Cette première mesure de rétorsion qu’Alger pourrait prendre contre Madrid
Par Nabil D. – Des sources officielles algériennes ont affirmé à El-Confidencial que l’Algérie pourrait recourir à une première mesure de rétorsion suite au revirement de Pedro Sanchez sur la question sahraouie. Un revirement inattendu et visiblement décidé sans concertation avec les institutions du pays et de la classe politique espagnole. Le journal espagnol fait remarquer que l’Algérie, qui «privilégie l’Italie comme centre névralgique du gaz dans le sud de l’Europe devant l’Espagne», précise, en se référant aux mêmes sources, qu’Alger «maintiendra les accords contractuels signés avec l’Espagne, mais annonce une réponse globale et multiforme à plusieurs niveaux après le changement de position sur le Sahara».
«La colère de l’Algérie envers le gouvernement espagnol est profonde et va au-delà de l’appel aux consultations de son ambassadeur à Madrid, Saïd Moussi, vendredi dernier. Alger remplira ses contrats gaziers avec l’Espagne, mais c’est désormais l’Italie qui est choisie pour approfondir sa relation énergétique avec l’Europe», insiste El-Confidencial, en s’appuyant sur les propos des sources officielles algériennes selon lesquelles Madrid a fait preuve d’un «renoncement à sa position de neutralité dans la question du Sahara Occidental» et d’un «soutien explicite à la perpétuation de l’acte colonial dans ce territoire occupé, qui est hors de la souveraineté marocaine».
«L’Algérie respectera ses engagements [avec l’Espagne] concernant la livraison des quantités contractuelles de gaz pour honorer sa signature, mais ces contrats contiennent des clauses contractuelles qui prévoient la révision périodique des prix en fonction de l’évolution du marché», ont mis en garde les sources algériennes, en précisant que l’Algérie «orientera ses relations vers certains partenaires du sud de l’Europe qui ont investi en Algérie et qui entretiennent d’excellentes relations traditionnelles avec [notre] pays».
En Espagne, élus, journalistes, hommes politiques de tout bord et observateurs avisés s’accordent à dire que le président du gouvernement socialiste s’est fait avoir comme un bleu par le régime monarchique de Rabat. Un ancien correspondant de l’agence de presse espagnole EFE a dit «ne pas comprendre pourquoi l’Espagne a choisi ce contexte de crise énergétique pour opérer ce revirement», en alertant sur les «éventuelles représailles de l’Algérie qui, lors des prochaines renégociations de contrats, pourrait bien privilégier d’autres entreprises du secteur au lieu de Repsol et Cepsa, implantées en Algérie depuis des décennies». Javier Otazu s’est montré persuadé que dans ce deal que Pedro Sanchez a passé avec le régime de Rabat, l’Espagne sera perdante, en ce sens que le Maroc ne reculera jamais sur sa revendication des deux enclaves de Ceuta et Melilla «quel qu’en sera le prix à payer», a-t-il soutenu dans les colonnes du journal espagnol El-Independiente.
Enfin, au Parlement européen, plusieurs députés ont affiché leur «profond rejet de la position adoptée par Pedro Sanchez» car, ont-ils dénoncé dans une lettre à Josep Borell, le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, «nier le droit du peuple sahraoui à décoloniser son territoire, c’est se ranger du côté de l’occupation marocaine brutale et de sa violation systématique des droits de l’Homme».
N. D.
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