Le Maroc déploie sa gendarmerie tout le long de la frontière avec l’Algérie
Par Nabil D. – Le Maroc a déployé sa gendarmerie le long de la frontière avec l’Algérie, depuis la zone-tampon, au plus près de Mahbès, jusqu’au nord, indique la chaîne d’information russe Russia Today. Un déploiement qui intervient à un moment délicat dans les relations entre les deux pays, sur fond d’accords militaires entre le régime monarchique de Rabat et Israël dont le ministre de la Défense, Benny Gantz, s’est rendu à Rabat récemment, faisant suite au déplacement de son collègue des Affaires étrangères qui a été le premier à lancer des menaces directes contre l’Algérie, préludant ainsi à la rupture par cette dernière de ses relations avec son voisin de l’Ouest.
Ce qui ressemble à une escalade militaire ne dépasse pas la limite de la gesticulation, notent des observateurs avisés, selon lesquels quand bien même le Makhzen a franchi le pas de trop dans ses provocations, une guerre n’est pas envisageable dans la région pour de nombreuses raisons, au premier rang desquelles l’onde de choc qu’un conflit armé entre l’Algérie et le Maroc aurait sur l’ensemble du pourtour méditerranéen et au-delà. Fragilisée par un Sahel infesté par les groupes islamistes armés et une Libye en proie à une crise politique sans fin – l’élection présidentielle prévue le 24 décembre passé a été reportée sine die –, la région ne supporterait pas un antagonisme poussé à l’affrontement direct entre la première puissance régionale et sa «rivale».
Dans un entretien à Algeriepatriotique, l’écrivain franco-marocain Jacob Cohen a affirmé qu’il «ne croit pas à une agression armée contre l’Algérie». «D’abord, je ne vois pas comment elle pourrait être justifiée et transformée en action de légitime défense. Ensuite, le Maroc chercherait plutôt, grâce au savoir-faire qu’il attribue aux Israéliens, à mener des actions de subversion et de déstabilisation en deçà du conflit armé, comme un travail de sape qui amènerait l’Algérie à résipiscence et, in fine, à abandonner le Polisario», a-t-il expliqué. «Le fantasme ultime», a ajouté l’auteur du Printemps des sayanim. «Parallèlement, a-t-il poursuivi, le Maroc semble développer une force militaire tous azimuts, mais plus pour peser sur le rapport de forces.»
Jacob Cohen estime que le Makhzen «aurait trop à perdre d’un conflit qui ne tournerait pas très vite à son avantage». «Le régime chérifien donne l’impression de découvrir, dans l’allié sioniste, la clé qui lui manquait pour montrer ses ambitions et les moyens d’y parvenir», a encore souligné le militant antisioniste, pour lequel le régime marocain, qui «n’en revient pas d’être admis dans la cour des grands», s’échine à «complaire» à son nouvel allié.
N. D.
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