La fin d’un monde
Par Ramdane Hakem – Poutine, probablement malgré lui, est aujourd’hui dans la situation de celui qui porte un nouvel ordre mondial, multipolaire, dépassant l’ordre actuel caractérisé par l’hégémonie des Etats-Unis sur la planète. Cette hégémonie a été terriblement renforcée par l’effondrement de l’URSS. Ils en ont abusé en Yougoslavie, en Irak, en Libye, au Soudan, en Palestine, etc. Leur agressivité envers la Russie est évidente : de la stratégie de containment qui lui est appliquée, je ne citerais que toutes ces bases militaires de l’OTAN encerclant le pays qui a brisé les reins du nazisme.
En fait, il s’agit, à tout prix, pour les Etats-Unis d’empêcher l’Europe de se constituer en pôle de puissance à l’échelle mondiale, ce qu’elle ne manquera pas de devenir si la force militaire de la Russie était associée à la force économique du reste du Vieux Continent. Il n’y a pas longtemps encore, le président français avait considéré que l’OTAN était devenue inutile, en mort cérébrale. Quel meilleur moyen de pousser les Etats européens à se réfugier sous l’aile protectrice de l’Oncle Sam que de réveiller les démons de la menace Russe ?
Ainsi, pour contrôler le monde et l’Europe, le centre impérialiste a besoin de réduire la Russie et, à cette fin, elle doit être affaiblie au maximum et éclatée en plusieurs Etats rivaux. Cette stratégie a fonctionné à merveille contre l’URSS, elle est désormais mise en œuvre contre la Russie. Elle est d’autant plus tentante que la Russie est un pays-continent aux énormes ressources naturelles, à faire saliver les multinationales occidentales.
L’Ukraine, par la faute de ses dirigeants, «démocrates de la NED», est devenue le cheval de Troie des intentions belliqueuses de l’OTAN, c’est-à-dire des Etats-Unis. La Russie, durant plus de vingt ans, a tenté de trouver par la négociation un compromis qui lui permette d’être acceptée en Occident, mais grisés par leur prédominance, les Etats-Unis l’ont traitée de façon humiliante, comme une nation vaincue, faible, à dénucléariser en attendant de l’éclater.
L’invasion de l’Ukraine est injuste, dramatique pour les populations de ce pays, et pour toute l’humanité, mais les Russes ressentent mille fois plus ces souffrances que les Américains. Ces populations sont aussi proches les unes des autres que nous sommes proches des Marocains et des Tunisiens. En entreprenant toutefois cette action, l’armée russe brise l’encerclement de son pays et ouvre au reste de la planète la possibilité d’un monde multipolaire. L’enjeu de ces événements est là : la possibilité de mettre fin à l’ordre mondial injuste actuel unipolaire, un monde dans lequel un pays dicte ses volontés à toute la planète, un pays qui a entrepris un projet d’asservissement des nations sous couvert d’y implanter le modèle «démocratique», mais dont la raison profonde est de permettre aux multinationales d’accéder sans limites aux ressources naturelles bon marché dont elles ont cruellement besoin pour augmenter leurs profits.
Quelle que sera l’issue de cette crise aux dimensions planétaires, il en restera que Moscou s’est élevée contre l’ordre mondial injuste sous hégémonie américaine et, il faut l’espérer, ouvrira encore une fois le chemin du progrès pour tous.
R. H.
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