Le Makhzen instruit ses imams en France d’influencer les fidèles algériens
Par Kamel M. – L’insouciance apparente du régime marocain face aux mesures de rétorsion décidées par l’Algérie est trahie par ses tentatives désespérées de remédier à la situation par des moyens biaisés. Les services secrets marocains ont mobilisé la Toile pour manipuler les opinions publiques algérienne et marocaine sur la nécessité d’une médiation. Dernière tentative en date : une supposée réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour amorcer des contacts entre les deux parties aux fins d’une réconciliation. Ne s’arrêtant pas là et usant de tous les subterfuges possibles et imaginables, le Makhzen a décidé de charger ses imams officiant dans les mosquées françaises pour prêcher la fraternité entre les deux pays «au nom du Maghreb des peuples».
«Le Maroc, qui contrôle un grand nombre de mosquées dans l’Hexagone, cherche à influencer la communauté algérienne et franco-algérienne avec un grand risque de réussir car les pratiquants qui fréquentent ces lieux de culte ne sont généralement pas politisés et se considèrent loin de ces problèmes, sans compter les éléments qui travaillent pour le Maroc, y compris à la Grande Mosquée de Paris», indique une source proche du dossier. «Le hic pour les dirigeants marocains, c’est qu’au Maroc même la majorité des sujets de Mohammed VI partagent le refus de la normalisation avec Israël et expriment ce refus par de grandes manifestations étouffées par un blackout médiatique total, aussi bien au Maroc qu’en France. Ces Marocains sont donc plus proches des positions algériennes que de celles de leur régime sur cette question et sur bien d’autres», explique notre source.
Dans le même temps, de nombreux intervenants tentent de rassurer l’Algérie que l’accord militaire scellé par Rabat et Tel-Aviv et qui a couronné la visite du ministre de la Défense israélien, Benny Gantz, au Maroc, ne vise pas le voisin de l’Est, tandis qu’à Alger on est persuadé que cette coopération est bel et bien tournée contre l’Algérie, comme l’a indiqué, d’ailleurs, le deuxième homme de l’Etat, Salah Goudjil, qui s’est interrogé sur le silence complice des «pays frères». Une organisation spécialisée dans la géopolitique a mis en garde contre les buts inavoués de l’entité sioniste qui menace d’abord et avant tout la sécurité du Maroc, selon elle. Cette organisation basée au Caire a expliqué que l’accord israélo-marocain aura pour conséquence l’espionnage des citoyens marocains d’abord, en soulignant qu’aucun autre pays arabe ayant normalisé avec Israël n’a conclu une telle entente à sens unique, ni les Emirats arabes unis, ni l’Egypte, ni la Jordanie, bien que ces deux derniers pays aient rétabli leurs relations avec l’Etat hébreu depuis plusieurs décennies.
Un retour à la normale dans les rapports tendus entre l’Algérie et le Maroc n’est pas pour demain, assure-t-on. Au contraire, les choses tendent à s’envenimer davantage et des escarmouches ne sont pas à exclure lorsqu’on sait que le commandant de la zone sud au Maroc s’est déplacé à Rabat pour y rencontrer le ministre israélien de la Défense et néanmoins ancien chef d’état-major de l’armée israélienne. Ce qui fait dire à de nombreux observateurs que cela relève d’un plan comportant le déploiement de matériel militaire et de conseillers le long de la frontière avec l’Algérie et les territoires sahraouis libérés.
K. M.
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