L’Américain Ross accuse la France de couvrir les frasques du régime marocain
Par Kamel M. – Pour la première fois, Christopher Ross révèle un certain nombre de vérités qu’il n’a pas pu dévoiler car tenu par l’obligation de réserve ou n’ayant pas voulu jeter de l’huile sur le feu dans le dossier sahraoui dont le règlement traîne en longueur. Dans un message posté sur sa page Facebook, l’ancien envoyé personnel du secrétaire général l’ONU au Sahara Occidental, de 2009 à 2017, s’est dit convaincu que Stefan De Mistura «sera confronté à la même situation de blocage que ses trois prédécesseurs». Il a expliqué que l’ajout de la question des droits de l’Homme dans cette affaire pousse le Maroc à chercher le moyen de «bloquer [le processus] sur le terrain, comme il l’a fait en 2000 avec la préparation d’un référendum par la Minurso».
«Pourquoi le Maroc refuse-t-il d’organiser un référendum ?», interroge l’ancien diplomate américain. Et de répondre : «Parce qu’il craint que celui-ci débouche sur l’indépendance» du Sahara Occidental. «Et pourquoi le Maroc bloquerait-il un mandat des droits de l’Homme ? Parce qu’un tel mandat donnerait aux résidents sahraouis opposés à la présence marocaine un moyen transparent d’informer le monde extérieur de leur point de vue et le Maroc a tout faire pour empêcher que sa revendication sur le territoire ne soit affaiblie», a ajouté Ross.
L’ancien envoyé spécial au Sahara Occidental a, par ailleurs, confirmé que le Maroc a court-circuité toutes les négociations «en tentant d’imposer sa proposition d’autonomie comme seul point à l’ordre du jour, à l’exclusion de la proposition de référendum du Polisario». Il pointe un doigt accusateur en direction de la France dont «l’attachement à la stabilité marocaine l’oblige à empêcher tout effort sérieux de mise en cause du Maroc pour son non-respect des orientations du Conseil de sécurité». Christopher Ross exhorte ce dernier à prendre des mesures correctives à l’encontre du Makhzen, en estimant que le mandat du nouvel envoyé personnel d’Antonio Guterres doit être élargi et ne doit plus se limiter à la «simple convocation de réunions» et de «navettes à la recherche de flexibilité». Le diplomate, qui avait dénoncé l’annexion du Sahara Occidental au Maroc par Donald Trump, a confirmé que le régime monarchique de Rabat, contrairement à la direction politique du Front Polisario, a entravé une «surveillance indépendante soutenue des droits de l’Homme».
Le doute quant à la partie qui freine l’aboutissement à une solution négociée au conflit du Sahara Occidental n’est plus permis.
K. M.
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