Revente de gaz au Maroc : Madrid cède face à la sérieuse mise en garde d’Alger
Par Houari A. – Le gouvernement espagnol a demandé à Enagas de mettre en place un système de traçabilité pour définir l’origine du gaz revendu au Maroc. Cette mesure est une réponse de Madrid aux menaces lancées par l’Algérie au lendemain de l’annonce par la ministre espagnole en charge du secteur énergétique d’utiliser le gazoduc Maghreb-Europe (GME) en flux inverse pour approvisionner le voisin de l’Ouest. Selon El-Periodico de la Energia qui rapporte l’information, les responsables espagnols travaillent depuis plusieurs jours sur la nouvelle procédure dont Madrid espère que les autorités algériennes seront satisfaites.
Par cette démarche, explique le magazine espagnol spécialisé, qui se réfère à une source au sein de la firme, le gouvernement Sanchez veut offrir des garanties à l’Algérie qui a exigé que son gaz ne soit pas réacheminé vers le Maroc, faute de quoi il serait procédé à la rupture immédiate du contrat gazier qui la lie à l’Espagne, selon un communiqué du ministère de l’Energie, au lendemain du courriel qu’avait adressé Teresa Ribera Rodriguez à son homologue algérien, lui faisant part de la décision de son pays de réactiver la partie du pipeline qui traverse l’Espagne. Dans son message électronique, la ministre espagnole a parlé d’une simple «autorisation» de «fonctionnement en flux inverse» du GME. Il ne serait donc pas question de revendre du gaz algérien au Maroc, dont la ministre de la Transition écologique, Leila Benali, expliquait, de son côté, que le royaume comptait s’approvisionner auprès du Qatar, en affirmant que «c’est la première fois que le Maroc entre dans le marché gazier du Golfe».
A la question de savoir si le gouvernement Sanchez pourrait effectivement fournir du gaz algérien au Maroc, des sources autorisées avaient assuré à Algeriepatriotique qu’«il n’osera pas». Cependant, avaient précisé nos sources, l’Espagne est libre de faire l’usage qu’elle veut de la partie de la conduite de gaz qui traverse son territoire, conformément à l’accord tripartite relatif à la mise en place de ce moyen de transport dont la construction s’est achevée en 1996. «Pour l’Algérie, la ligne rouge serait la livraison du gaz algérien au Maroc», avaient souligné nos sources, en faisant remarquer que ce dernier importera du GNL au prix fort, sans compter les frais de transport et ceux, élevés, induits par la regazéification dans les stations espagnoles.
Nos sources avaient, enfin, souligné que le communiqué du ministère de l’Energie était un «très sérieux coup de semonce», ce qui signifie que l’Algérie surveillera «de près» la destination de son gaz.
H. A.
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