En France, on prend les mêmes et on recommence
Une contribution de Mohsen Abdelmoumen – Ce 24 avril dès 20 heures, les chiens de garde se sont mis à aboyer sur toutes les chaînes de télévision françaises, propriétés d’une oligarchie qui sabrait le champagne pour fêter la réélection du candidat à sa propre succession. Il faut dire que le «suspense» était tellement «captivant» ! Hum… Depuis les résultats du premier tour, l’élection présidentielle avait tenu en haleine la France entière qui craignait de voir l’extrême-droite accéder à la fonction suprême. Imaginez Marine Le Pen présidente ! Quelle horreur ! Tous sont montés au créneau pour encourager l’électorat français à «faire barrage à l’extrême-droite», mais personne parmi les nombreux «progressistes» et autres pourfendeurs de l’extrême-droite conviés sur les plateaux de télé n’a soulevé la question du soutien de la France aux néonazis en Ukraine. Pourtant, ce ne sont pas les croix gammées qui manquent dans les tatouages des «braves» soldats ukrainiens.
Oyez, oyez, peuple de France, vous l’aviez dans les gencives dans tous les cas de figure, car Macron-Le Pen, c’est chou-vert et vert-chou. Ils sont tous les deux des instruments du système. Depuis plusieurs années, on voit toujours les mêmes acteurs et on entend le même discours, cela devient lassant. Le pire, c’est que ça marche à tous les coups. Si vous voulez faire élire un candidat, mettez-lui un Le Pen en épouvantail – vous pouvez compter sur la famille Le Pen pour assurer une relève sans faillir, la prochaine étant Marion Maréchal Le Pen – et le bon peuple de France ira voter comme un seul homme pour «contrer l’extrême-droite». Les Le Pen, père, fille et nièce, sont détenteurs du label d’opposants officiels des candidats du système et constituent des lièvres parfaits. Ainsi, Emmanuel Macron, petit banquier des Rothschild et disciple de Jacques Attali, ancien ministre de l’Economie sous François Hollande dit «Brise de mer», est reconduit malgré le fait qu’il traîne derrière lui toute une batterie de casseroles amassées durant son premier mandat – l’affaire Benalla, les Gilets jaunes et toute la répression qu’ils ont subie avec des blessures graves comme des éborgnements ou des mains arrachées, voire même des morts comme dans le cas de la pauvre Zineb Redouane, le scandale de l’affaire McKinsey, les mises en examen, gardes à vue et condamnations de ministres, députés, sénateurs, hauts fonctionnaires de la LREM, etc.
Pour illustrer notre propos, citons par exemple la mise en examen du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti pour différentes affaires : prise illégale d’intérêts, abus de pouvoir, recel et complicité de fraude, règlement de comptes envers une magistrate, omission de déclaration de revenus 2019 pour un montant de 300 000 euros. Le ministère a d’ailleurs été perquisitionné. Cela fait toujours son petit effet, une perquisition au ministère de la Justice. Agnès Buzyn, ministre de la Santé jusqu’en 2019, a, elle aussi, été mise en examen pour «mise en danger de la vie d’autrui». Mise en examen aussi de Thierry Solère, député LREM et conseiller de Macron, pour fraude fiscale, emploi fictif et financement illicite de dépenses électorales, suspecté d’avoir détourné 167 000 € de frais de mandat pour des dépenses sans lien avec son activité parlementaire, soupçons de fraude fiscale, manquements aux obligations déclaratives à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HAPTV), détournement de fonds publics par dépositaire de l’autorité publique et recel, recel de violation du secret professionnel, trafic d’influence et recel […] abus de biens sociaux et recel, abus de confiance et recel, financement illicite de dépenses électorales, détournement de la finalité de fichiers nominatifs. Autre mise en examen : Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires (mai 2017-juin 2017) puis président du groupe LREM à l’Assemblée nationale et président de l’Assemblée en septembre 2018, accusé de prise illégale d’intérêts dans le cadre de l’affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne. En voilà quatre, mais il y en a bien d’autres. En fait, il serait plus aisé de citer ceux qui ne sont pas poursuivis en justice, car il semble que tout le monde ou presque ait mis la main dans le pot de confiture.
Nous voyons un système politique moribond, à bout de souffle, qui n’arrive pas de se régénérer. Cependant, les électeurs sont responsables de leur sort, car ce sont eux qui votent pour leurs bourreaux. Le système met les chaînes en place et les peuples les consolident. Pauvres peuples manipulés et ravagés «démocratiquement»… Car qui peut croire encore à une prétendue «démocratie» vide de sens qui ruine le pouvoir d’achat et qui tue ? A quoi cela sert-il encore de voter ? Cette bonne blague du suffrage universel a atteint sa date de péremption et il faut trouver d’autres moyens de choisir ceux qui gouvernent. La défaite des peuples est totale face à cette oligarchie qui est propriétaire de la vie des peuples aliénés après avoir cassé les mouvements syndicaux et les partis politiques qui encadraient les luttes populaires. L’oligarchie a arraché les griffes de la résistance, pièce par pièce, et a effectué un travail de sape en semant le chaos théorisé par leurs maîtres banquiers et marchands d’armes.
L’élection est terminée, le président, exalté par sa victoire, a fait un petit discours pour la populace en assurant qu’il va servir à nouveau. Servir ou «se servir» ? Voilà un type issu de la classe moyenne qui a profité des acquis sociaux que la vraie gauche de jadis et les résistants ont mis en place qui devient président grâce à ses maîtres marionnettistes, tapis dans l’ombre, qui l’ont fabriqué de toutes pièces alors qu’il n’avait absolument aucune prédisposition à assumer une telle fonction. Aujourd’hui, Jupiter, ou Astérix, règne à nouveau sur les Gaulois dont certains ont montré leur bonheur avec un hymne à la joie, alors qu’à quelques kilomètres, l’Europe moribonde assujettie à l’impérialisme américain et à l’OTAN soutient ouvertement et arme des néonazis, au risque de plonger ses populations dans un marasme profond.
La victoire à la Pyrrhus de Macron-Jupiter le fait ressembler à un Sisyphe, sauf que c’est le peuple de France qui poussera la pierre. Les intermittents du spectacle comme Méluche ou la Le Pen, rejoints par un «olivier» Zemmour, ont joué leur rôle en faisant croire aux Français qu’ils pouvaient représenter une alternative. Quelle plaisanterie ! Les peuples ont la mémoire courte, ils ont oublié que Mélenchon est un ancien ministre de Mitterrand qui se découvre sur le tard des talents de révolutionnaire du troisième âge ou de la 25e heure et qui gouvernera avec Macron après les législatives. On appellera cela «la cohabitation de l’oligarchie».
Tout le monde a festoyé et mangé les petits fours, et les bouteilles de champagne se sont vidées. Mais au fait, qu’est-ce qu’ils ont fêté ? L’inflation et la précarité ? la casse sociale ? ou plutôt les guerres capitalistes qui servent les intérêts d’une minorité oligarchique criminelle, une voyoucratie qui détient le pouvoir ?
Pendant ce temps, la vraie résistance à l’empire et à ses desseins macabres continue la lutte pour les causes justes et malgré l’acharnement des forces de l’ombre pour l’anéantir, elle poursuivra son combat pour un monde meilleur débarrassé de toutes les reliques capitalistes et colonialistes. Mettons tous ces débris à la poubelle et commençons la reconstruction du monde de demain, basé non pas sur le profit mais sur la justice sociale.
M. A.
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