Contribution de Mourad Benachenhou – L’inflation : ni une fatalité ni un accident
Une contribution de Mourad Benachenhou – «La chose la plus importante dont il faut se souvenir est que l’inflation n’est pas un acte de Dieu, que l’inflation n’est pas une catastrophe naturelle ou une maladie qui survient comme la peste. L’inflation est une politique» (Ludwig Von Mises, économiste autrichien, dans La Politique économique, idées pour aujourd’hui et demain, édition de 1979). La stabilité de la valeur de la monnaie nationale ressortit exclusivement de la responsabilité et des compétences, comme du champ d’action, des autorités publiques. Cette mission de veiller à ce que le pouvoir d’achat de la monnaie nationale ne varie dans le temps que faiblement, ou pas du tout, tant à l’intérieur du pays en cause qu’en comparaison avec les devises étrangères, est un monopole exclusif de l’Etat qui ne peut être ni délégué, ni sous-traité, ni négligé, ni soumis à concurrence.
Le maintien de la valeur de la monnaie nationale domaine exclusif des autorités publiques
Cette obligation de veiller à ce que la monnaie ne soit pas dépréciée, qu’elle ne perde pas de sa valeur, fait partie des missions obligatoires et des termes de références dirimants des autorités publiques. Celles-ci ne peuvent se prévaloir d’aucune justification pour laisser en déshérence la pouvoir d’achat de la monnaie nationale, et ne peuvent pas se cacher derrière des prétextes tirant leur source du système de répartition des compétences entre diverses structures de l’Etat pour expliquer leur passivité devant la chute de la valeur de la monnaie nationale, ni arguer de leur incapacité à combattre l’immoralité économique des spéculateurs privés, qui seraient les «isnogood», spéculateurs et autres, causant l’effondrement de la monnaie nationale.
Maintenir dans le temps la même définition des unités de mesure
La monnaie est, entre autres, une unité de mesure au même titre que les unités de poids, de distance et de température ; et de même que les autorités publiques doivent veiller à ce que la valeur des unités de mesures de poids, de distance et de température ne varie pas avec le temps, et que des instruments fiables soient utilisés pour assurer la précision dans leur mesure et qu’elles ne changent pas dans le temps, de même elles doivent tout faire pour que l’unité de mesure de la valeur des produits circulant dans le marché, qu’est la monnaie nationale, demeure stable à travers le temps. D’autant plus que de cette valeur dépend la valeur de toutes les autres mesures, car elles font toutes partie du même système et ont toutes le même objectif : normaliser les unités de mesure pour qu’elles facilitent non seulement les transactions économiques, mais également les multiples aspects de la vie quotidienne de la personne.
Peut-on concevoir une société où tous les jours il y a un changement dans le nombre de mètres par kilomètre et où le poids d’un kilo exprimé en gramme est modifié au gré des transactions et à la tête du client ? Peut-on accepter que le kilo de farine, fixé officiellement à 1 000 grammes, soit égal à 700 grammes aujourd’hui et à 200 grammes demain, et que le kilomètre de route soit établi à 900 mètres en janvier et à 400 mètres en juillet ?
Dans une société qui a dépassé le stade de l’économie de troc, la monnaie est le moyen d’échange universel accepté par tous ceux qui veulent acheter ou vendre un bien ou un service, de la viande au journal, en passant par le travail ou une séance de soins de beauté. Pour que qu’elle puisse jouer son rôle dans les opérations économiques de toutes sortes dans lesquels sont engagés les gens quotidiennement, il faut que sa valeur soit stable dans le temps, c’est-à-dire en termes d’équivalence fixe entre l’unité de monnaie, d’un côté, et l’unité de bien ou service dont elle va permettre l’échange, de l’autre.
Supposons qu’un dinar puisse s’échanger contre un kilogramme de café dans un monde où le dinar est une monnaie forte. Donc, une unité de dinar sera égale à une unité de mesure du poids du café appelé kilogramme. Si le dinar avec le temps ne permet plus de payer que 500 grammes de café, l’équation donnerait alors deux égalent un demi.
