Algérie-Maroc : complot et propagande à l’heure des nouveaux médias
Par Abdelkader B. – Durant les périodes de profonds changements vécus par notre pays, le complot marocain a toujours constitué à la fois une réalité et une obsession ainsi qu’un outil de provocation au service d’une stratégie de déstabilisation, et ce n’est pas l’historien latin Salluste, lui qui connaît bien notre pays, va nous contredire en ce sens, notamment lorsqu’il est historiquement établi que le roi Bocchus (du Maroc), depuis le IIe siècle av. J.-C. n’a jamais cessé de mener des actions hostiles et malveillantes à l’encontre de notre pays.
Le royaume du Maroc, pas mauvais disciple de l’historiographie non plus, a opté malicieusement, quant à lui, à l’intrigue, la trahison et le positionnement systématique sur les orientations des Romains, des Français et maintenant des sionistes.
Ainsi, les relations algéro-marocaines, teintées d’incertitude, engendrent, à l’heure des nouveaux médias, cette psychose ancestrale et privilégient le complot comme mode opératoire, dans une ambiance malsaine. La technique est bien rodée et elle peut faire mouche auprès de récepteurs qui ne seraient pas suffisamment armés face à la manipulation propagandiste.
En effet, la propagande marocaine, à l’heure de l’internet, procède à de telles manipulations afin de mettre en difficulté la diplomatie algérienne, voire à déstabiliser le pays et ternir son image et sa réputation.
Voici déjà longtemps que les grands laboratoires d’intelligence, marocains et israéliens, ont recherché des moyens de livrer à l’Algérie une étrange bataille, nouvelle en ses formes bien que traditionnelle en sa nature. La nouveauté profonde tient à ce que le traditionnel s’insère dans un environnement différent qui valorise et amplifie cette intervention délibérée et soigneusement travestie afin d’égarer le jugement algérien en Libye, d’inciter à prendre des décisions inappropriées au Mali et d’engager la diplomatie algérienne dans des actions contraires à son intérêt à l’Union africaine.
De la guerre diplomatique à la guerre abstraite, il n’y a parfois qu’un pas que n’ont pas manqué de franchir les institutions israéliennes et marocaines, qui considèrent l’Algérie comme étant un Etat pivot au Maghreb à affaiblir d’abord dans son environnement immédiat.
Inutile de s’étonner, ni même de prendre du recul devant ce triste et accablant constat. Constat qui, hélas, tend à s’inscrire dans la durée et occulter l’ampleur des dommages causés par les faits et les méfaits cautionnés de différents cercles marocains, qui mettent en cause l’unité du peuple et du territoire algériens. Oublient-ils que cette unité forgée par les armes, le sang et les larmes est sacrée.
Emanant de cercles marocains, dont l’obsession vis-à-vis de notre pays frise les pathologies les plus sévères et se faisant relayer par des mercenaires qui ne sauraient dire ce qu’est l’honneur de la patrie et des martyrs, certaines intervenants, que l’entité maroco-sioniste, qualifiée à juste titre en arabe de «sahariba», essaie de vendre les mêmes arguments, tous défavorables à l’Algérie, considérée comme un pays qui «se recroqueville sur lui-même», «s’enferme», «n’est pas au diapason des changements géopolitiques qui s’opèrent autour de lui» et reste potentiellement «antisémite».
Eddie Cohen, notoirement connu, qui semble entretenir des liens étroits avec des officines douteuses, multiplie les rumeurs, évoquant tantôt l’atterrissage d’un avion militaire algérien sur une base militaire israélienne, tantôt une sollicitation par le gouvernement algérien pour se faire fournir en vaccin contre le Covid-19 par le régime de Tel-Aviv, souligne tout récemment que «l’accord militaire entre le Maroc et Tel-Aviv ne fait plus de doute». Sur ce plan, la presse évoque l’établissement imminent d’une base militaire dans la ville d’Afsous à Nador, au nord du royaume, près de l’aéroport international de Laroui, au sud de Melilla. Et d’ajouter : «Je dirais même que c’est une alliance stratégique fondamentale. Et cette alliance devrait être vue par la monarchie marocaine comme l’élément décisif qui lui assurera une place prépondérante dans la région. L’agent Eddie Cohen n’a, à ce propos, pas hésité à affirmer que l’entité sioniste se mobiliserait aux côtés du Maroc et équipera l’armée marocaine «en cas d’agression» de la part de son voisin de l’Est.
«C’est donc l’Algérie qui est visée en premier lieu», a mis en garde Jacob Cohen, qui s’est montré persuadé que le Maroc «ne cherche pas l’apaisement», mais plutôt un rapport de force «à la manière de son nouvel allié sioniste».
Le 13 août 2021, en visite à Rabat, le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, se dit inquiet du rôle joué par l’Algérie dans la région, du rapprochement d’Alger avec l’Iran et de la campagne menée par Alger contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine, alors que notre pays, contrairement à la version médiatique, n’était pas sur ce point précis la source d’inspiration.
Le 31 octobre, l’Algérie décide de ne pas reconduire le contrat du gazoduc GME (Gaz Maghreb Europe) qui, depuis un quart de siècle, alimente, via le Maroc, l’Espagne et le Portugal en gaz algérien. Pour certains propagandistes, la faute incombe à l’Algérie qui, «en fermant le robinet, c’est aussi le symbole de l’entente maghrébine et la promesse de prospérité pour ses habitants que le régime algérien choisit d’assécher». Cette mesure est «d’une rare violence», commente la chaîne lancée par Patrick Drahi et accueillant sur ses plateaux une brochette de lobbyistes pro-marocains portant, pour l’écrasante majorité d’entre eux, la double nationalité française et israélienne ou natifs du Maroc.
Les arguments de ces manipulateurs sont tirés par les cheveux et rappellent ceux d’un accusé qui, dans son box, multiplie les versions pour convaincre le juge de son innocence mais ne fait qu’aggraver son cas.
Dernier article en date, une description apocalyptique de la situation en Algérie qui fait que les Algériens «rejettent» les récentes mesures de rétorsion décidées par les autorités à l’encontre du régime marocain. Le discours est le même et les éléments de langage sont choisis avec une jalouse précision pour faire accroire à un effondrement imminent de l’économie algérienne et une explosion sociale. Répandu par des journaux marocains, un tel mensonge ne passerait pas. Mais une alerte lancée par un youtubeur algérien auquel les services marocains gonflent les chiffres artificiellement pourrait marquer les esprits, croient les auteurs d’une telle machination grotesque.
Des données qui ont vraisemblablement échappé à ceux qui ont tenté de s’engouffrer dans la brèche pour essayer de ternir l’image de notre pays et qui, manifestement, s’y sont très mal pris ; un exercice aussi vain que loufoque que le régime chérifien, qui espérait avoir définitivement des dividendes de cette proximité conjoncturelle avec l’entité sioniste, a fini, et finira, toujours par être jeté aux oubliettes de l’histoire.
Il est tout à fait clair, pour paraphraser le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, que l’Algérie, qui a résisté aux tsunamis savamment organisés par des officines spécialisées, sera le tombeau de cette machination diabolique à l’heure des nouveaux médias.
A. B.
Comment (32)