Une source diplomatique algérienne : «Faux, Madrid ne nous a pas informés !»
Par Kamel M. – La virevolte de Madrid sur la question du Sahara Occidental a soulevé l’ire légitime de l’Algérie qui y voit une traîtrise, alors que rien n’indiquait que le gouvernement espagnol s’apprêtait à opérer un tel changement brusque qui place l’Espagne dans le camp des pays qui enfreignent les résolutions de l’ONU et violent le droit international. Après le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid, ce samedi soir, une source diplomatique algérienne a chargé le ministre espagnol des Affaires étrangères, qui s’essaye à une gymnastique linguistique par des biais différents en réponse à la réaction du ministère algérien des Affaires étrangères, qui s’est dit «très étonné» par la décision espagnole d’adhérer à la thèse marocaine d’autonomie.
«Le ministre des Affaires étrangères de l’Espagne soutient dans ses déclarations à la presse que ses relations sont fluides avec son homologue algérien et que tous les sujets sont abordés, en laissant accroire que les autorités algériennes auraient été informées de ce revirement honteux de l’Espagne, qui demeure, au regard de la légalité internationale, la puissance administrante de jure du territoire du Sahara Occidental et qui, à ce titre, assume une grande responsabilité morale, politique et diplomatique en tant que membre du groupe des amis du Sahara Occidental aux Nations unies», a indiqué une source diplomatique algérienne à Algeriepatriotique.
«Il s’agit, à l’évidence, d’un mensonge enrobé d’ambiguïté intentionnelle pour tenter de calmer les préoccupations légitimes soulevées par la classe politique espagnole à l’occasion de cette volte-face peu glorieuse qui est synonyme de plate soumission à la capacité de nuisance du Maroc», ajoute notre source, qui fait allusion au chantage marocain par le déversement de milliers de migrants subsahariens et marocains sur le territoire espagnol et à la revendication de la souveraineté marocaine sur les enclaves de Ceuta et Melilla et les Iles Canaries.
«A aucun moment et à quelque niveau que ce soit, les autorités algériennes n’ont été informées de ce vil marchandage conclus avec la puissance occupante marocaine sur le dos du peuple sahraoui», objecte notre source, pour laquelle «cette seconde trahison historique de la cause sahraouie flétrit sérieusement la réputation et la crédibilité de l’Espagne en tant que membre de la communauté internationale, et les gains escomptés par Madrid en ce qui concerne le respect de l’intégrité territoriale de l’Espagne et de sa souveraineté sur Ceuta et Melilla ne seront jamais garantis face à un Makhzen calculateur, cynique, versatile et revanchard et qui n’hésitera pas à recourir, à nouveau, à l’utilisation du chantage de l’immigration clandestine comme instrument de pression», fait savoir notre source diplomatique.
La décision maladroite du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, vient de créer un nouveau foyer de tension dans la région, au moment où la guerre en Ukraine fait peser sur ce pays comme sur tous les autres Etats occidentaux, déjà en situation de précarité énergétique, la menace d’un blocage de secteurs économiques et industriels entiers pour cause de sérieuses perturbations dans les approvisionnements en gaz. L’Algérie, qui a mobilisé tous les moyens en sa possession pour éviter que le voisin du nord ne soit impacté par l’abandon par l’Algérie de l’acheminement du gaz naturel par le gazoduc traversant le Maroc, perçoit le retournement du gouvernement espagnol comme un coup de poignard dans le dos. La France l’a appris à ses dépens, poussant le président Emmanuel Macron à dépêcher son ministre des Affaires étrangères à Alger pour corriger les errements d’un locataire de l’Elysée par trop discoureur et malhabile.
K. M.
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