Rahabi : «Le revirement de l’Espagne va apposer son empreinte durablement sur les relations entre Alger et Madrid»
Par Mohamed K. – «L’Espagne, au prix d’une rupture avec sa position traditionnelle, souscrit aujourd’hui à une assurance du Maroc pour garantir la souveraineté territoriale de Ceuta et Melilla, élevant ainsi le chantage des flux migratoires organisés et de la détresse humaine au rang d’arme diplomatique de choix dans les relations entre les Etats», explique Abdelaziz Rahabi, en estimant que «la dernière déclaration de l’Espagne sur la primauté de l’autonomie sur l’autodétermination constitue une triple rupture dans sa position sur la question sahraouie et dans l’architecture de ses relations avec l’Afrique du Nord».
«En adoptant cette dernière position, l’Espagne, jusque-là écoutée, consultée et respectée par toutes les parties dans la région, fait le choix de perdre son statut historique de pivot dans la recherche d’une solution juste et durable dans le conflit du Sahara [Occidental] pour devenir partie prenante et alignée», fait remarquer l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid, dans une tribune parue dans les colonnes d’El-Watan. Pour lui, l’Espagne «perd ainsi le poids que confère l’histoire et les atouts d’une neutralité active dans une région qui représente, avec l’Amérique latine et l’Europe, un des piliers de son influence internationale».
«La décision du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, autant que le coup de poker de Trump ou l’alignement inconditionnel de la France sur les thèses marocaines ne changeront fondamentalement rien au fond de la situation du Sahara Occidental qui dure depuis 47 ans et dont les perspectives de solution paraissent de plus en plus incertaines car les questions de décolonisation et d’autodétermination des peuples s’inscrivent plus dans le temps historique que dans l’actualité en Europe ou dans les calculs ponctuels de géostratégie», analyse l’ancien ministre de la Communication, qui parle de trois ruptures. Une première qui «représente la fin du consensus social et politique interne», une deuxième intervenue en 2008 lorsque José Luis Rodriguez Zapatero «s’était aligné sur la France, auteur matériel du plan d’autonomie de 2007» et une troisième qui «touche à l’équilibre des intérêts diplomatiques» et qui «va apposer son empreinte durablement et qualitativement sur les relations algéro-espagnoles marquées par la confiance et la considération mutuelles».
M. K.
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