rime avec énarque et arnaque, tous trois concentrés dans la personnalité de Macron.
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