L’équivalence ancienne est remplacée par une nouvelle équivalence, et si toutes les équivalences entre l’unité de mesure universelle de valeur qu’est le dinar, dans le pays où il est utilisé, changent, cela ne peut que créer le désordre dans toutes les opérations d’échange effectuées dans le pays en cause ; par exemple, si la course de taxi pour un kilomètre de distance se faisait en contrepartie d’un dinar, et qu’après un certain temps, une unité de dinar ne permet de parcourir qu’un demi-kilomètre, l’équivalence dinar/kilomètre se modifie, passant de un égale un à un égale un demi !
La variation dans la valeur de la monnaie source de désordre et de tensions
Ce long développement vise seulement à souligner que lorsque la valeur de la monnaie change, en fait toutes les équivalences entre l’unité de cette monnaie et l’unité de bien ou service qu’elle permet d’acquérir changent également. Et même l’unité de mesure change également : un kilomètre de route d’hier devient un demi-kilomètre aujourd’hui.
De même que l’individu a besoin de normes qui facilitent sa vie, depuis les normes qui gèrent la langue, depuis le sens du vocabulaire utilisé dans la vie de tous les jours, en passant par la mesure du temps, sans oublier le code de la route, de même il ne peut vivre et agir de manière rationnelle si le système de mesures utilisé change de valeur au fur et à mesure du passage de temps.
Dans ce système de mesures, propre à une société où le seul instrument d’échange est la monnaie, la stabilité de la valeur de la monnaie est centrale pour garantir la stabilité de la valeur de toutes les autres unités de mesure.
Une dangereuse accélération de l’inflation
Il est un fait certain que, comme on s’y attendait, le dinar ne fait que perdre de sa valeur depuis plusieurs années, et le taux d’inflation ou d’évolution en baisse du nombre d’unités de bien ou service qu’un dinar permet d’acheter ne fait qu’augmenter. Depuis le début de l’année 2021, le pouvoir d’achat du dinar, exprimé en termes de taux d’inflation, ne fait que se réduire, et la chute de sa valeur s’accélère, même pondérée par les éventuelles erreurs statistiques liées au fait que les pondérations reflétant la répartition des dépenses entre chaque catégorie de dépenses constituant le panier de calcul peuvent ne pas être exactement celles de la période en cause.
Les chiffres de l’inflation, distribués par les organes officiels, ne font que se détériorer.
Une certaine indifférence hautaine des autorités publiques
Et rien ne permet de prévoir une décélération de l’inflation dans les mois à venir. Donc, le dinar continuera à perdre de son pouvoir d’achat, à moins que les autorités officielles ne prennent les mesures nécessaires pour s’attaquer à cette chute en enfer du dinar, cause de tous les problèmes économiques sociaux et même politiques auxquels est confronté ce pays.
Malgré cette perte immense de valeur que connaît le dinar, il ne semble pas que les autorités publiques en aient été alarmées ; elles se contentent de donner, quand l’opportunité se présente pour d’autres annonces plus porteuses sur le plan politique, des explications qui n’expliquent rien, y compris leur volonté d’ignorer simplement le problème.
Et ces explications, comme les remèdes «de grand-mère» qui sont avancés, ne reflètent même pas une inquiétude officielle attendue à l’égard de cette chute libre de la valeur de la monnaie nationale, évolution dramatique qui aurait conduit bien des gouvernements de pays responsables à prendre à bras-le-corps l’épreuve et à mettre en place les politiques adéquates.
Deux causes ont été officiellement avancées, et peu importe la fonction de l’autorité qui les a exprimées, car la perte du pouvoir d’achat du dinar n’interpelle pas une autorité précise, ayant des attributions bien définies mais toute la structure publique au sommet, étant donné que l’inflation n’est que la conséquence d’une politique économique et budgétaire publique, que cette politique soit couchée sur papier ou non, sous forme de programme formellement présenté et adopté, qu’elle soit implicite ou explicite.
1- L’inflation serait d’origine étrangère et l’évolution des prix, tout comme, évidemment la perte visible du pouvoir d’achat du dinar, serait la simple conséquence de l’inflation mondiale ;
2- l’inflation serait la conséquence du désordre dans les circuits de distribution.
