Pourquoi les autorités françaises ont eu peur d’une victoire de l’Algérie au Qatar
Par Mohamed K. – Réunion sur réunion à Paris à quelques heures de la finale qui doit opposer l’Algérie à la Tunisie à plus de six mille kilomètres de là. Les autorités françaises savent que chaque match des Verts donne lieu à des scènes de liesse, notamment sur les Champs Elysées. Le hic, c’est qu’une telle éventualité tombe mal cette année. Si, d’habitude, des débordements sont constatés çà et là, conséquence de l’infiltration de quelques éléments perturbateurs, comme dans chaque manifestation – on l’a vu avec les Gilets jaunes et les opposants à la vaccination obligatoire contre le Covid-19 –, cette fois-ci, la simple rencontre de football risquait de se transformer, par la force des choses, en une réaction à la montée sans pareil du racisme, de la xénophobie et de l’islamophobie dans les sphères officielles de l’Etat.
En effet, le discours haineux du candidat à la présidentielle Eric Zemmour à l’égard de la communauté algérienne ne pouvait demeurer sans réponse. Et une victoire des Verts à la Coupe arabe risque d’être l’élément déclencheur de ce que de nombreuses personnalités publiques avaient averti, en dénonçant l’instrumentalisation de l’islam à des fins électorales par les candidats de l’extrême-droite et de droite à l’Elysée. Drapées auparavant dans des phrases alambiquées et autres euphémismes, les attaques contre les musulmans en France sont désormais plus directes et les propos virulents, les hommes politiques ne faisant plus preuve de retenue et ne s’encombrant plus d’atténuations pour déverser leur haine sur cette frange de la société française vouée aux gémonies et peu protégée.
Ce qu’il risque de se passer dans les semaines et les mois à venir, c’est un transfert des heurts de la banlieue vers le centre de la capitale et une contamination des autres grandes villes françaises, à l’instar de Marseille où est concentrée une forte communauté maghrébine, unie dans ce genre de circonstances contre un ennemi commun incarné par le trio Eric Zemmour, Marine Le Pen et Eric Ciotti. C’est pour toutes ces raisons que les autorités françaises se préparent à étouffer dans l’œuf toute réaction violente aux dérapages multiples d’une classe politique résolue à déloger le pensionnaire de l’Elysée en s’arc-boutant sur un électorat extrémiste dont les rangs ont été gonflés par la crise sociale qui secoue la France et qui a conduit à une paupérisation rampante.
D’où l’exacerbation des slogans hostiles aux immigrés, «source de tous les maux de la France», selon ceux qui les portent et qui sont de plus en plus nombreux à dénoncer la politique migratoire du pouvoir, bien que la tendance de ce phénomène vieux comme le monde, et que rien ne peut juguler, ait changé, à la faveur des bouleversements géopolitiques qui voient des millions de demandeurs d’asile affluer vers la France de pays beaucoup plus loin que ses anciennes colonies d’Afrique du Nord, situées à moins d’une heure de vol.
M. K.
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