Ghali à l’UE et Bourita écrasé : la double humiliation du Makhzen à Bruxelles
Par Abdelkader S. – «La participation de la République sahraouie, représentée par son président, Brahim Ghali, au 6e Sommet Union européenne-Union africaine et la prise de parole par ce dernier lors des travaux de la table ronde sur la paix et la sécurité, auxquels participaient de nombreux chefs d’Etat africains et européens constituent une gifle assourdissante et une humiliation cinglante pour le royaume du Maroc qui a multiplié les manœuvres et les pressions pour entraver la participation de la RASD à cet important rendez-vous diplomatique consacré à la mise sur pied d’un nouveau partenariat rénové entre les deux ensembles», a affirmé l’envoyé spécial auprès du ministre des Affaires étrangères pour les pays du Maghreb et le Sahara Occidental. Pour Amar Belani, «cette humiliation est d’autant plus grande que le président Ghali a eu, en marge du Sommet, de nombreux entretiens bilatéraux avec ses pairs, y compris avec le chef du gouvernement espagnol».
C’est avec une rage non contenue que le régime de Rabat a réagi à la présence du président sahraoui à Bruxelles. Des lobbyistes pro-marocains avaient été rabroués sans ménagement par le porte-parole de la Commission des Affaires étrangères de l’Union européenne et le haut-commissaire aux Affaires étrangères, Josep Borrell, qui a rétorqué sur un ton ferme à la lobbyiste pro-marocaine d’extrême-droite Dominique Bilde que le choix des représentants de l’Union africaine au rendez-vous bruxellois revenait en toute souveraineté à l’organisation panafricaine qui a estimé que le patron du Front Polisario devait faire partie de la délégation de chefs d’Etat africains pour cette réunion importante.
L’humiliation du Maroc en Belgique a été double. A la participation du Sahara Occidental à ce rendez-vous sur un pied d’égalité protocolaire et diplomatique avec le Maroc s’est greffée une attitude abaissante du «gamin» de la diplomatie marocaine qui, lors de sa rencontre avec le pensionnaire du Quai d’Orsay, s’est assis sur le bord du fauteuil, tel un élève appliqué, guindé et corseté face à son interlocuteur vautré sur le sien et prenant ses aises. Cette image a soulevé un tollé général sur les réseaux sociaux au Maroc où les internautes, agacés par les maladresses répétitives de leur ministre stagiaire, demandent, pour la énième fois, son limogeage. Un photomontage montrant le chevronné Ramtane Lamamra portant bébé Bourita dans ses bras suscite, d’ailleurs, railleries et sarcasmes.
Jusqu’où le Makhzen s’échinera-t-il à transformer des déconfitures diplomatiques en victoires ? C’est la question que des Marocains sérieux se posent depuis un certain temps, d’autant que l’écrasante majorité des sujets de Mohammed VI ne cachent pas leur opposition aussi bien à la normalisation avec le régime raciste d’Israël que les provocations incessantes qui visent l’Algérie voisine, et qui a valu au Maroc la rupture unilatérale des relations diplomatiques par les autorités algériennes et la fermeture de l’espace aérien aux avions battant pavillon marocain ou immatriculés au Maroc.
A. S.
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