Ces deux thèses qui expriment la volonté des autorités publiques, non seulement de dégager leurs responsabilités à l’égard de cette évolution en baisse du pouvoir d’achat du dinar, en rejetant les causes du problème sur d’autres agents qu’elles, mais également de ne rien faire pour l’arrêter, méritent qu’on s’y arrête.
L’inflation n’est pas importée
Le problème avec la première explication est qu’aucune statistique nationale en provenance des principaux partenaires économiques et commerciaux de l’Algérie ne la corrobore et, en fait, tous les chiffres officiels nationaux ou provenant d’organisations internationales lui apportent un démenti cinglant.
Voici pour le mois d’août 2021 les taux d’inflation des principaux partenaires économiques de l’Algérie :
Etats-Unis : 5,25% ; Grande-Bretagne (3,03%) ; Europe (2,96%) ; Allemagne(3,87%) ; Japon (0,40%) ; Chine : (0,64%).
(Source: https://www.global-rates.com/en/economic-indicators/inflation/consumer-prices/cpi/austria.aspx)
Ces statistiques, toutes aussi officielles les unes que les autres, et qui rapportent l’évolution de l’inflation dans les pays qui couvrent au moins 95% des transactions commerciales extérieures de l’Algérie, prouvent que l’inflation chez nos partenaires économique est relativement faible, si ce n’est acceptable et que, donc, si l’on considère que l’inflation extérieure importée a une incidence sur le taux d’inflation en Algérie, doit conforter la conclusion inverse de celle adoptée par les autorités publiques du pays, à savoir que le taux d’inflation intérieure aurait dû suivre la même tendance que chez nos partenaires, c’est-à-dire se maintenir à un niveau supportable au lieu de s’accélérer sans discontinuité.
Le désordre dans les circuits de distribution : conséquence et non cause de l’inflation
Quant à la liaison entre taux d’inflation et désordre dans le circuit de distribution des biens de grande consommation, et qui, selon l’analyse des autorités publiques, expliquerait la tendance inflationniste terrible actuelle, elle est exactement et précisément l’inverse de ce qui a été officiellement déclaré.
C’est l’inflation qui est la cause du désordre dans le circuit de distribution des produits de grande consommation et, par voie de conséquence, du caractère florissant du commerce informel qui, hélas ! ne concerne pas seulement les jeunes marchands et marchandes à la sauvette dont tous les stocks étaient, jusqu’à récemment, mis à l’étalage des trottoirs publics.
Il n’y a pas une seule activité économique et commerciale privée qui ne ressortisse pas partiellement ou totalement du secteur informel, tellement le désordre des prix et de la distribution est total ; que l’activité soit réglementée tant dans ses modalités d’exercice que dans la nature, la qualité et le prix des biens et services qu’elles rend, qu’elle fasse intervenir des professions qui exigent de hauts diplômes universitaires pour leur exercice, ou celles qui ne demandent qu’un esprit d’entreprise élémentaire de la part de ceux qui les pratiquent.
Car, quiconque exerce une activité rémunérée par l’échange du bien ou service qu’il rend sur le marché contre des dinars a le choix d’ignorer, à ses propres risques, la détérioration rapide du pouvoir d’achat des montants qu’il reçoit et de suivre les règles de jeu qui dictent les lois comme la morale publique, et se retrouverait très rapidement en état de cessation de payement, car ignorant l’évolution des prix en hausse des produits et services qu’il achète pour ses propres besoins personnels ou d’affaire, il se retrouverait rapidement en état de banqueroute.
Et comme d’habitude, on lutte contre les aspects les plus visibles du phénomène au lieu d’en attaquer la cause profonde, qui réside dans la perte continue du pouvoir d’achat du dinar.
Le paradoxe du spéculateur
Haro sur le spéculateur ! hurle-t-on de tous côtés. Mais le spéculateur ne fait que réagir à la perte du pouvoir d’achat de l’unité monétaire : tout comme le ferait toute personne sensée, il essaierait de se protéger des effets nocifs de l’augmentation des prix des biens et services sur son propre pouvoir d’achat et sur le coût de la production des biens et services qu’il rend, et il augmenterait non seulement ses prix mais, prévoyant que l’inflation est un phénomène dont la disparition n’est pas pour demain, il commencerait à stocker ses biens, à se faire payer sous la table les prestations de service qui, pourtant, devraient faire partie intégrante du service qu’il rend.
