Jacob Cohen : «Le Maroc est dans une logique de confrontation avec l’Algérie»
Par Nabil D. – «Le Maroc est entré dans une stratégie de confrontation avec l’Algérie, assuré de bénéficier du soutien d’une des armées les plus puissantes au monde», a indiqué Jacob Cohen dans un entretien à Algerie54. «Est-ce qu’il se laissera entraîner dans un conflit armé en pensant pouvoir donner un coup fatal à l’ennemi dans une guerre-éclair et profiter de cet avantage pour récolter les dividendes ? Est-ce que le régime sioniste n’aurait pas intérêt à pousser à un conflit qui affaiblirait les deux pays et rendrait le Maroc plus dépendant encore ?» s’est interrogé l’écrivain franco-marocain.
«Le drame est d’avoir fait rentrer le loup dans la bergerie. Israël a un mépris total des Arabes, de tous les Arabes. Et si les Arabes avaient appris à connaître l’envahisseur sioniste, son idéologie, ses manœuvres depuis un siècle, ses expéditions brutales contre toutes les populations arabes voisines, sa vision raciste et l’apartheid qu’il impose à ses citoyens arabes, l’expansionnisme qui fait partie de son ADN, ils auraient peut-être été moins enthousiastes à entrer dans cette paix de dupes», a-t-il expliqué, en estimant qu’«au fond», ils n’avaient pas vraiment le choix. Selon lui, les monarchies arabes n’avaient pas encore les moyens de refuser la pax israelana que l’axe américano-sioniste leur a imposée. «Je crains que le destin des pays maghrébins ne soit plus totalement entre leurs mains», a-t-il mis en garde.
Revenant sur la coopération militaire entre le Maroc et Israël, Jacob Cohen a affirmé que celle-ci «semble atteindre un niveau exceptionnel». «Il ne s’agit pas seulement d’une vente d’armes et de la présence de quelques conseillers. Il s’agit véritablement d’une alliance stratégique entre le Maroc et Israël que l’OTAN voit discrètement d’un bon œil», a-t-il souligné, en relavant que le Maroc «est entré de plain-pied dans l’Alliance militaire atlantique» et qu’«il ne s’en cache pas». Le régime de Rabat «semble tout faire pour précipiter le mouvement», fait remarquer l’écrivain, pour lequel «tout cela ne présage rien de bon quant à la stabilité de la région». «Il paraît certain, désormais, a-t-il précisé, que le régime chérifien n’hésitera pas à se faire l’agent de l’impérialisme occidental pour réduire l’influence régionale de l’Algérie et l’amener à plus de concessions dans sa politique étrangère et sa stratégie économique».
N. D.
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