S’en prendre à soi
Par Bachir Medjahed – Il est bien évident que l’Afrique s’aborde sous l’angle de la conflictualité intra-étatique, les pays arabes s’abordent sous l’angle des dictatures, s’il est évident que nous avons bien des raisons de nous en culpabiliser, il y a bien des raisons pour que les pays occidentaux devraient, eux également, en avoir pour qu’ils s’auto-culpabilisent. Ils ne sont fidèles qu’à leurs intérêts ? C’est peut-être nous qui n’avons rien compris.
Nous savons quand même que dans les relations internationales, il n’y a que les intérêts qui mettent leurs diplomaties en mouvement. Et les nôtres ? Peut-être pouvons-nous dire qu’il ne faudrait plus croire que les pays occidentaux sacrifient leurs intérêts sur la base du droit international alors qu’en réalité jamais ils n’ont accepté de se conformer au droit international si celui-ci va à l’encontre de leurs intérêts. C’est chacun pour soi et Dieu pour les riches et les puissants. Dans ces conditions, ils savent surfer sur nos problèmes, créer eux-mêmes une crise dans nos pays, puis ils s’investissent dans le meilleur usage à faire de celle-ci.
Si nous sommes tout le temps en position de faiblesse, c’est parce que nous avons trop de vulnérabilités. Afrique, espaces arabes, espaces musulmans sont au centre de l’actualité. Ce sont nos pays qui sont en permanence suivis sur les écrans occidentaux. On a l’impression que c’est chez nous que se joue le sort du terrorisme, que c’est là où se joue le sort de la sécurité mondiale, que c’est là où se joue l’avenir de la démocratie mondiale. Uniquement chez nous.
Cette focalisation sur nos pays n’est pas à nous en rendre fiers. L’avenir du terrorisme mondial se joue-t-il uniquement dans la région sahélo-saharienne ? Si on observe cet acharnement et les lieux mis sous surveillance politique et sécuritaire, on devrait d’abord nous en prendre à nous-mêmes, nous qui ne sommes pas capables de nous associer et de nous défendre solidairement.
B. M.
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