Il réduirait la qualité de ses biens et services, rognerait sur les poids et coûts de la production, en diminuant les quantités vendues pour le même prix, en vendant des produits avariés, en passant moins de temps avec son patient pour traiter le maximum de patients dans le temps d’ouverture de son cabinet, et en refusant, par définition, toute réglementation officielle, tout circuit de distribution rendant non seulement aisée la distribution des biens ou services à tous les consommateurs finaux mais, également, et plus sérieux encore, rendant transparent le système de formation des prix.
En période d’inflation, il n’y a aucune activité économique qui ne donne pas lieu à spéculation dont l’objectif est de se protéger contre la perte du pouvoir d’achat de la monnaie, d’abord et avant tout, et ensuite d’en tirer profit au maximum en fonction de la demande du bien ou service vendu.
Des pratiques que condamne la morale mais que dicte la rationalité économique
Les pratiques spéculatives ne peuvent qu’être qualifiées d’immorales ; il ne s’agit nullement de les justifier, de les encourager ou de les glorifier, mais simplement de les expliquer, car, hélas ! les leçons de morale n’ont jamais changé le comportement des agents économiques, du consommateur au producteur, en passant par le distributeur, si les conditions de formation des prix sont perturbées par une baisse constante de la valeur de l’unité universelle de calcul de cette valeur qu’est la monnaie nationale.
Comment peut-on demander à un grossiste de ne pas stocker une partie des produits dont il assure l’écoulement s’il doit les vendre à perte au prix immédiat alors qu’il sait que le prix de demain sera supérieur au prix d’aujourd’hui du fait de l’inflation ? Comment peut-on exiger d’un médecin de pratiquer la tarification officielle de ses prestations, qui change au gré de l’initiative des autorités officielles, si ces mêmes autorités ne sont pas capables de lui garantir que l’argent qu’il reçoit pour une prestation au jour d’aujourd’hui gardera son pouvoir d’achat dans les mois, si ce n’est les années à venir.
Et, évidemment, dans ce cas, par autorités officielles on inclut toute la hiérarchie des institutions publiques qui ont spécifiquement pour rôle de maintenir la stabilité du pouvoir d’achat de la monnaie, et non spécialement l’administration qui est chargée de réglementer et de gérer le système d’assurance maladies.
Loin d’être causée par le désordre dans les circuits de distribution des biens et services, toutes catégories et toutes spécialités incluses, c’est l’inflation qui crée le désordre qui règne dans le secteur marchand de l’économie.
Réduire l’anarchie dans les circuits de distribution et combattre la spéculation
Tant que le pouvoir d’achat du dinar ne sera pas stabilisé et que les autorités publiques nationales – contrairement même à un pays de régime autoritaire comme la Chine, qui ne se targue pas d’être démocratique dans son nom officiel – continuent d’ignorer l’inflation et la rognure de la valeur du dinar qu’elle reflète et à rejeter sur les opérateurs économiques le blâme de la chute de la valeur du dinar, pourtant causée directement par la ligne de politique économique suivie par ces autorités publiques, et qui ne débouche même pas sur un taux de croissance de type chinois de 7% – avec réduction de l’inflation en plus –, et étrangement faible malgré les mobilisations de fonds immenses, le désordre régnera dans les circuits de distribution et, pour survivre, les opérateurs économiques, toutes activités confondues, continueront à spéculer.
Les spéculateurs ne créent pas l’inflation
Qu’on leur donne un moyen universel stable d’échange de valeurs et, comme par miracle, et sauf à la marge, bien sûr, car les tricheurs ne disparaîtront pas de sitôt de ce monde, tout rentrera dans l’ordre, et même les cas d’empoisonnement alimentaire disparaîtront, tout comme le stockage clandestin de produits de première nécessité ou autre et les surfacturations, sous la table… d’opération ! des soins médicaux dans les cliniques privées !
