Pourquoi des propos anodins de Daoud effraient-ils autant une certaine France ?
Par Abdelkader S. – Qu’a donc dit notre ambassadeur en France d’aussi émétique pour qu’une protégée du repris de justice Nicolas Sarkozy régurgite sa haine envers «son» pays d’origine ? Lydia Guirous, ex-secrétaire nationale chargée des valeurs de la République et de la laïcité à l’UMP, rebaptisée Les Républicains par son mentor qui vient d’être condamné à de la prison ferme, a affirmé qu’elle, qui est née en Algérie, «vomit» les déclarations de Mohamed-Antar Daoud, lequel a récemment lancé un appel à la communauté algérienne pour qu’elle devienne un «levier» pour défendre ses intérêts au sein des institutions officielles françaises.
«En fait, depuis la réduction de 50% du nombre de visas par la France, l’Algérie multiplie les coups de menton. Et Monsieur l’Ambassadeur d’Algérie en France qui, depuis Alger, a lancé un appel aux Français d’origine algérienne et aux Algériens qui vivent en France car, dit-il, l’Algérie a besoin de tous ses enfants et déplore que la plus grande communauté en France ne puisse pas influencer plus. Moi qui suis née en Algérie, je suis en colère. Je suis en colère et j’en ai assez de ces dirigeants algériens qui ne font que dans la provocation et l’instrumentalisation de l’histoire coloniale», s’est emportée la politicienne native de Tizi Hibel qui martèle : «Je dois tout à la France et je donnerai tout à la France.» Soit.
L’Algérienne naturalisée trouve les propos de l’ambassadeur algérien «sournois et dangereux à plusieurs égards». Pour elle, «c’est une invitation au nationalisme algérien» et «à la trahison des intérêts de la France» et «à la dissimulation pour ceux qui seraient engagés en politique en France», en ce sens que, surenchérit-elle, cet appel «est un carburant pour le vote d’extrême-droite, surtout dans un contexte de pré-campagne présidentielle tendue». Elle s’interroge et accuse : «On se demande quel est l’objectif poursuivi de l’ambassadeur algérien. A l’approche de la célébration des 60 ans de la fin de la Guerre d’Algérie, l’ambassade [d’Algérie] veut créer le trouble en France, elle veut pousser à la désintégration et à la trahison. Et pour ça, il tente de raviver un sentiment nationaliste dans un contexte de tensions identitaires et culturelles» (sic).
Le message de Mohamed-Antar Daoud, pourtant clair comme l’eau de roche, a été détourné à dessein par cette militante de droite qui fait mine de ne pas en saisir le contenu. L’ambassadeur d’Algérie n’a fait qu’exhorter les Algériens de France à faire front commun contre la montée du racisme incarné par deux candidats à la présidentielle française de 2022, en l’occurrence Marine Le Pen et Eric Zemmour qui ont fait de la haine de l’Algérien et du musulman leur leitmotiv pour espérer escalader enfin les marches de l’Elysée. Il les invite à participer en grand nombre aux différentes échéances électorales françaises et à ne pas tourner le dos à la politique en croyant que celle-ci serait une affaire franco-française qui ne les concerne pas. L’ambassadeur d’Algérie ne s’ingère pas dans les affaires internes d’une France qui s’offusque ainsi de ce qu’un diplomate algérien veuille «influencer» sa politique intérieure et qui, dans le même temps, renverse le régime libyen, arme les groupes islamistes en Syrie et déploie ses troupes au Mali.
L’Algérie, si tant est qu’elle compte jouer un rôle dans les élections françaises, est elle aussi en droit de faire valoir le «devoir d’ingérence» si cher à Bernard Kouchner et Bernard-Henri Lévy. Puisque Paris héberge et protège des individus réclamés par la justice algérienne pour atteinte à sa sécurité, tous les coups sont dès lors permis pour faire échec à un complot qui vise le démantèlement de l’indomptable Etat algérien.
A. S.
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