Prévention et lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en Afrique : Tebboune présente son rapport à l’UA
Le président de la République, Abdelmadjid Tebnoune, a présenté dimanche à Addis-Abeba son rapport, en sa qualité de coordonnateur de l’UA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique. Dont l’APS présente le texte intégral :
«Monsieur le Président, Excellences Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement, Excellences, Mesdames et Messieurs
Permettez-moi d’abord de vous remercier de m’avoir offert cette opportunité pour présenter mon rapport sur les efforts de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, en ma qualité de Coordonnateur de l’Union africaine sur cette question.
En dépit de tous les efforts consentis par la communauté internationale dans la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, ce fléau continue de sévir dans plusieurs pays du monde, en particulier sur notre continent, où la menace terroriste a pris des proportions alarmantes, notamment dans la région sahélo-saharienne, causant des pertes et dommages dramatiques aussi bien sur le plan humain que matériel, qui vont au-delà de cette bande, pour s’étendre du bassin du Tchad jusqu’en Afrique australe, en passant par l’Afrique de l’Est.
Les attentats commis quotidiennement emportent des vies humaines et sèment la terreur au sein des populations, accentuant l’instabilité et les phénomènes de déplacement de populations meurtries. Cette menace est accentuée par les risques qu’engendrent le déplacement et le retour des combattants terroristes étrangers, conséquence de la déconfiture des groupes terroristes, notamment au Moyen-Orient.
En outre, les liens avérés entre le terrorisme et le crime transnational organisé sont de nature à alimenter les groupes terroristes en moyens financiers colossaux, à travers notamment le payement de rançons, la drogue, la traite humaine, la contrebande et le piratage.
Par ailleurs, l’effort de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent butte sur le redéploiement qui s’opère en profitant des moyens de large mobilisation qu’offre «l’espace virtuel», après avoir perdu la bataille dans «l’espace physique». Le cyberespace devient ainsi un théâtre d’endoctrinement et de recrutement pour les groupes terroristes.
L’accroissement de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication et de l’accès aux réseaux sociaux, en particulier au sein des catégories sociales les plus vulnérables parmi les jeunes et les femmes, offre des opportunités inespérées à l’extrémisme d’accroître sa capacité de nuisance. Ainsi, la radicalisation est en phase de gagner davantage de terrain, en particulier au sein des couches de populations les plus défavorisées sur le plan économique.
Par conséquent, nos pays – déjà lourdement impactés par les conséquences désastreuses de la pandémie de la COVID-19 et de la récession économique engendrée – se voient dans l’obligation d’affecter des ressources, qui se raréfient davantage pour développer des stratégies et acquérir des moyens de riposte à la menace terroriste.
Monsieur le Président
La bataille contre le terrorisme et l’extrémisme violent ne pourrait être gagnée en l’absence d’une approche compréhensive basée sur un déploiement sur un double front, à savoir la lutte contre les groupes extrémistes, mais aussi et, surtout, en termes de prévention et d’efforts de déradicalisation.
Consciente de l’impact de ce fléau sur la paix et la stabilité dans la région et au développement durable sur notre continent, l’Organisation panafricaine s’est efforcée à développer un large éventail d’instruments juridiques et organisationnel pour endiguer l’expansion de ce phénomène sur le continent. Ainsi, une Convention de prévention et de lutte contre le terrorisme a été adoptée en 1999, suivie d’un Plan d’action de lutte contre le terrorisme en 2004.
Au titre de l’accomplissement de son mandat de coordonnateur sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique, confié par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine en 2017, et dans le souci de renforcer la coopération régionale et internationale en matière de lutte contre le financement du terrorisme, l’Algérie a organisé, conjointement avec l’Union africaine (UA) à Alger en avril 2018, une réunion de haut niveau de l’UA sur la lutte contre le financement du terrorisme.
Les conclusions de cette réunion ont été adoptées par le Conseil de paix et de sécurité à l’occasion de sa 812e réunion, tenue en novembre 2018, qui a demandé à la Commission et aux Etats membres de mettre rapidement en œuvre les décisions et recommandations de la réunion de haut niveau. Elles ont également été présentées par l’Algérie à l’occasion de la tenue de la Conférence sur la lutte contre le financement de Daesh et Al-Qaida organisée à Paris sous le thème No money for terror.
Monsieur le Président
En vue d’impulser un nouveau souffle à l’effort collectif de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, et tenant compte de la situation d’instabilité que connaît la région sahélo-saharienne et l’aggravation de la menace terroriste et des autres menaces connexes sur plusieurs région du continent, mon pays a proposé au courant de l’année 2021 une nouvelle approche africaine susceptible d’encadrer et de stimuler la prévention et la lutte contre ce fléau, à travers une lettre adressée au président en exercice de l’Union africaine, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi Tshilombo.
Préoccupée par les effets du terrorisme et de la criminalité transnationale et leur impact sur la bonne gouvernance, le développement économique et social ainsi que la paix et la sécurité, l’Algérie a toujours plaidé pour une approche globale et intégrée dans les stratégies à mettre en œuvre pour mieux appréhender et combattre le terrorisme et la criminalité au niveau national et international.
Ces propositions visent à redynamiser les institutions et renforcer les mécanismes de l’Union africaine de lutte contre ce phénomène transfrontalier et dangereux, en intégrant les nouveaux concepts, moyens et ressources d’ordre normatif et opérationnel afin d’améliorer l’action africaine.
Ainsi, cette nouvelle vision est basée sur une série de propositions visant à renforcer les efforts collectifs des Etats africains et les mécanismes de l’Union africaine en matière de lutte contre le terrorisme, à travers notamment :
– la finalisation du deuxième Plan africain de lutte contre le terrorisme qui viendrait remplacer celui adopté par l’Union africaine en 2003, conformément au mémorandum sur les piliers d’une action commune de l’UA contre le fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent soumis par l’Algérie, en sa qualité de coordonnateur de la lutte contre le terrorisme en Afrique, et adopté par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement (Assembly/AU/17/5XXXII).
– L’opérationnalisation du Fonds spécial africain de lutte contre le terrorisme.
– L’activation du Sous-comité de lutte contre le terrorisme relevant du Conseil de paix et de sécurité.
– La mise en place d’une liste africaine des personnes, groupes et entités impliqués dans des actes terroristes, y compris les combattants terroristes étrangers.
– La concrétisation du projet de mandat d’arrêt africain, instrument dont le Conseil de paix et de sécurité a mis en évidence la nécessité lors de sa séance de novembre 2018 consacrée au phénomène terroriste en Afrique.
Avant de conclure, permettez-moi de réitérer l’engagement de mon pays à accompagner l’action de l’Union africaine dans le domaine de la prévention et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent afin de préserver la paix et la stabilité et promouvoir le développement durable de notre continent.
Je vous remercie de votre attention.»
R. N.
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