Finalement, accuser de crime de rognure de la monnaie nationale ceux qui ne font que réagir de manière, certes, condamnée par la morale, mais néanmoins économiquement rationnelle, à la détérioration du pouvoir de la monnaie nationale, ne constitue ni un début de prise de conscience et de prise en charge du problème, ni un cheminement pouvant déboucher sur une politique de lutte contre l’inflation.
Frapper de lourdes peines de prison les spéculateurs ne réduit en rien le taux d’inflation et ne diminue le sentiment d’impuissance du consommateur face à une flambée des prix dont il ne comprend pas la mécanique.
Mettre le désordre monétaire qui génère l’inflation sur le dos d’autres acteurs économiques que l’Etat, pourtant se déclarant seul maître et garant non seulement de l’émission, mais également de la valeur de la monnaie nationale, est tout simplement et tout clairement la marque de l’irresponsabilité politique.
Toute la responsabilité de la hiérarchie supérieure du système politique algérien est engagée dans : soit la perpétuation, soit la lutte contre ce phénomène qui empêche la mise en place d’une véritable économie de marché car, sans une monnaie stable, c’est une économie de spéculation qui utilise les mécanismes du marché pour prospérer, paradoxalement, au détriment aussi bien d’ailleurs de ceux qui en profitent le plus actuellement que de ceux qui en souffrent.
En conclusion
1- Le maintien du pouvoir d’achat de la monnaie nationale et l’arrêt de la détérioration de sa valeur, qui se reflète dans un taux d’inflation accéléré, est du ressort exclusif des autorités publiques nationales.
2- L’inflation est la conséquence directe et claire des politiques économiques exprimées ou implicites menées par les autorités publiques qui sont en charge de gérer les affaires du pays et, qui, toutes, portent la responsabilité de la continuation de ce phénomène destructif et de l’accélération de son rythme.
3- C’est à ces autorités de prendre les mesures nécessaires connues pour étouffer l’inflation et donner aux Algériens une monnaie à valeur stable qui, seule, peut garantir un développement équilibré et rapide du pays, qui souffre à la fois d’un taux de croissance misérable au vu des sommes colossales investies et d’un taux d’inflation maintenant dangereusement proche de deux chiffres, et qui peut à tout moment se transformer en hyperinflation, avec toutes les conséquences déstabilisatrices profondes et douloureuses que cela entraînerait pour tout le pays.
4- L’inflation n’est ni la simple conséquence mécanique de l’inflation importée, qui continue à demeurer raisonnable dans les pays et les blocs économiques partenaires de l’Algérie, ni la conséquence directe et immédiate d’un système de distribution anarchique des biens et services, ni même le produit des actions de manipulation des prix par des spéculateurs sans scrupules.
5- C’est l’inflation qui génère, encourage et perpétue l’anarchie dans les circuits de distribution, non l’inverse.
6- La première et l’unique politique à adopter pour assainir l’économie, réduire le chômage, diversifier la production, réduire la dépendance à l’égard des hydrocarbures, accroître la productivité et donner au pays un rythme de développement à la chinoise et à la hauteur des sommes colossales actuellement investies est celle qui débouche sur le ralentissement, sinon l’élimination de l’inflation.
7- Les dirigeants qui ignorent les dangers économiques, sociaux et politiques de l’inflation le font à leur propre risque car ce n’est pas le genre de problème qu’on peut résoudre par l’usage de la force brute ou la répression, ou même les mesures d’atténuation temporaires sous forme d’augmentation des rémunérations.
8- Finalement, et pour conclure, une simple citation de Ernest Hemingway qui, bien que n’étant pas un économiste de formation, a bien résumé le fonds du problème : «La première panacée d’une nation mal gérée est l’inflation de la monnaie, la seconde est la guerre. Les deux apportent une prospérité temporaire ; les deux entraînent une ruine permanente. Mais les deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques» (dans Notes sur la prochaine guerre. Une lettre portant sur un sujet sérieux, Revue Esquire, septembre 1935).
M. B.
Ancien ministre de l’Economie
Comment (18)