L’Algérie rappelle son ambassadeur à Madrid et exprime son «étonnement»
Par Karim B. – Algeriepatriotique a appris de sources autorisées que l’ambassadeur d’Algérie en Espagne va être rappelé dès ce samedi soir à Alger pour consultations, suite au dernier revirement du gouvernement espagnol par rapport à la question sahraouie. Les autorités algériennes qui ne s’étaient, jusque-là, pas encore exprimées sur le sujet font ainsi part de leur mécontentement et de leur étonnement, sachant l’excellence des relations qui lient les deux pays, d’autant que l’Algérie a tout fait pour éviter que l’Espagne soit impactée par la non-reconduction du contrat relatif au Gazoduc Maghreb-Europe transitant par le Maroc, en ces temps de grandes tensions sur le gaz en raison de la guerre en Ukraine.
Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a soulevé un tollé général, y compris dans son pays, après avoir déclaré qu’il soutenait le plan d’autonomie que le régime de Rabat veut imposer, en violation des résolutions de l’ONU et de la légalité internationale. De nombreuses voix se sont élevées avec véhémence pour dénoncer une décision qui «ne correspond pas à la société espagnole dans son ensemble», estimant que le chef du gouvernement socialiste «a non seulement rompu le consensus de l’Etat espagnol concernant la neutralité dans ce conflit, mais a également trahi le peuple sahraoui, la société espagnole et son propre parti, en plus de contrevenir à la législation internationale, tout cela, sans tenir compte de l’instabilité que ce changement de posture peut provoquer dans la zone». De son côté, le Parti populaire (PP) a exigé que Sanchez s’explique sur le changement «intolérable» de la position de Madrid sur le Sahara Occidental et la lettre qu’il a adressée au roi du Maroc dans laquelle il soutient l’autonomie du Sahara Occidental proposée par Rabat.
Un changement de position perçu par le Front Polisario comme une soumission au chantage du Makhzen. Une source proche du dossier à Alger considère cette volteface inattendue comme une «seconde trahison de Madrid après le funeste accord de 1975». Le Front Polisario a, pour sa part, par la voix de son délégué en Espagne, estimé que le gouvernement espagnol «essaye constamment de plaire au Maroc, jouant avec une ambiguïté qui ne lui correspond pas en tant qu’administrateur potentiel d’un territoire en attente de décolonisation». Pour le gouvernement sahraoui, «le fait que l’Espagne reconnaisse désormais le plan d’autonomie marocain comme l’option la plus réaliste pour résoudre l’avenir de l’ancienne colonie met en évidence l’hypocrisie de Madrid».
De nombreux observateurs s’interrogent sur les dessous de cette lettre adressée à Mohammed VI, au moment où l’Europe tout entière vit une crise énergétique sans précédent, sachant que l’Algérie est un des principaux fournisseurs de gaz, d’autant qu’un communiqué du groupe pétrolier Sonatrach nous apprend que ce dernier vient de signer un contrat avec son partenaire espagnol. Les autorités espagnoles sont appelées à s’expliquer auprès de leurs interlocuteurs algériens qui viennent de signifier, d’une façon qui ne souffre aucune ambiguïté, leur rejet catégorique de cette attitude inconsidérée de Pedro Sanchez.
Nous y reviendrons.
A. S.
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